La vie la vie après les grands cabinets
Daphnée Hacker-B.
2013-02-25 15:00:00
Ces trois pères de famille, dans la fin trentaine, ont passé la majorité de leur carrière dans de grands bureaux, pour finalement décider de partir seuls sur le marché du droit. L’un à son compte, les deux autres dans un petit cabinet qu’ils ont mis sur pied, aucun ne regrette son choix.
Ils ne profitent peut-être plus du prestige qui accompagne parfois un poste dans un cabinet de renommée, mais la réussite de leurs entreprises respectives compense amplement.
Un service moins coûteux et de proximité
« Nous ne sommes peut-être plus dans un grand cabinet, mais nous travaillons tout aussi fort! » lance Me Frédéric Dionne, ancien de Stikeman et Osler qui a fondé le cabinet Blue HF en 2005, une firme spécialisée en droit des affaires.
Dans la salle de réunion ensoleillée du petit cabinet, rue Notre-Dame, Me Dionne relate son histoire en compagnie de son associé Me Julien Saulgrain. D’origine française, ce dernier a quitté McCarthy en 2010 pour se joindre à Blue HF..
« La particularité d’un petit cabinet comme le nôtre réside dans le modèle d’affaires : nous facturons des taux plus bas, comparables au prix d’un junior dans un grand bureau, alors que mes associés et moi avons plus de 15 ans d’expérience », poursuit celui dont la clientèle effectue des transactions de 10 millions et moins.
Un taux horaire plus raisonnable est un facteur qui aide à la pratique solo, soutient Me Sébastien Demers, mais la proximité avec le client joue aussi beaucoup dans la balance.
Me Demers, qui a travaillé durant une dizaine d’années chez Gowlings en droit de la construction, a pour sa part démissionné en 2009 pour fonder AVGECO, un cabinet multidisciplinaire qu’il administre seul. Il offre des services en droit commercial et de la construction en plus d’un volet de conseil et de gestion de contrats pour les entreprises qui veulent s’implanter ici.
Entrepreneurs dans l’âme
« La raison principale de mon départ? J’avais besoin de flexibilité », tranche Me Demers.
En plus d’être avocat, il est aussi vice-président de son entreprise familiale de construction, Isotex-Pro International, située à Québec. Il a toujours été difficile de conjuguer la vie en cabinet et son travail de manufacturier, raconte l’homme de 38 ans.
Maître de son temps et de son agenda, il peut maintenant servir les intérêts de sa compagnie et ceux de ses clients.
Servir les intérêts de ses fidèles clients, c’est d’ailleurs ce qui a motivé Frédéric Dionne à lancer sa boîte. « Je n’avais pas l’intention de monter un cabinet, mais j’ai reçu quelques coups de fils d’anciens clients ». Celui qui avait quitté Osler pour se consacrer à la gestion de fonds d’investissement a alors senti une occasion d’affaires.
Rapidement, il convainc une ancienne collègue, Me Sylvie Bordet, de s’associer à lui. Blue HF voit tranquillement le jour… Depuis ce temps, le chiffre d’affaires augmente chaque année. « Au début c’était de 200 à 300%, maintenant c’est plus stable et nous augmentons d’environ 30% par année », précise-t-il avec un sourire, fier du travail de son équipe qui regroupe trois avocats, deux parajuristes et deux employés administratifs.
Une parajuriste associée
Me Saulgrain ajoute que Blue HF a opté pour une structure d’entreprise le moins hiérarchique possible.
« Le succès ne dépend pas seulement du travail des avocats, c’est pourquoi nous avons décidé de donner le statut d’associée à notre parajuriste senior! », explique Me Saulgrain, fier d’accueillir officiellement Angela Kussey, venue d’Osler.
Chose rare, qui risque d’en surprendre plus qu’un.
Et pourtant, c’est une décision d’affaires qui se tient, renchérit Me Dionne. « Lorsque les employés ont une part dans l’entreprise, ils sont plus motivés, c’est une logique simple que mon séjour dans les grands cabinets m’a appris. »
La marque indélébile des grands cabinets
Les trois avocats qui ont tous quitté des cabinets d’envergure sont toutefois heureux de l’apprentissage que cet univers leur a apporté.
« La compréhension des dossiers complexes sur lesquels se penchent les grandes firmes nous a permis d’être où nous sommes aujourd’hui », croit Me Saulgrain, qui, avant McCarthy, a travaillé à Paris pour les cabinets Clifford Chance et Willkie Farr & Gallagher.
En plus du savoir-faire, Me Dionne reconnaît que son curriculum lui apporte une crédibilité auprès de la clientèle.
« Mes années chez Gowlings ne peuvent qu’être bénéfiques à mon image », renchérit Me Demers, qui pense toutefois que la popularité d’Avgeco est liée à ses connaissances approfondies du monde de la construction.
Cela dit, aucun ne retournerait en arrière.
« Lorsque tu as quitté le grand bateau et que tu te rends compte que tu navigues très bien par toi-même, il n’y a aucune raison de vouloir rembarquer dessus! » conclut Me Saulgrain en lançant un regard complice à son associé.
Découvrez ce que signifie leurs noms de cabinets…
AVocat, GEstion, COnstruction
BLUE HF
Blue, comme dans le mot anglais « blue-chip », qui signifie un investissement sûr.
HF… à vous de décidez! Participer à leur sondage amusant.