Un criminaliste dit avoir aidé la mafia
Martine Turenne
2017-11-16 12:00:00
« Tout a débuté quand j'ai commencé dans les années 80. Tout jeune avocat veut avoir les plus gros clients. De fil en aiguille, j'ai bâti une clientèle issue du crime organisé », a commencé Loris Cavaliere, devant les commissaires Marie-Claude Frenette et Francine Cantin.
« Ça commence par un café. Mais à force de les fréquenter, ça devient de l'amitié. Et mon bureau est devenu la gare centrale. »
Loris Cavalière croit que le Barreau devrait donner des cours aux jeunes avocats pour éviter qu'ils glissent vers la criminalité, comme lui l'a fait.
Le retour de Me Cavalière?
Loris Cavalière demandait la permission d'aller en maison de transition, ce qu’il a obtenu. « La Commission n'est pas très satisfaite de vos réponses sur les conséquences de vos gestes pour la société, mais nous croyons que la détention a eu un effet dissuasif et que le risque de récidive est faible », a déclaré la commissaire Cantin. L'ancien avocat de la défense a ainsi la permission d'aller dans une maison de transition pour une période de six mois.
Âgé maintenant de 63 ans, Cavalière a été condamné, le 1er février dernier, à 34 mois de prison, par le juge Pierre Labelle. Arrêté lors d'une grande rafle policière, en novembre 2015, il avait plaidé coupable à des accusations de gangstérisme et de possession d'une arme à autorisation restreinte. Il a reconnu avoir participé à une alliance entre différents membres du crime organisé montréalais pour le trafic de drogues.
« Quand tu écoutes chacune des conversations, elles ne sont pas tellement incriminantes. Mais lorsque tu les mets bout à bout, c'est vrai que j'ai facilité les activités du crime organisé », a dit Cavalière devant les commissaires. « Mais tout cela ne se fait pas du jour au lendemain, c'est graduel.»
Selon La Presse, Cavaliere a juré avoir coupé les ponts avec ses anciens clients liés au crime organisé : « Ce ne sont pas des amis, c'est en prison que tu le réalises. »
Il n'exclut pas de récupérer son titre d'avocat si le Barreau le lui permet, ne serait-ce que pour être appelé maître, pour la fierté de ses parents, rapporte La Presse. Mais il ne croit pas qu'on le reverra de sitôt dans un palais de justice. Récupérer des clients ou s’en faire des nouveaux sera une tâche ardue, admet-il. « De toute façon, pensez-vous qu'ils auraient encore confiance en moi ? », a-t-il demandé aux commissaires.