Faites-vous partie du public raisonnable?

Marc Bellemare
2015-01-06 11:15:00

Au cœur du débat se trouve l’article 515 (10) c du Code criminel qui stipule qu’un accusé doit être maintenu en détention si celle-ci est « nécessaire pour ne pas miner la confiance du public envers l’administration de la justice (…) ».
La Cour d’appel a rejeté l’argument voulant que Turcotte ait été remis en liberté sur la base du mauvais critère, soit celui de « l’avocat raisonnable » plutôt que celui du « public raisonnable ». Ensuite, elle refusait de voir dans les 21 articles de journaux déposés en preuve l’expression d’un public en rupture avec le système judiciaire, indigné et atterré par cette remise en liberté.
Deux questions méritent certainement d’être posées à la Cour suprême : est-ce que le public dont on parle ici se limite aux juges, aux avocats et aux professeurs de droit plutôt qu’au public moyen observant le système de justice de façon intéressée ?
Le citoyen ordinaire doit-il lire le dossier judiciaire au complet, écouter les témoignages et les plaidoiries, bien connaître le droit criminel et la jurisprudence pertinente pour faire partie du public « informé » ? Si tel est le cas, qu’on le dise clairement et qu’on modifie le Code criminel en conséquence. On ne s’en remettra plus au public comme chacun l’entend, mais bien à une poignée de personnes, aux avocats (de l’accusé seulement), aux recherchistes et aux juges chargés de disposer de l’affaire.
D’autre part, comment mesurer la confiance du public sans référer à ce que dit et ce qu’écrit ce même public ?
Sans commenter en détail les 21 coupures de journaux reflétant l’indignation de la population, la Cour d’appel les estime « (…) plus ou moins mesurées, plus ou moins superficielles. » Il est permis de se demander comment on peut faire partie du public informé en 2015 sans s’inspirer, en partie du moins, des divers comptes rendus de la presse judiciaire.
Le jugement de principe de la Cour suprême en matière de remise en liberté, R. c. Hall, a été rendu en 2002. A 5 juges contre 4, elle avait refusé de remettre en liberté David Scott Hall en attendant son procès pour le meurtre de la conjointe de son cousin au moyen de 37 coups de couteau. Au nom de la majorité, la juge en chef McLachlin invoquait « la grande inquiétude qui régnait dans la collectivité » de même que « le fait que l’accusation était fondée, ainsi que la gravité et l’horreur du crime commis (…) »
A l’exception de la juge en chef McLachlin qui est toujours en poste, les huit autres juges ayant occupé dans l’affaire Hall ont été remplacés depuis 2002. Nous croyons que la pertinence de la remise en liberté de Guy Turcotte mérite d’être soumise à cette cour renouvelée. Comme dans l’affaire Hall, l’accusation de meurtre est fondée, Turcotte ayant même admis avoir tué ses enfants tout en s’en remettant à sa condition mentale. Comme dans l’affaire Hall, une grande inquiétude règne dans la collectivité.
Comme dans l’affaire Hall, Guy Turcotte avait rendez-vous avec l’horreur le soir du 20 février 2009 lorsqu’il a tué ses enfants Olivier et Anne-Sophie.
François Maupetit
il y a 10 ansJe suis d'accord avec Me Marc Bellemare, le DPCP doit demander à la Cour suprême du Canada de regarder ce dossier. En effet, la confiance du public envers la justice a été grandement ébranlée lorsque la Cour d'appel a décidé de remettre Guy Turcotte en liberté en attendant son nouveau procès. Guy Turcotte a avoué avoir cruellement tué ses deux jeunes enfants. La Commission d'examen des troubles mentaux avait aussi jugé qu'il représentait toujours un risque pour la société avant de le libérer. Il est donc inconcevable pour les Québécois que ce dernier puisse profiter de sa liberté en attendant d'être jugé pour le meurtre de ses enfants, et en étant considéré comme une personne à risque pour la société.
DSG
il y a 10 ansFirstly I would to commend Marc Bellemare for his continued good work and for trying to take a stand against Jean Charest and his gang of corrupt thugs. Know that some of us heard his message and we appreciate his efforts to bring down the rotten regime.
As for the Guy Turcotte, no matter what happens at this point the public perception of the justice system and its condescending judges (who in both instances ruled that public perception should have no bearing on their decision) is irreparably destroyed.
