Le Barreau et l’ASF volent au secours de Badawi

Céline Gobert
2015-03-12 14:15:00
Dans leur coopération juridique avec l’ASF Canada pour libérer le blogueur Raïf Badawi, le Barreau du Québec pourrait faire appel à de grands cabinets canadiens en droit international… Entrevue avec le Bâtonnier du Québec...

Le Barreau du Québec y a affirmé « un soutien sans équivoque » au blogueur qui,rappelons le, a été condamné en novembre pour insulte envers les valeurs religieuses de l’Islam et blasphème. Badawi, lauréat en 2014 du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse, purge présentement une peine de 10 ans de prison assortie de 1 000 coups de fouet.
C’est dans le cadre de la révision par la Cour suprême de l’Arabie Saoudite du jugement prononcé contre lui en première instance que le Barreau et l’ASFC vont fournir une aide juridique à la représentante légale de Badawi, dont l’avocat a été emprisonné justement parce qu’il le défendait, via une grille d’analyse présentant notamment des questions de sécurité. Il s’agit d’un dossier « délicat et complexe », selon Me Paradis, qu’il faudra traiter avec « humilité » et « conviction ».
Pas un procès de l’Arabie saoudite

L’équipe de juristes d’ASFC ainsi que le Barreau du Québec tenteront en outre de répondre aux questions suivantes afin « que justice soit faite » dixit Me Paradis : créer un site et bloguer constitue-t-il une violation de la loi saoudienne sur la cybercriminalité ? Cette loi respecte-t-elle la Charte arabe des droits de l'homme, signée par l'Arabie saoudite en 2004 ? Le droit à un procès juste et équitable a-t-il été respecté ? Le droit de Badawi à être représenté par un avocat a-t-il été respecté ? L'Arabie saoudite a-t-elle respecté le Convention contre la torture qu’elle a signée ? Le tribunal de première instance avait-il la compétence requise pour entendre la cause ?
Questions au Bâtonnier du Québec
Droit-Inc: Qui, au Barreau du Québec, va être impliqué dans ce dossier ? Qui va y travailler concrètement ?
Me Bernard Synott: Si vous me demandez « combien de ressources il y aura? », la seule réponse que je peux vous donner est « toutes les ressources nécessaires ». Si ça prend cinq personnes, ce sera cinq personnes. Si c’est huit personnes, ce sera huit personnes. Le service des communications a tout de suite été partie prenante de notre démarche et le service de recherche et législation a commencé à travailler sur le dossier dès le lendemain de la résolution du Comité exécutif. On parle de huit personnes donc, mais pas nécessairement à temps plein sur le dossier puisque les démarches viennent de débuter. Éventuellement, si l’on doit libérer des personnes du Barreau du Québec à temps plein, on le fera.
Est-ce que le Barreau s’est posé la question de savoir si oui ou non il voulait s’associer à ce dossier ?
Il y a deux semaines au Comité exécutif du Québec, j’ai exposé la situation de façon confidentielle, en raison de la nature délicate du dossier, et unanimement la décision a été prise de donner tout l’appui nécessaire à Avocats sans frontières. C’est évident qu’avant de prendre une résolution, il faut en discuter avec le Comité exécutif du Barreau du Québec et se poser la question de pourquoi on intervient dans ce dossier-ci plutôt que dans d’autres, car des causes humanitaires il y en a des centaines à travers le monde. Je suis allé à Sherbrooke rencontrer le Barreau de Saint-François, le bâtonnier Me Claude Villeneuve et le premier conseiller Me Maxime Bernatchez qui, quant à eux, ont adopté une résolution demandant au Barreau du Québec de supporter Mme Haidar. Sans révéler le secret des discussions, nous étions tous enthousiastes et unanimes au moment de prendre la résolution.
Est-ce qu’il y a des spécialistes du droit saoudien au Barreau du Québec ?
