Entrevues

L'avocat du coach

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Julien Vailles

2016-05-25 15:00:00

Guy Boucher est depuis peu le nouvel entraîneur des Sénateurs d'Ottawa de la LNH. Qui est l'avocat qui a négocié son contrat? Droit-inc lui a parlé!
Me Sébastien Vézina de chez Lavery est l'avocat qui a piloté la négociation ayant permis à Guy Boucher de devenir entraîneur des Sénateurs d'Ottawa
Me Sébastien Vézina de chez Lavery est l'avocat qui a piloté la négociation ayant permis à Guy Boucher de devenir entraîneur des Sénateurs d'Ottawa
Spécialisé en droit des affaires et en droit du sport et du divertissement, Me Sébastien Vézina, de chez Lavery, est l'avocat qui a piloté la négociation ayant permis à Guy Boucher de devenir entraîneur des Sénateurs d'Ottawa, équipe de la Ligue nationale de hockey.

Me Vézina n'en est pas à ses débuts dans ce domaine. C'est d'ailleurs lui qui a négocié, en, 2015, le renouvellement du contrat de Marc Bergevin, directeur général du Canadien de Montréal. En entrevue avec Droit-inc., il révèle son rôle dans le contrat entre Guy Boucher et les Sénateurs d'Ottawa.

Vous êtes derrière le contrat qui a permis à Guy Boucher de devenir entraîneur des Sénateurs d'Ottawa. Comment avez-vous obtenu ce mandat?

Guy Boucher était entraîneur en Suisse et je savais que son contrat avait une clause échappatoire. C'est-à-dire qu'il avait le droit de négocier un contrat avec la ligue nationale même s'il était lié par son contrat actuel. Dans les périodes de transition, je l'ai donc appelé pour savoir s'il était intéressé à revenir en Amérique du Nord. Et c'était le cas!

Il est très important d'être proactif, et non passif. Si on prend l'exemple des entraîneurs de hockey, il y a du mouvement dans certaines périodes précises, soit entre le dixième et le quinzième match de la saison, et après la fin de la saison si l'équipe ne va pas en séries. C'est à ces moments-là qu'il faut être à l'affût!

Pourquoi faire appel à un avocat lorsqu'on vise le poste d'entraîneur dans la Ligue nationale?

Il s'agit d'une question de culture. Beaucoup d'entraîneurs, comme Guy Boucher par exemple, sont d'anciens joueurs de hockey. Ils avaient alors un agent pour les représenter et faire valoir leur talent. On cherche donc à poursuivre dans la même optique, avec un avocat qui vante leurs mérites auprès des équipes intéressées.

Quel a été votre rôle dans ce dossier?

Mon travail était d'abord de sonder le marché pour tenter de savoir combien sont payés les autres entraîneurs de la LNH. J'avais un rôle de conseiller juridique. Il me fallait négocier les termes du contrat avec le représentant de l'équipe. Concrètement, il faut s'assurer que la rémunération est convenable selon les normes du marché.

Ensuite, il faut vérifier les modalités de fin d'emploi. Tout comme les joueurs de hockey eux-mêmes, leur entraîneur bénéficie d'un contrat à durée déterminée. Il faut négocier la durée du contrat et les conséquences en cas de renvoi. On sait que les contrats des entraîneurs durent généralement trois ou quatre ans, sauf exceptions; Mike Babcock (entraîneur des Maple Leafs de Toronto), par exemple, a un contrat de six ans. Si l'équipe renvoie l'entraîneur avant l'expiration du contrat, l'entraîneur doit quand même être payé en entier jusqu'à la fin.

Enfin, je devais vérifier la validité des clauses générales, comme celles des assurances et de l'invalidité.

Comment se sont déroulées les négociations?

Guy Boucher est le nouvel entraîneur des Sénateurs d'Ottawa
Guy Boucher est le nouvel entraîneur des Sénateurs d'Ottawa
Les négociations ont très bien été, parce que les deux parties étaient véritablement intéressées à conclure ce contrat. La négociation, c'est bilatéral; il s'agit d'un échange de compromis. Comme avocat, il s'agit d'une négociation avec l'autre partie, mais aussi avec son propre client, puisqu'il doit être appelé à faire des concessions.

Dans le cas qui nous occupe, comme il n'y a que 30 équipes dans la LNH, il n'y a que 30 postes disponibles. L'offre est donc faible! Dans ces cas-là, l'équipe est avantagée. Il y a quelques années, Guy Boucher avait jonglé avec l'idée de mener les troupes des Lightning de Tampa Bay et d'un autre club. Il avait un meilleur levier dans cette situation, puisqu'il avait deux offres. Mais ici, la négociation était seulement avec les Sénateurs.

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon avocat en droit du sport?

Bien sûr, il faut, comme partout, avoir les connaissances juridiques nécessaires. Mais il s'agit également de bien connaître et de s'intéresser au milieu du sport. Par exemple, je suis allé assister à un événement organisé par The Sports Lawyers Association en avril dernier, qui réunit des juristes américains et canadiens. Cette année, environ 900 avocats étaient présents!

Puis, profitant de mon passage à Los Angeles, je me suis rendu au siège d'AEG Facilities, probablement la plus grosse société de gestion d'amphithéâtres du monde. Bref, il faut s'imprégner du milieu.

Un arrêt de la Cour d'appel confirmait récemment le jugement dans l'affaire Zaccardo, joueur de hockey devenu tétraplégique après une mise en échec illégale. Que faut-il retenir de ce jugement?

Deux choses : d'abord, on a défini le concept de l'acceptation des risques. Il a été clairement établi que la patinoire n'est pas une zone de non-droit; ce n'est pas parce qu'on joue au hockey qu'on accepte le risque de devenir tétraplégique.

Ensuite, le montant très élevé (huit millions de dollars) accordé en compensation à Andrew Zaccardo est très significatif et montre à quel point un simple coup peut avoir des conséquences énormes sur la vie.

Me Sébastien Vézina travaille au bureau de Montréal du cabinet Lavery. Il œuvre en matière de marchés publics, de fusions-acquisitions, de financement corporatif, de sport et divertissement et de ressources naturelles.

Québécois d'origine et ancien joueur de hockey en France, Guy Boucher a été entraîneur de plusieurs équipes de la ligue de hockey junior majeur du Québec, puis du Lightning de Tampa Bay du 10 juin 2010 au 24 mars 2013.
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