Des planches au palais
Louise Proulx
2013-03-11 15:00:00
Il y est arrivé, mais beaucoup plus tard ; c'est qu'il avait laissé ce rêve vagabonder loin de son esprit pendant plusieurs années. Puis, un beau matin, son médecin lui annonce un cancer de l'estomac. Ce coup de poing du destin allait changer le cours de sa vie.
« C'est sur mon fauteuil de chimiothérapie que j'ai décidé de foncer », dit le comédien qu'on peut voir cette semaine donner la réplique à Marc Labrèche et Anne Dorval dans la dernière émission des Bobos à Télé-Québec.
Quand, en 2008, il s’inscrit en droit à l’Université de Montréal, il n’a plus un cheveux sur la tête: En juillet dernier, à 47 ans, c'est guéri et sans regret qu'il a été assermenté par le Barreau du Québec.
Il a choisi de pratiquer en droit criminel pour la défense plutôt que pour la couronne afin de pouvoir conserver sa liberté d'action. Également diplômé de HEC Montréal, on l'encourageait pourtant à choisir le droit des affaires.
« Le droit commercial, ça ne m'intéresse pas, ça fait 20 ans que j'en voie des chiffres, j'ai besoin d'utiliser mon cerveau à autre chose », affirme le nouvel associé du cabinet Brouillette, Richard, Piché, Yanakis, de Terrebonne, auxquels noms s'ajoutera bientôt celui de Bissonnette.
« En droit criminel, on est des plaideurs, je plaide tout le temps, et mon coffre à outils d'acteur me sert dans mes plaidoiries », raconte Me Bissonnette, qui avoue avoir ressenti un trac, lors de ses premières expériences à la Cour, qui ressemble à celui de l'acteur.
Comme au théâtre, l'avocat doit s'exprimer clairement, être groundé et convaincant, souligne -t-il.
« De la même façon que l'acteur cherche la vérité, l'avocat doit également être le plus sincère et vrai possible dans son argumentation et se méfier des " effets de toge " », affirme le jeune avocat, qui retire un plaisir particulier à trouver « l'argument, la faille qui fera basculer le jugement ».
Ce que fait l'avocat est l'inverse d'un show, soutient Me Bissonnette. Contrairement à l'acteur qui défend son personnage, l'avocat défend de vraies personnes, et son travail aura de réelles conséquences sur la vie de ses clients.
Quand le temps lui permet, Me Bissonnette accepte encore de jouer la comédie. Il confesse toutefois qu'il n'accepterait plus n'importe quel rôle. Jouer un avocat ? D'accord, mais pas un avocat véreux, car il ne voudrait surtout pas dénigrer sa profession. Il aurait du mal également à jouer les criminels.
Il affirme que paraître à la télévision de temps à autre lui donne une certaine notoriété comme avocat.
« Comme on m'a vu à la télévision, on a tendance à me faire confiance! »
L'homme aux multiples compétences n'entend pas abandonner ce qu'il a construit au fil du temps et croit possible de mener de front ses différents métiers. Il a même ajouté un nouvel élément à sa liste de chose à réaliser: il aimerait éventuellement élaborer son propre service de formation pour les avocats.
Mais, pour le moment, son cœur est au droit criminel et au désir de travailler pour que justice soit rendue...
On peut voir Sylvain Bissonnette, le comédien, dans les Bobos. Visionnez l'extrait en vidéo...