BCE, ou le dilemme de l'avocat-administrateur

Rene Lewandowski
2007-08-15 14:34:00
Je parle bien sûr de la circulaire de procuration déposée hier par BCE auprès des commissions des valeurs mobilières du Canada et des Etats-Unis en vue de l'assemblée extraordinaire des actionnaires qui se tiendra le 21 septembre 2007, à Montréal.
Vous pouvez la télécharger ICI
La Presse en fait ce matin un très bon résumé, mais si vous avez quelques heures, n’hésitez pas à parcourir ce document de 138 pages.
Ce qui m’a le plus frappé, c’est le passage « Contacts avec Telus », débutant à la page 19, où l’on nous explique comment et pourquoi Brian Levitt, administrateur de BCE, mais aussi co-président de Osler, « n’a pas pris part, après avoir été exclu des délibérations du conseil sur le processus d’examen stratégique à partir du 17 mai 2007, et qu’il n’a donc pas voté à l’égard de l’arrangement final ».
Un associé-directeur m’a déjà expliqué que les conflits d’intérêts étaient l’un des plus grands dilemmes des grands bureaux d’avocats. Normal, dans les grandes transactions, les clients désirent bien souvent être servis par les meilleurs juristes.
Cela se complique encore plus lorsque les avocats siègent à des conseils d’administration de grandes entreprises.
Ainsi, dans la circulaire, on nous dit que « Le 2 mai 2007, un membre du conseil, Brian Levitt, avise le conseil que le cabinet d’avocats dont il est un associé et dont il copréside le conseil a accepté un mandat pour un client (dont il ne peut dévoiler l’identité à ce moment) et que ce client envisage de participer au processus d’enchères. M. Levitt informe le conseil que les procédures habituelles ont été mises en place par son cabinet pour l’empêcher de participer au dossier et d’en être informé de quelque manière que ce soit. Le conseil décide par conséquent, avec l’accord de M. Levitt, que ce dernier pourra continuer à participer aux délibérations du conseil sur le processus d’examen stratégique, jusqu’à ce que son cabinet lui indique que le client entend se lancer dans une éventuelle opération avec BCE. M. Levitt serait alors à ce moment invité à s’abstenir de participer à toutes les délibérations ultérieures du conseil sur le processus de surveillance stratégique. »
Un peu loin, on apprend que « Le 17 mai 2007, M. Levitt informe M. Currie et Mme Kaufman que son cabinet lui a indiqué que son client avait décidé de se lancer dans une éventuelle opération avec BCE. Conformément à l’entente conclue précédemment entre M. Levitt et les autres membres du conseil, M. Levitt informe le conseil qu’il s’abstiendra de participer aux délibérations ultérieures du conseil sur le processus d’examen stratégique. Le client se révèlera plus tard être Telus.
Évidemment, M Levitt a très bien agi. Mais une question se pose : est-ce une bonne idée que les avocats siègent sur des conseils d’administration ?
Dans ce cas-ci, les règles d’éthique ont carrément privé BCE d'un administrateur de haut calibre durant une des périodes les plus importantes de son histoire.
Anonyme
il y a 17 ansC'est plutôt Richard Currie le président du CA de BCE, non? Voir la 2e page de la circulaire où celui-ci signe la lettre aux actionnaires. M. Levitt est un (simple) administrateur parmi 15.
Rene Lewandowski
il y a 17 ans> C'est plutôt Richard Currie le président du CA de BCE, non? Voir la 2e page de la circulaire où celui-ci signe la lettre aux actionnaires. M. Levitt est un (simple) administrateur parmi 15.
Vous avez raison, à la vitesse du blogue, j'ai inversé les rôles de Maître Levitt entre BCE et Domtar (pour qui il est bien président du conseil). Toutes mes excuses.
Cela dit, cela ne change rien au débat: est-ce une bonne idée que les avocats siègent au Conseil d'administration d'entreprises publiques?
RL