Quelle université choisir ?

Pierre Arcand
2013-08-19 14:30:00
Bonjour Me Arcand,
Je souhaite étudier dans le domaine juridique, seulement, avec les demandes universitaires qui s'en viennent, je me demande quelle université choisir. Je devine une partie de votre réponse concernant la subjectivité de ma question, alors je m'explique.
Je demeure en banlieue de Montréal et je suis au CÉGEP. J'hésite entre l'UdeM et le programme COOP de Sherbrooke qui propose d'alterner des sessions de cours à des sessions de stages rémunérés pour accumuler, à la fin du BAC, l'équivalent d'une année d'expérience dans le domaine. Est-ce un atout assez important pour envisager les sacrifices et les compromis du déménagement pour 3 ans?
Je vous remercie de l'intérêt que vous porterez à mon message
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Réponse
Cher lecteur,

1- Vos chances d’être admis : Avant de vous poser mille et une questions existentielles, commencez par faire vos demandes d’admission et en fonction des réponses obtenues, vous pourrez débuter votre réflexion. Vous souhaitez étudier dans le domaine juridique alors maximiser vos chances de pouvoir le faire en faisant une demande d’admission dans chacun des programmes universitaires. Vous envisagez déjà la possibilité de vous expatrier hors du grand Montréal alors tant qu’à appliquer à Sherbrooke, faites le aussi pour Laval et Ottawa. Vous devriez inclure l’UQAM dans vos options.
2- Le type de droit que vous désirez pratiquer : Bien que ce soit de moins en moins vrai, si vous désirez éventuellement pratiquer en droit international ou joindre les rangs d’un grand cabinet de Montréal, vos chances seront probablement meilleures si vous étudier à l’Université de Montréal ou à McGill. Pourquoi ? Parce que, encore aujourd’hui, les avocats évoluant dans ces marchés sont majoritairement issus de ces universités et par conséquent ils ont un préjugé favorable pour les étudiants ayant emprunté le même parcours qu’eux. Est-ce justifié ? À mon avis non mais on ne peut changer la nature de l’homme. Ceci étant dit, j’ai sciemment utilisé l’expression vos chances seront probablement meilleures car si vous sortez de l’UQAM, Sherbrooke, Laval ou Ottawa avec un dossier académique exemplaire, vous aurez votre part d’invitation.
3- Les risques de changer d’orientation : En réponse au point précédant, beaucoup me diront qu’ils n’ont aucune idée du type de droit qu’ils veulent pratiquer ce qui est tout à fait normal. En plus, un bon nombre d’étudiants abandonneront avant l’obtention de leur diplôme et d’autres vont changer diamétralement d’orientation quant à leur pratique future. Il faut donc tenir compte de cela lors de votre choix en favorisant le programme qui vous donne le plus d’options. Plus d’options en fonction de votre type de pratique future mais aussi plus d’options afin que vos cours suivis vous soient crédités si vous vous redirigez vers un autre programme ou même une autre université. C’est certain que si vous décidez de faire le saut au conservatoire, vous n’aurez aucun crédit mais si vous désirez faire le saut en administration, il est possible que vous n’ayez pas perdu entièrement votre temps pendant votre passage en droit. Je vous conseille donc de vous renseigner sur les politiques de l’université en regard des changements de programme. L’idée, dans le fond, est de se garder un maximum de portes ouvertes.
4- Vos forces et faiblesses : Toujours dans l’optique de vous garder un maximum de portes ouvertes, il est essentiel que vous vous bâtissiez un dossier académique de qualité. Pour ce faire, il ne suffit pas toujours de travailler fort. L’effort est indispensable mais il sera moins efficace s’il n’est pas fourni dans un environnement propice au succès. Le mode d’évaluation en vigueur dans chaque université aura un impact important sur vos résultats académiques. Par exemple, l’Université de Montréal favorise fréquemment une évaluation composée de seulement un ou deux examens. Ceci a pour conséquences qu’un examen de trois heures comptant pour 100% de la session favorise les étudiants gérant bien le stress, organisés et capables d’écrire rapidement et ce, indépendamment de leur quotient intellectuel.
Il s’agit un peu d’un sprint. D’un autre côté, l’UQAM met plus fréquemment de l’avant le concept de travaux de session qui, en plus d’être plus formatifs qu’un examen de trois heures, permettent aux coureurs de marathon de tirer leur épingle du jeu. Je vous suggère donc de vous posez la question suivante : êtes-vous un sprinteur ou un marathonien ?
J’espère que ces quelques points pourront vous aider. Je sais que je ne réponds pas vraiment à votre question par rapport au programme COOP de l’université de Sherbrooke. La raison est que je ne le connais pas très bien. Sous réserve justement du fait que je ne le connaisse pas très bien, je n’ai pas l’impression qu’il ouvre vraiment des portes bien qu’il soit certainement très formateur. J’invite par ailleurs les lecteurs plus informés à parfaire mon éducation dans ce domaine.
Sur ce, je vous souhaite une bonne semaine.
La Question au recruteur
Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.
La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.