Action collective rejetée contre Evenko
éric Martel
2019-08-08 13:15:00
Celle-ci avait été déposée par Megan Le Stum, une festivalière participant à Osheaga qui souhaitait être dédommagé, à la suite du retard du rappeur Travis Scott à l’événement.
Au Québec, il s’agissait de la première demande d’action collective concernant l’arrivée en retard d’un artiste lors d’un festival.
« La décision est d'importance pour l'industrie de l'événementiel car elle reconnaît que l'organisateur d'un événement d'envergure doit parfois faire face à des imprévus et qu'il dispose d'une marge de manœuvre raisonnable pour s'ajuster », a indiqué à Droit-Inc l’associé de Lavery Myriam Brixi.
Dans le cadre du dossier, l’avocate représentait Evenko en compagnie de sa collègue, Laurence Bich-Carrière. La demanderesse avait fait appel à Me Jimmy Ernst Jr Laguë-Lambert de Lambert Avocat ainsi qu’à Karine Rodrigue de LLA Avocats pour mener sa requête.
Retard
Le 3 août 2018, les festivaliers présents à Osheaga, au Parc Jean-Drapeau, attendaient avec impatience la prestation de Travis Scott, prévue à 21h45.
Cependant, le rappeur a été retardé à la douane, alors de nombreux participants ont finalement décidé de rentrer chez eux sans avoir la chance de voir sa performance.
Or, Evenko a confirmé à 22h40 que Travis Scott allait présenter son spectacle, qui a d’ailleurs débuté à 23h00.
Megan Le Stum est l’un d’eux. Alors qu’elle avait acheté une passe pour le festival Osheaga principalement pour voir le rappeur, elle reprochait à Evenko de ne pas avoir tenu parole concernant les horaires, faisant en sorte qu’elle a manqué la prestation de Travis Scott.
Prestation qui n’aura duré que 38 minutes, alors qu’une heure dix était prévue à l’horaire.
Le juge André Prévost a refusé de réduire l’expérience d’Osheaga à une seule performance, d'où son refus de la demande d’action collective. L'ensemble des documents du festival contient l’un ou l’autre des avertissements suivants : « Horaire et programmation sujets à changement » ou « Artistes et horaire sujets à changement. »
« De tels avertissements constituent une indication forte que de tels retards sont loin d'être inusités ou, dans les mots du tribunal, ce “n’est pas chose exceptionnelle pour qui fréquente le milieu culturel” », explique Me Brixi.
« Bref, dans le cadre d'un festival multigenre, le retard d'un artiste ne constitue pas nécessairement un préjudice indemnisable et n'équivaut pas automatiquement à un défaut du promoteur d'exécuter ses obligations », retient la Barreau 2010.