Un ex-ministre et avocat chez GardaWorld!

Julien Vailles
2016-07-26 15:00:00

« J'ai plaidé mon dernier procès en campagne électorale. C'était une histoire de chasse, et j'avais dû me rendre jusqu'à Ville-Marie en Témiscamingue! », se souvient-il. En effet, le 23 janvier suivant, il était élu.
Presque exactement dix ans plus tard, il décidait de se retirer, après avoir été réélu deux fois, en 2008 et en 2011. Dans l'intervalle, il a été secrétaire parlementaire, secrétaire d'État à l'agriculture, ministre des travaux publics et services gouvernementaux, ministre responsable de la région de Montréal avant de devenir lieutenant du Québec, ministre de l'industrie et d'État à l'agriculture, ministre des ressources naturelles, ministre du Développement international et ministre de la Francophonie.
Fin 2015, il est approché par Stéphan Crétier, PDG de GardaWorld, et accepte son offre de se joindre à la firme de sécurité privée comme vice-président principal au développement stratégique des services de protection.
La tragédie de Lac-Mégantic

Comme député de la circonscription, Me Paradis avait été dépêché sur place le matin suivant, sans savoir ce qui se passait et sans savoir quoi faire. Il avait cru pouvoir quitter au dîner; il est finalement resté jusqu'à la fin de l'été.
« C'était un baptême de feu, relate-t-il. J’ai vu toutes sortes d’horreurs à travers le monde après cela, et l'événement de Lac-Mégantic m'y avait vraiment préparé. »
La politique et le droit
Sans détour, Me Paradis admet d'emblée que sa formation en droit a été capitale pendant sa carrière politique. Formé à l'Université de Sherbrooke, Barreau 1997 et titulaire d'un diplôme d'études supérieures en droit de l'entreprise, il tisse d'ailleurs de nombreux parallèles entre les deux disciplines.
Ainsi, la « confrérie » qui lie les avocats existe aussi en politique, surtout chez les politiciens qui ont d'abord été juristes. Des avocats qui se confrontent en cour parviennent à entretenir des rapports cordiaux à l'extérieur de leurs activités professionnelles, et la même chose est possible chez les politiciens d'allégeances différentes. « Comme entre avocats, le confrère en face n'est pas un ennemi en dehors du Parlement. On arrive à se parler de manière courtoise, et c'est là un bel héritage du droit! » se remémore-t-il.
Quand venait le temps de travailler sur d'importants contrats publics, notamment au ministère des travaux publics et services gouvernementaux et au ministère des ressources naturelles, son expérience en droit corporatif et commercial était également très utile.
Son mandat chez GardaWorld

Il est donc question d'optimiser les ressources afin que les policiers puissent se consacrer à des tâches plus essentielles et exclusives. C'est d'ailleurs là la philosophie de Me Paradis : il voit le privé non pas comme un remplacement du public, mais bien comme un complément qui permet d'alléger la tâche de ce dernier.
Pour l'instant, l'ancien politicien est dans une phase d'apprentissage et d'analyse. Son rôle de persuasion viendra bientôt. Mise à part cette occupation, il donne occasionnellement des conférences à différents endroits du globe.
Envisage-t-il un retour en politique? « Pas pour l'instant! répond le principal intéressé. Je suis encore relativement jeune, et à mon âge, je suis déjà privilégié. Après une décennie comme avocat et une comme politicien, j'aimerais en faire une autre dans le monde des affaires. Mais pour la suite, rien n'est exclut ! », conclut-il.