Comment devenir prof ?

Pierre Arcand
2011-09-19 08:30:00
Je n'ai qu'un peu plus d'un an de pratique dans un grand cabinet, mais je doute déjà que ce soit ma vocation. En fait, je pense de plus en plus reprendre les études dans le but de devenir professeur en droit. Les secteurs qui m'intéressent le plus sont le droit criminel, pénal et international. Je crois que mes forces sont la recherche et la rédaction et j'ai besoin d'un peu plus de "liberté" et de "projets" que la pratique en cabinet privé peut offrir.
Comment faire pour devenir professeur de droit à l'université? Est-ce réaliste? Combien je peux m'attendre à gagner par année ?
Réponse
Cher lecteur,
C’est question intéressante pour laquelle j’ai eu à consulter un bon ami qui est passé par là car les universités ne font pas souvent affaire avec les recruteurs pour des postes d’enseignants.
Le processus peut varier d’une université à l’autre mais dans la plupart des cas il faut être détenteur d’un doctorat ou sur le point de le devenir. Il peut y avoir des exceptions pour un candidat qui serait une sommité dans un secteur mais c’est plutôt rare. Il faudrait que le candidat ait rédigé de la doctrine de référence, qu’il ait acquis une certaine notoriété et que cette notoriété soit reconnue dans les cercles académiques ce qui est loin d’être évident.
En d’autres mots, si c’est votre objectif il vous faut vous attendre à retourner aux études pour plusieurs années.

Combien ça gagne un professeur en droit ? Encore là, il y a d’importantes variations d’une université à l’autre mais ça se situe habituellement entre 60,000$ et 120,000$. Il y aurait des primes versées de différentes façons afin de contourner l’échelle salariale établie mais ce ne sont jamais des montants astronomiques. À ma grande surprise, j’ai appris que certains professeurs sont également associés en pratique privée mais j’ignore quel est leur niveau de participation n’y combien cela leur rapporte. On m’informe qu’habituellement ce ne serait que des participations ponctuelles dans des dossiers spécifiques nécessitant des recherches approfondies.
Ceci étant dit, si vous parvenez à vos fins, vous aurez effectivement plus de liberté dans votre agenda et aurez du temps pour des projets de recherches, rédactions ou autres. Cependant cette liberté n’est pas synonyme d’oisiveté car les enseignants travaillent fort. Il s’agit cependant d’un rythme de travail très différent de la pratique privée.
J’espère que ma réponse vous aidera dans votre cheminement et je vous souhaite une belle semaine.
Pierre Arcand
La Question au Recruteur
Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.
La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes en autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.
Sur l'auteur
Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
Me(e)
il y a 13 ansDans certaines universités, on permet aux étudiants à la maîtrise d'offrir une charge de cours. Ceci peut être un excellent départ dans ce domaine. Également, je suggère d'aller vers les Cégeps. Certains programmes offrent des cours en droit (notamment techniques juridiques). Ça donne une certaine expérience en enseignement et ça vous donnera une idéedu métier, avant d'entreprendre de longues études doctorales. Pour les Cégeps, un bacc en droit suffit souvent.
Bon courage!
Michel MORIN
il y a 13 ansMe Arcand fait un excellent exposé du cheminement à emprunter pour devenir professeur. J'ajouterais que pour ceux qui ont obtenu une moyenne cumulative d'au moins B+ pour leurs études de premier ou de deuxième cycle, il est possible d'obtenir des bourses annuelles dont le montant varie selon les organismes subventionnaires tels que le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) ou le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC). De mémoire les montants oscillent entre 20 000 $ et 35 000 $ par année. Par contre, il faut présenter sa demande une année à l'avance...
À l'époque où j'étais vice-doyen je me désolais du faible nombre de candidatures pour les bourses de maîtrise.
De toute manière, je vous souhaite à toutes et à tous une carrière fructueuse et passionnante, que ce soit dans le secteur public, dans le secteur privé ou à l'université.
Michel Morin
Avocat
il y a 13 ansSi t'es dans un grand cabinet et que le pénal et le criminel t'intéressent, peut-être serait-il opportun d'en faire pendant au moins une année avant de songer à devenir professeur dans ces domaines... (Je dis ça en présumant que tu n'en fais pas dans un grand cabinet).
Un prof de droit criminel qui n'a jamais plaidé un procès devant jury devrait avoir honte d'enseigner dans ce domaine.
...
il y a 13 ansMon professeur de droit pénal n'est pas avocat et n'a jamais plaidé.
Il n'en demeure pas moins une référence et plusieurs juristes font appel à ses services pour avoir ses précieux conseils.
Même sans faire appel à ses conseil, il y a fort à parier qu'une majeure partie des avocats de la couronne ET de la défense utilisent régulièrement ses ouvrages qui inspirent souvent les juges de la cour suprême.
Post-doctorant de Harvard, je vous assure qu'il n'a absolument pas honte d'enseigner dans son domaine et à bon droit, car il a gagné le prix d'excellence professorale de la faculté en 2008.
Je ne crois donc pas que la pratique soit absolument nécessaire pour pouvoir enseigner tout en gardant la tête haute et il faut faire confiance à ses passions... Elles peuvent mener plus loin que vous pensez.