Un vrai coup de maître!

Céline Gobert
2015-06-08 15:00:00

Pour preuve, elle nous montre avec enthousiasme un dessin affiché sur le mur qui la représente, elle et l’honorable Allan R. Hilton, à la Cour Suprême alors qu’elle plaidait la cause du la Loi 101.
Aujourd’hui, elle n’exerce plus et enseigne l’art de la plaidoirie. Au total, ils sont 1000 avocats à être passés dans la grande salle de cours équipée de caméras vidéos où nous nous trouvons.
Originaire d’Égypte et anglophone, Me Cheftechi enseigne, en langue française svp !, à l’École du Barreau en preuves, responsabilité civile, techniques de rédaction et représentations devant les tribunaux et donne des conférences au Barreau sur le témoin, le témoin-expert, et le nouveau code de procédure.
Droit-inc : Comment a germé puis grandi l’idée Coup de Maître ?
Me Cherine Cheftechi : L’idée germait depuis dix ans. Chez McCarthy, nous avions lancé un programme afin de former les jeunes avocats en techniques de plaidoirie. L’idée m’est venue d’offrir ce genre de cours aux avocats de façon régulière. Il y avait un vide à combler. Mais j’avais des jeunes enfants, il n’était pas question de le faire à cette époque là. Avec l’arrivée de la formation continue obligatoire du Barreau je me suis dit que le temps était venu pour un autre défi.
Comment s’est déroulé votre parcours en droit ?

Est-ce que c’est ce goût pour manier la langue et les mots qui vous a poussé à devenir avocate ?
Comme tout jeune qui a vision de la vie un peu rose, mon idée était plutôt d’aider le monde. À l’école, j’étais souvent dans les équipes de débat. Mon père était avocat aussi...J’ai toujours été naturellement entourée par des avocats.
Qu’est-ce qui vous plaît dans l’enseignement, dans la transmission du savoir ?
C’est ma passion ! Voir des petites lumières s’allumer chez mes étudiants, c’est merveilleux. Certains arrivent en ayant étudié des notions théoriques pendant des années, ils arrivent dans un cours très pratique avec des démonstrations et tout d’un coup, ils voient et ils comprennent. Je reçois régulièrement des messages de gens qui me disent: « Vous avez changé ma vie ».
Qu’est-ce qui fait une bonne plaidoirie ?

Qu’est-ce qui fait un bon professeur ?
Il faut savoir reconnaître ce que l’on peut corriger ou non. Je ne travaille pas à modifier le physique ou les personnalités, mais à améliorer les compétences existantes. Une fois j’ai eu un avocat avec un tic nerveux, je ne pouvais pas lui dire de supprimer cela. Une autre fois, une juge texane a critiqué une avocate en lui disant qu’elle était trop grosse. Elle considérait cela comme moins alléchant pour les membres du jury. Je ne fais pas de rétro actions sur la personne mais sur la performance.
Pensez-vous retourner à la pratique un jour ?
Ça va prendre un très beau dossier ! (rires) Comme je fais du coaching privé, j’ai encore la main à la pâte mais ce n’est pas moi qui ait le stress de tout organiser, de rencontrer les témoins. Mon client, c’est l’avocat. Récemment, j’ai aussi fait du coaching pour une équipe d’avocats qui s’en allait plaider à la Cour suprême. Ils ont gagné. J’ai assisté plusieurs avocats dans leur préparation pour aller à la Cour d’appel.
Pourquoi est-ce important pour vous de rester membre du Barreau ?
Il faut rester membre du Barreau. Je maintiens aussi ma crédibilité. Quand mes confrères viennent ici, ils savent qu’ils font affaire avec un membre du Barreau en bonne et due forme. Je maintiens mes connaissances. J’ai besoin d’être membre aussi pour enseigner au Barreau. J’y tiens à mes étudiants, ils me donnent la vie.
Qu’est-ce que votre carrière d’enseignante vous apporte de plus que votre carrière d’avocate ?
Plus de liberté, plus de temps pour vivre, et un meilleur sommeil ! Quand j’étais en procès, je ne dormais presque pas. J’avais un bloc de papier et un crayon près de moi. Je me réveillais en sursaut au milieu de la nuit avec LA bonne question à poser le lendemain. Quand un étudiant comprend un principe que je lui explique, oh my god, il n’est pas seulement question de prendre un verre de vin pour célébrer comme quand on gagne une cause, c’est un différent genre de « high. »