Non. Nous avons un service qui fait de la recherche sur les conventions internationales, sur les conventions contre la torture par exemple, sur les conventions de l’ONU. C’est là dessus que l’on travaille. Par ailleurs, il est fort à parier que, à très court terme, nous demanderons à des cabinets canadiens qui ont une certaine expérience du droit international de nous aider. Pour l’instant, on ne peut pas en parler mais il est clair qu’à une deuxième étape, c’est ce qui devrait arriver. C’est évident qu’il y a des études sur le droit saoudien, par exemple on étudie la Charte arabe des droits de l’homme, et leur Law Criminal Procedure qui est un peu leur code de procédure en droit criminel. C’est là dessus que l’on table également.
Un mot n’a jamais été prononcé depuis ce matin c’est « liberté d’expression ». Est-ce l’un des enjeux du dossier dans le contexte international que l’on connaît ?
(le Bâtonnier laisse à Me Paradis le soin de répondre). Me Paradis: Absolument. On ne l’a pas peut-être pas présenté comme cela mais quand on dit « est-ce que le fait d’établir un site internet et de bloguer est une contravention aux lois saoudiennes et à la Charte arabe des droits de l’homme qui garantissent la liberté d’expression? », on pose aussi cette question-là.
Anonyme
il y a 9 ansExcellente nouvelle. J'ai critiqué par le passé le barreau, mais là, chapeau!
DSG
il y a 9 ansI've often criticized ASF as a useless organisation. But I'll be nice and ask an honest question. If the people in ASF are so smart, why doesn't the Barreau use it's members to help Raif instead of seeking lawyers from big firms?
Avocate
il y a 9 ansDémarche très noble, comment pas faire la même demande pour Nathalie Morin une citoyenne Canadienne qui croupit en Arabie saoudite depuis des années, maltraitée par son son mari?
Me Stéphane Lacoste
il y a 9 ansC'est une excellente nouvelle et je suis fier de notre Barreau. Bravo à tous les avocats impliqués et au Comité exécutif et puissiez vous avoir du succès.
Anonyme 2
il y a 9 ansCe dossier ne recevra aucune écoute de la part du Barreau. Tant qu'Harper ne décide pas d'intervenir d'avantage, je désavoue totalement l'emploi d'une parcelle de ma contribution à cette fin. Je ne suis pas islamophobe. Juste réaliste.
Anonyme 2
il y a 9 ansCe dossier ne recevra aucune écoute des autorités de l'Arabie-Saoudite en provenance du Barreau. À défaut de recevoir un appui de taille de la part du gouvernement Harper, je désavoue totalement l'emploi d'une parcelle de ma contribution à cette fin. Je ne suis pas islamophobe. Juste réaliste!
cyberpapy
il y a 9 ansUn Saoudien, sachant que la base juridique de l'Arabie Saoudite est la Charia, connaissait le risque qu'il prenait en enfreignant cette loi. L'Arabie Saoudite aura toute latitude de dire au Barreau Canadien de s'occuper de ses affaires et du droit canadien , au Canada, pour les Canadiens( ce que Badawi n'est pas )
Alors arrêtez de nous fatiguer, à moins que vous n'ayez pas d'autres chats à fouetter.
Cyberpapy
il y a 9 ansLaissez la justice saoudienne appliquer sa justice qui est basée sur la Charia, à un saoudien qui n'est même pas canadien. Il a enfreint en toute connaissance de cause la loi de son pays dans son pays.
Arrêtez de nous fatiguer
Anonyme
il y a 9 ansUne chance que le barreau est là pour gaspiller nos cotisations parce que sinon je ne sais pas ce que je ferai avec cet argent
Je pense que ce n'est pas la place du barreau d'intervenir dans ce dossier mais bien le gouvernement du Canada. Mais bon, sinon ils feraient quoi de nos cotisations? Il faut bien qu'ils l'utilisent, sinon ça nous donnerait un prétexte pour demander une diminution de nos cotisations annuelles
Don Quichotterie
il y a 9 ansÉtant probablement l'un des rares membres du Barreau du Québec (maintenant retraité) à être déjà allé à Jeddah en Arabie saudite pour y représenter un client saoudien, je suis ébahi devant une telle suffisance de ces Dons Quichottes de la rectitude.
Le Barreau n'a-t-il pas suffisamment de temps à consacrer aux problèmes, forts nombreux, de la vie du droit, et de sa transposition judiciaire, au Québec?