Portrait

Luncher avec la nouvelle VP de la Bourse

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Céline Gobert

2012-11-16 15:00:00

Après 20 ans passés loin de sa ville de cœur, la nouvelle vice présidente Affaires juridiques de la Bourse de Montréal est enfin de retour chez elle, au Québec. Son nouveau poste, ses voyages, sa philosophie de vie ? Droit-Inc a lunché avec elle...
Depuis le 4 septembre, Pauline Ascoli est Vice-Présidente à la Bourse de Montréal
Depuis le 4 septembre, Pauline Ascoli est Vice-Présidente à la Bourse de Montréal
Oui, j’ai lunché avec Me Pauline Ascoli, nouvelle vice présidente de la Bourse de Montréal.

Un lunch aux allures de tour du monde.

En lui parlant, impossible de ne pas avoir la sensation que de ses presque dix années passées au Japon, elle a gardé un certain calme et une sérénité. De la Californie, un bilinguisme impeccable. De la France, une force de volonté très latine.

Aujourd’hui, elle est de retour chez elle, à Montréal.

A 48 ans, celle qui a une formation juridique et trois Barreaux à son compteur (Québec, Ontario et Californie), en fait bien dix de moins. Peut-être cela s’explique-t-il par l’équilibre qu’elle a su trouver entre vie professionnelle, vie de famille, et vie de femme.

« Je suis aujourd’hui très contente d’être de retour à Montréal, cela me fait très plaisir. J’avais envie de revenir trouver mon pays, ma province, ma ville », déclare-t-elle.

« A chaque fois que je partais, je croyais que je rentrerai à Montréal, je n’avais pas prévu de faire une carrière internationale, et chaque fois cela a été un concours de circonstances et d’opportunités qui a fait en sorte que j’ai passé vingt ans à l’extérieur de Montréal. »

Depuis le 4 septembre dernier, elle est Vice-Présidente à la Bourse de Montréal où elle dirige une équipe de cinq personnes qui gère les dossiers clients, la rédaction des modifications aux règles de la Bourse, la présentation aux régulateurs, et le suivi des nouveaux produits.

Un poste qu’elle juge « fort intéressant ».

Stimulation intellectuelle

Me Ascoli dirige une équipe de cinq personnes à la Bourse de Montréal
Me Ascoli dirige une équipe de cinq personnes à la Bourse de Montréal
Voilà quinze ans qu’elle évolue ans le domaine des produits dérivés, « instruments financiers dont la valeur est dérivée d'un actif sous-jacent ».

Le prix d'une option est dérivé du prix d'une action ou d'un fonds négocié en bourse, explique-t-elle à titre d’exemple.

Le matin de notre rencontre, elle a passé la matinée en réunion. Elle y a évoqué un projet de règlement et l’impact de ce dernier sur les affaires de son entreprise.

« Ce qui me plaît dans mon travail c’est que ce n’est jamais pareil d’un jour à l’autre. Il y a également une stimulation intellectuelle constante, le droit par définition est évolutif. Il s’agit vraiment d’une profession de résolution de problèmes, c’est ce que je trouve intéressant. »

Ce poste est une suite logique pour Me Ascoli.

« Je vais pouvoir amener mon expérience internationale à la table. Par exemple, les États-Unis prennent de l’avance dans la réglementation donc ma compréhension du droit américain est très utile pour les points de comparaison. »

Aussi, toutes les règles concernant les produits dérivés, nous informe-t-elle, sont en train de changer, ainsi que tout le contexte réglementaire.

L’un des aspects importants de son travail est la relation avec l’Autorité des Marchés Financiers, avec le régulateur de l’Ontario, ou encore la Banque du Canada.

Ses missions ? Elles sont nombreuses…

Me Ascoli fournit des conseils juridiques à la Bourse et à la Corporation canadienne de compensation de produits dérivés à l’égard de diverses questions de nature réglementaire ou de droit corporatif et commercial.

Me Ascoli a passé cinq ans à Paris, a travaillé pour le Crédit Agricole, la banque d’investissement.
Me Ascoli a passé cinq ans à Paris, a travaillé pour le Crédit Agricole, la banque d’investissement.
Elle agit comme point de liaison auprès des conseillers juridiques américains de la Bourse pour s’assurer que la Bourse et ses filiales respectent les règlements de la CFTC et de la SEC, ainsi que les lois des différents états américains axées sur les valeurs mobilières.

Elle assure un soutien juridique à d’autres sociétés de Groupe TMX qui ont besoin d’aide en ce qui concerne des questions d’ordre juridique au Québec ou diverses questions liées aux produits dérivés.

