Ghomeshi: une troisième femme porte plainte

Agence Qmi
2014-11-03 07:00:00

«Nous voulons d’abord obtenir toutes les informations des victimes afin d’avoir des preuves solides à présenter», a dit l'inspectrice Joanna Beaven-Desjardins dans une conférence de presse de la police de Toronto, samedi. La spécialiste en crimes sexuels a affirmé que Jian Ghomeshi sera approché si l’enquête progresse et si les policiers sont prêts à porter des accusations.
Depuis une semaine, l’ex-animateur de 47 ans est au cœur d’un scandale sexuel. Neuf femmes l’ont accusé dans les médias de les avoir agressées physiquement, et dans certains cas, sexuellement. Trois ont porté plainte officiellement à la police de Toronto au cours des derniers jours.
L’inspectrice Beaven-Desjardins a exhorté toutes les autres femmes qui croient avoir été victimes de Ghomeshi à se manifester.
«Nous croyons les victimes, et lorsqu'elles se confient à nous à 100 %, nous sommes derrière elle à 100 %», a dit la policière, ajoutant que l’enquête sera plus fructueuse si plus de femmes portent plainte.
Joanna Beaven-Desjardins a expliqué que la police de Toronto a commencé à travailler dans les coulisses peu après que l'histoire eut été révélée par les médias il y a environ une semaine.
«Lorsque j'ai eu cette information, j'ai immédiatement assigné des enquêteurs pour scruter toute la couverture médiatique», a assuré l'inspectrice.
Son équipe suivait donc l'affaire de très près, mais savait qu'une enquête ne pouvait être lancée sans plainte, et qu'il fallait être «proactif».
Jeudi, Mme Beaven-Desjardins a donc demandé à ses enquêteurs de contacter les médias qui étaient en contact avec de présumées victimes de Ghomeshi afin de communiquer avec elles.
Vendredi, deux femmes avaient porté plainte officiellement et la police de Toronto confirmait qu'elle avait ouvert une enquête sur Jian Ghomeshi. Une troisième femme s’est manifestée par la suite.
La police fait appel à CBC
La police de Toronto a l’intention de contacter CBC pour obtenir des copies des «preuves graphiques» que Jian Ghomeshi aurait montrées à son employeur avant son congédiement pour tenter de démontrer qu’il était possible d’avoir des relations sexuelles brutales, mais consensuelles. La société d’État avait interprété d’une tout autre façon la vidéo et les autres documents graphiques présentés par l’animateur.
La police de Toronto demande par ailleurs au public de lui envoyer toute information, photo ou vidéo susceptibles de faire avancer l’enquête en communiquant avec l’Association canadienne d’échec au crime au 1 800 222-8477.
Largué par plusieurs
Dans la foulée des accusations qui fusent de toute part contre lui, Jian Ghomeshi a perdu plusieurs alliés au cours des derniers jours. La chanteuse électro-pop Lights, dont la carrière était administrée par Jian Ghomeshi, a annoncé sur Facebook vendredi qu’elle rompait tout lien professionnel avec lui. Le même jour, sa propre agence, la firme Agency Group, a dit dans un communiqué qu’elle ne le représentait plus.
Jian Ghomeshi, qui est aussi écrivain, a aussi perdu des alliés dans le monde littéraire. «À la lumière des récents événements, Penguin Canada a décidé de ne pas publier le livre le plus récent de Jian Ghomeshi», a dit le porte-parole de la maison d’édition.
La chanteuse rock Amanda Palmer a «désinvité» l’ex-animateur sur la page Facebook du lancement de livre qu’elle fera à Toronto à la fin du mois.
Deux firmes de relations publiques – connues pour prendre en charge des clients controversés – se sont aussi dissociées de Jian Ghomeshi dans la foulée du scandale.
Scandale viral
Dimanche dernier, CBC a congédié Jian Ghomeshi. «À la lumière d’informations qui nous sont parvenues, le bon sens nous empêche de poursuivre notre relation avec Jian Ghomeshi», avait affirmé le porte-parole de CBC Chuck Thompson.
Le jour même, l’animateur de 47 ans a expliqué dans une lettre publiée sur Facebook qu’il avait été traité injustement par son employeur et qu'il était victime d’une campagne de salissage. Il a admis qu'il s’adonnait au BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme), en soutenant que toutes ses relations sexuelles étaient consensuelles.
Lundi, Jian Ghomeshi a déposé une poursuite de 55 millions $ contre CBC dans la foulée de son congédiement, pour bris du lien de confiance, pour diffamation et pour dommages punitifs.
Depuis une semaine, l’affaire Ghomeshi est devenue virale et a soulevé de nombreux débats sur le consentement sexuel. Un nouveau mot-clic est apparu sur Twitter samedi: #BeenRapedNeverReported (qui se traduit approximativement par «victime de viol qui n’a jamais porté plainte) favorisant la prise de parole de victimes de viol.
23 octobre – CBC prend connaissance de documents graphiques (vidéo et photos) montrant Jian Ghomeshi dans des activités sexuelles brutales que l’animateur qualifie de consensuelles. La société d’État les interprète différemment.
24 octobre – Jian Ghomeshi écrit sur Twitter qu’il prend «un congé bien mérité» de son émission «Q».
26 octobre – Jian Ghomeshi est congédié par CBC. «À la lumière d’informations qui nous sont parvenues, le bon sens nous empêche de poursuivre notre relation avec Jian Ghomeshi», a affirmé le porte-parole de CBC Chuck Thompson.
Jian Ghomeshi publie une longue lettre sur Facebook dans laquelle il se dit victime d’une campagne de salissage. Il admet qu'il s’adonne au BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme), en soutenant que toutes ses relations sexuelles étaient consensuelles. Il menace son employeur de poursuite.
En fin de soirée, le «Toronto Star» publie un reportage de longue haleine signé par les journalistes Jesse Brown et Kevin Donovan dans lequel quatre femmes affirment sous le couvert de l’anonymat avoir été agressées par l’ex-vedette de CBC.
27 octobre – L’avocat de Jian Ghomeshi dépose une poursuite de 55 millions $ contre CBC.
29 octobre – Le nombre de femmes alléguant dans les médias avoir été victimes de l’ex-animateur grimpe à huit. L’actrice Lucy DeCoutere qui joue dans l’émission «Trailer Park Boys» raconte dans une entrevue au «Toronto Star» avoir été étranglée et battue par Jian Ghomeshi. C’est la première victime alléguée qui révèle son nom dans cette affaire.
30 octobre – L’avocate Reva Seth dit dans son blogue sur le site du «Huffington Post» avoir été agressée par Jian Ghomeshi et devient la neuvième victime alléguée dans cette affaire.
Jian Ghomeshi publie un court texte sur Facebook dans lequel il remercie ses supporters et affirme qu’il a l’intention de faire face à ces allégations «directement». Il termine en disant qu’il ne veut plus discuter de l’affaire dans les médias.
Le chef de police de Toronto, Bill Blair, déclare que les plaignantes doivent porter plainte en bonne et due forme pour qu’une enquête policière soit amorcée.
31 octobre - CBC indique dans un mémo envoyé à ses employés que la société d’État a vu le 23 octobre des «preuves graphiques» montrant Jian Ghomeshi en train d’affliger des blessures corporelles à une femme.
La police de Toronto annonce qu’elle a ouvert une enquête sur les allégations de deux plaignantes.
1er novembre – la police de Toronto annonce qu’une troisième femme a porté plainte dans une conférence de presse faisant une mise à jour sur l’affaire Ghomeshi.