Laissons la justice suivre son cours

Nicolas Plourde
2012-11-07 13:15:00

L’observation absolue de ces principes n’est pas une mince tâche. Rien n’est parfait, pas même la justice. Le but est de tendre vers un idéal à atteindre. C’est pourquoi une institution comme le Barreau du Québec intervient régulièrement pour s’assurer que ces principes soient respectés. Dans le cadre d’une société fondée sur la primauté du droit comme règle de fonctionnement, l’individu a des droits connus et définis, et il est protégé par le droit contre l’arbitraire. L’arbitraire étant à l’opposé de la primauté du droit. Pourtant, de plus en plus, je vois l’arbitraire poindre à l’horizon. On critique un jugement sans avoir vu toute la preuve ou sans connaître les règles de droit qui la sous-tendent, on malmène les juges qui rendent des décisions, les parties et leurs avocats, on condamne sans attendre le verdict et on exige de nouvelles lois « minute » pour régler des problèmes complexes.
C’est un peu comme si on souhaitait un État de droit à géométrie variable, où pour telle ou telle personne, la règle s’appliquerait, et pour d’autres, non. Pourtant, le principe est clair : on ne peut contourner les lois sans craindre les sanctions applicables, tout comme on ne peut faire fi d’un jugement sans en subir les conséquences. La situation nous mécontente ? Les tribunaux existent pour faire valoir nos droits et si un jugement paraît injuste ou erroné, il existe des recours en appel ou en révision judiciaire pour garantir aux citoyens une justice de qualité. Élus, médias, membres de la profession, citoyens, nous avons tous une responsabilité à l’égard de nos institutions. Une responsabilité d’imputabilité et de probité morale qui va de pair avec le respect des lois et de l’autorité des tribunaux. Nous devons laisser la justice suivre son cours. Laisser la commission Charbonneau remplir son mandat et éclairer nos futurs choix de société. Ne pas confondre une commission d’enquête avec un tribunal. Éviter que la pression de l’opinion publique se substitue au jugement des tribunaux. Attendre que ceux-ci rendent leurs jugements et laisser les parties décider ou non de les porter en appel. Plus que jamais, la justice, malgré le cynisme ambiant, a besoin de sérénité et de considération pour bien faire son travail. Voyons-y!
Anonyme
il y a 12 ansMerci Monsieur le Bätonnier de rappeler tout le monde à l'ordre, y compris les membres de notre profession. Si les étudiants ne comprennent pas vos propos, ils peuvent consulter leurs avocats pour se les faire expliquer. Je présume que tous nos confrères les comprennent. Quant aux élus, aux médias et aux citoyens en général,vous avez clairement énoncé le principe: '' on ne peut contourner les lois sans craindre les sanctions applicables.''
Isabelle
il y a 12 ansVotre lettre est bien vague quant à l'identité du "on" que vous rappelez à l'ordre. Je dois donc m'en tenir à des généralités.
La primauté du droit ne tombe pas du ciel, n'existe pas en elle-même et pour elle-même.
Elle est indissociable de la démocratie et d'une de ses conditions essentielles, soit la liberté d'expression.
Bien d'accord à ce qu'on tempère ses ardeurs à présumer de la partialité d'un juge ou de condamner les gens avant qu'ils soient jugés. Mais est-il encore permis aux commentateurs et aux citoyens de critiquer et commenter une décision et l'action des parties en cause? J'ose l'espérer !
Et Dieu merci, des juristes s'invitent dans le débat "populaire" pour y introduire des principes du droit. Tant les explications "objectives" que les points de vue et opinions motivées sont utiles et servent à instruire les citoyens, médias et .. politiciens.
Franchement, l'attention donnée aux questions de droit ces derniers temps a plutôt l'heure de me réjouir. (Faut-il en donner le crédit au lockout de la LNH?) Blague à part, je souhaite que les membres du Barreau ne comprennent pas de votre lettre une invitation à rester en dehors des échanges. Dans le contexte, c'est bien la dernière chose dont le droit a besoin !