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Des étudiants en droit montent aux barricades

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Reynaldo Marquez

2007-08-20 08:27:00

Des étudiants des trois facultés de droit montréalaises sont résolus à s’attaquer de front aux problèmes posés par le manque allégué d’accès à la justice.

Pour ce faire, ils ont mis sur pied, le printemps dernier, une nouvelle coalition du nom d’Uni-Accès.

Son objectif : multiplier les solutions face à ce problème.
La première offensive sera donnée par le coup d’envoi officiel des activités de la coalition, le 12 septembre prochain, 18 heures, au Pavillon Sherbrooke de l’UQAM.

Uni-Accès, une initiative qui émane de Nicolas Désy, Andrée-Anne Bouchard-Desbiens et de Rachel Doran, a frappé dans le mille d’un mal qui préoccupe de près d’importants juristes québécois.

Ces trois étudiants en droit, respectivement de l’Université de Montréal, de l’UQÀM et de McGill, ont ainsi attiré de grosses pointures du monde juridique à leur événement, le mois prochain.

Le juge en chef de la Cour d’appel du Québec, Michel Robert, ainsi que sa collègue, la juge Louise Otis, prononceront une allocution sur le thème de l’accès à la justice, lors de cet événement.

Le bâtonnier du Barreau du Québec, Michel Doyon, prendra aussi la parole. Pierre Noreau, titulaire au Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal, devait encore confirmer sa participation, au moment d’écrire ces lignes.

Au cours de l’année scolaire, Uni-Accès compte maintenir une forte présence sur les campus universitaires. La coalition prévoit tenir des ateliers de discussions, deux fois par session, dans le cadre des mardis de la justice.

Ces ateliers prendront la forme d’un 5 à 7 auquel seront invités divers intervenants, dont des juristes, des étudiants ou des organismes communautaires, afin de discuter de thèmes liés à l’accès à la justice.

Le premier mardi de la justice aura lieu le mardi 2 octobre avec pour thème de renseigner les étudiants sur les carrières alternatives du droit, autres que celles offertes par les grands cabinets d’avocats.

Créer une synergie
Selon l’une des fondatrices, Rachel Doran, l’objectif d’Uni-Accès est multiple. Au premier chef, il consiste à jeter un pont entre les différents intervenants préoccupés par l’amélioration de l’accès à la justice.

« Nous souhaitons créer un forum, un lieu de discussion où les associations étudiantes, les étudiants, les organismes communautaires et les avocats préoccupés par l’accès à la justice pourront échanger », explique-t-elle.

« Nous pourrons alors aborder les problèmes actuels mais aussi leur trouver des solutions », poursuit-elle.

L’idée est de créer une synergie entre les divers intervenants qui sont isolés, les uns des autres.

« Pour le moment, il y a plusieurs initiatives qui sont prises pour améliorer l’accès à la justice par les étudiants sur les différents campus, par des organismes et par des avocats », constate Rachel Doran.

« Mais ils ne communiquent pas entre eux. Uni-Accès espère favoriser cet échange, la communication entre les différents intervenants pour donner plus de force à leur voix. »

La coalition lance d’ailleurs un appel à tous. Elle affirme être notamment à la recherche d’étudiants qui souhaitent s’impliquer activement auprès des activités qui seront organisées au cours des mois à venir.

Valoriser le Pro Bono
Au second chef, la coalition se propose à court terme de sensibiliser les étudiants en droit à l’importance du travail Pro Bono, soit le travail juridique bénévole ou à honoraire modique.

Or, les avocats québécois font piètre figure à ce chapitre comparativement à leurs homologues canadiens, qui s’y impliquent plus volontiers, déplore Andrée-Anne Bouchard-Desbiens.

Une autre idée d’Uni-Accès est de renverser cette tendance, dit-elle. « Les étudiants en droit d’aujourd’hui, sont les avocats de demain! On veut les sensibiliser à l’importance de l’éthique Pro Bono, pour qu’ils pensent à travailler bénévolement une fois qu’ils deviendront avocats. »

A plus long terme, Uni-Accès se propose d’approcher des avocats en exercice pour les sensibiliser à leur tour à cette réalité. Des organismes communautaires seront aussi approchés dans le même objectif.

En cette période de vacances, le représentent de l’Université de Montréal, au sein d’Uni-Accès, Nicolas Désy n’a pu être joint pour commenter.

La facette Pro Bono en est une primordiale de l’accès à la justice. Les trois étudiants fondateurs d’Uni-Accès avaient cet aspect à cœur. Ils sont en effet eux-mêmes les coordonnateurs du programme Pro Bono de leur facultés respectives.

Ce programme consiste à permettre à un étudiant en droit de faire un stage auprès d’un organisme communautaire aux prises avec des besoins juridiques.

Alors que l’UdeM octroie six crédits aux étudiants qui y participent, les facultés de McGill et de l’UQAM n’en créditent pas la participation.
Un meilleur accès

Selon des données colligées par Uni-Accès, 80% de la population montréalaise n’a pas les moyens financiers d’accéder au système de justice, affirme Andrée-Anne.

Mais l’accès à la justice déborde le cadre des simples frais judiciaires, précise pour sa part Rachel Doran. « L’accès à la justice consiste aussi à rendre accessible l’information juridique aux citoyens pour qu’ils soient en mesure de mieux connaître et de mieux défendre leurs droits », opine Rachel Doran.

Par exemple? « J’ai travaillé dans une organisme communautaire auprès de personnes défavorisées ou atteinte de troubles mentaux », raconte Rachel, bachelière en développement humanitaire international.

« Souvent, certaines d’entre elles me posaient des questions sur l’accès au logement. Je ne savais pas quoi leur répondre. C’est bien d’avoir une Régie du logement au Québec, mais si les personnes ne disposent pas de l’information qui leur permettra de s’en saisir, ça ne sert pas à grand-chose », illustre-t-elle.

Mardis de la justice
La coalition s’est aussi fixée pour but de recentrer le débat entourant l’engouement que suscite chez la communauté étudiante la course aux stages.

Pour ce faire, Uni-Accès tiendra un premier atelier de discussions sur ce thème, le 2 octobre prochain dans le cadre de son premier mardi de la justice.

« Le sujet des carrières alternatives en droit, autres que celles offertes par les grandes firmes, n’est qu’une des facettes d’un thème plus large qu’est celui de l’accès à la justice », affirme Andrée-Anne.

Les organisateurs souhaitent d’ailleurs que chaque intervenant de chaque faculté s’approprie et mette sur pied ces ateliers de discussions, sous les auspices des mardis de la justice, affirment les fondatrices d’Uni-Accès.

« Nous voulons que les personnes et organismes intéressés appellent Uni-Accès pour nous faire part du sujet qu’ils souhaitent aborder. Nous les aiderons ensuite à louer les locaux et à faire la publicité de leur événement », explique Rachel Doran.

Ces ateliers, prendront la forme d’un 5 à 7 auquel seront invités divers intervenants, afin de discuter de différents thèmes liés un tant soit peu à l’accès à la justice, dit-elle.

L’événement est aussi ouvert à des intervenants actifs en dehors du domaine juridique, qu’ils soient sociologues, économistes, journalistes, etc.


''Reynaldo Marquez'' est journaliste et étudiant en droit à l'Université de Montréal
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