Elle mène des recherches sur les exigences réglementaires et les normes commerciales canadiennes et internationales qui concernent la Bourse et ses filiales, et se tient informée des faits nouveaux.

« C’est très intéressant d’être à la Bourse en ce moment parce que toutes les règles concernant les produits dérivés sont en train de changer, tout le contexte réglementaire est en train d’évoluer, c’est très stimulant. »

Un parcours pas simple…

Début septembre, Me Ascoli revient de Paris. Elle y a passé cinq ans, a travaillé pour le Crédit Agricole, la banque d’investissement.

Avant, elle a passé neuf ans et demi à Tokyo, en tant qu’avocate et directrice des services juridiques.

Encore avant, elle évoluait sous le soleil de la Californie, à San Francisco, dans le domaine assurances hypothécaires, « hybride règlementaire bancaire / règlementaire assurance », pour la compagnie Pmi Mortgage Insurance.

En tout, pour le travail et pour le plaisir, elle a voyagé dans 40 pays différents.

« Ce n’est pas simple comme parcours », reconnaît-elle.

Pourtant, ce parcours c’est sa force.

En effet, elle peut aujourd’hui utiliser son expérience internationale dans ses analyses.

Me Ascoli a passé neuf and et demi à Tokyo en tant qu'avocate et directrice des services juridiques
Me Ascoli a passé neuf and et demi à Tokyo en tant qu'avocate et directrice des services juridiques
« Au Canada, nous sommes en ce moment dans une période où l’on élabore de nouvelles règles dans le milieu financier, dit-elle, il faut donc avoir un esprit de comparaison des règles d’un pays à l’autre, de la pensée, de la philosophie sous-jacente à ces règles. »

Car, chaque pays a ses propres règles du jeu, explique Me Ascoli : les règles juridiques, et les règles culturelles.

« Il faut comprendre ses règles afin de pouvoir jouer correctement. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est jouer selon les règles culturelles d’un pays dans un autre pays ».

Par exemple, une chose intolérable au Japon, c’est le retard. On doit respecter l’heure convenue de façon très stricte, indique-t-elle. Ou bien lorsque l’on reçoit la carte d’affaires de quelqu’un, il faut la considérer longuement.

« Si je faisais cela ici, observer une carte d’affaires pendant 30 secondes, on trouverait cela étrange… »

Pour autant, ce sont des clichés selon Me Ascoli… La compréhension de la culture d’un pays est un processus plus long, plus élaboré, qui ne se limite pas aux pages d’un guide de tourisme, selon elle.

« Les difficultés culturelles, c’est très riche, très subtil. Il faut toujours chercher à comprendre. Il faut s’adapter à la culture locale et prendre le temps avant d’agir sinon l’on peut faire de grands faux pas. »

Quel pays a le mieux compris la finance ?

« Aucun ! », lance-t-elle, hilare.

Le mot de la fin

Malgré une vie professionnelle pleine de rebondissements, de déplacements, de défis, sa priorité est restée la même : sa famille, ses enfants.

« C’est un défi pour tous les professionnels que de concilier sa vie professionnelle avec sa vie de famille », affirme celle qui est également maman.

« J’ai été marquée par les mots d’Hilary Clinton : « It takes a village to raise a child », confie-t-elle, et j’ai toujours cherché à garder de bonnes relations avec mon entourage. Ma famille est toujours restée ma priorité. »

Le conseil qu’elle donnerait à quelqu’un qui voudrait suivre son chemin ?

« Il faut y aller un jour à la fois, on ne peut pas savoir ce que l’on va faire dans 20 ans mais il faut rester ouvert aux opportunités et, surtout, il faut profiter, rire, ne pas prendre tout cela très au sérieux»

Fini le tour du monde ?

« Si je suis encore dans ce poste là dans cinq ans, cela ne m’étonnerait pas du tout, je pense qu’il y aurait suffisamment d’intérêt au poste dans le contexte règlementaire actuel pour y rester longtemps… »

Donc, oui, j’ai lunché avec Me Pauline Ascoli, nouvelle vice présidente de la Bourse de Montréal.

Et j’y ai entrevu ce qu’est la clé du succès.

« Il faut avoir des rêves dans la vie, et les poursuivre… Surtout, il faut essayer de penser à s’amuser dans le cadre professionnel, c’est cela le vrai succès : avoir envie d’aller au travail tous les jours... »

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In memoriam

A noter que cet article est dédié à son père Larry Ascoli, décédé le 20 septembre 2012, quelques jours après sa prise de fonction à la Bourse de Montréal.

Un triste évènement qui l’a, on le devine, énormément touchée.

Me Ascoli a, par ailleurs, créé un site-hommage pour son père que vous pouvez consulter ici.
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