Anonyme
il y a 10 ans«Le 3 décembre dernier, la Cour d’appel confirmait le droit de l’accusé du double meurtre de ses enfants de vivre librement en attendant son procès.» Dès le départ, cette affirmation n'est pas exacte. Le reste est à l'avenant.
Anonyme
il y a 10 ansAu moment d'adopter la disposition législative en cause, le législateur savait très bien que le public ordinaire est une guenille maléable à souhait, à la merci de médias n'ayant aucun scrupules à verser dans la surenchère sensassionaliste.
S'il fallait considérer ce public la disposition ne trouverait jamais application. Ainsi, suivant l'adage voulant que "le législateur ne parle pas pour ne rien dire" (un sujet de débat en soit...), il faut donc que le public dont il est question soit un public restreint, informé, éduqué, et brainwashé aux valeurs du plateau.
Anonyme
il y a 10 ansJ'ai entendu beaucoup de conneries à propos du plateau, mais je crois que celle-là c'est la meilleure. Vraiment aucun rapport. Vous savez ce qui est fantastique avec le plateau, c'est que personne n'est obligé d'y vivre ou même d'y mettre les pieds. Les valeurs du plateau n'existent évidemment pas. Il s'agit d'un quartier comme les autres où chacun peut penser comme il veut. Je ne sais même pas pourquoi j'écris ce commentaire. Le vôtre est tellement insignifiant.
Dave Drolet
il y a 10 ans"A l’exception de la juge en chef McLachlin qui est toujours en poste, les huit autres juges ayant occupé dans l’affaire Hall ont été remplacés depuis 2002. Nous croyons que la pertinence de la remise en liberté de Guy Turcotte mérite d’être soumise à cette cour renouvelée."
Donc, pour être clair, Me Bellemare suggère que lorsque la plupart des juges de la Cour Suprême ont été remplacés, on ne devrait plus tenir compte d'une décision antérieure de cette cour et soumettre à nouveau les mêmes débats... Édifiant.
Je me vois faire ça la prochaine fois dans un de mes procès : "Objection, monsieur le Juge ! Le DPCP dépose un arrêt de la CSC dans lequel tous les juges sauf la juge McLachlin ont été depuis remplacés !"
Vous comprendrez que je ne pense pas que cela impressionnera les tribunaux...
Par ailleurs, je croyais que l'arrêt de principe en matière de remise en liberté (donc, en rapport avec l'article 515 (10) en général) était plutôt R. c. Rondeau de la Cour d'appel du Québec. L'affaire Hall, quant à elle, s'était plutôt prononcée uniquement sur la constitutionnalité du libellé de 515 (10) c) (donc, sur une partie de l'article qui gère la remise en liberté et non sur le principe dans son ensemble, comme le sous-entend Me Bellemare).
Comme la partie "pour ne pas miner la confiance du public" n'a pas été invalidée par la CSC (Alors que la partie "pour autre juste cause", elle a été invalidée.), la décision de 1re instance pouvait être maintenue. Me Bellemare a ici accordé une portée bien plus grande à l'affaire Hall que la réalité.
En conséquence, Me Bellemare, dans son article, fait exactement ce que les 21 coupures de journaux déposées par le DPCP devant la Cour d'Appel dans l'affaire Turcotte font : de la désinformation. Comme la justement rappelé la Cour d'Appel, il est dangereux de s'en tenir à cela pour évaluer la "confiance du public" et le critère du "public raisonnable".
Morale de l'histoire : Me Bellemare est un avocat émérite dans son domaine, ce qui en soi commande le respect. Mais ce domaine n'est pas le Droit Criminel et Pénal.
À bon entendeur, salut.
DP
il y a 10 ansJe sais que je ne me fera pas d'ami mais on va quand même pas décider de la liberté ou l'emprisonnement d'un individu selon sa capacité d'avoir ou non réussi à monopoliser les titres des journaux et l'opinion publique. La réalité est ceci: il a eu un premier procès, 12 concitoyens on cru en sa folie et il a été libéré par la suite. On va reprendre le procès : parfais. Mais entre-temps les gens les plus informé sur sont cas ce sont les 12 qui l'on cru fou après avoir écouté son histoire pendant 4 sem. Alors oui, je pense (et je ne suis pas avocats) que de le retourner en prison minerait ma confiance en la justice parce que ça aurait comme impact que la couronne et la police pourraient maintenir en prison une personne pendant de longues années (l'attentes des procès) en utilisant la tactique à l'anti-Turcotte : c.à-d.: la police perd ses procès mais fais invalider en appel et ainsi tu retournes un autre 2 ans en prison pas-lol .