Tête-à-tête avec le doyen de l’UQAM

Theodora Navarro
2016-05-04 15:00:00

Et des techniques, il en a à la pelle. « Avant, comme professeur, on avait le monopole de l’attention, disputé parfois avec la fenêtre, sourit-il. Maintenant, on a la concurrence des courriels et de Facebook. » Alors, pour maintenir la concentration de ses élèves, il ruse, revêt des habits tantôt sérieux, tantôt casual, utilise des mises en scène et joue le jeu de l’approche pratique. À ceux qui suivent son cours optionnel sur la théorie des fondements du droit, il propose d’étudier des oeuvres d’arts populaires. « On va commencer par le Parrain, et on comparera les liens juridiques en regardant ensuite Cendrillon », promet-il. Et ça marche!
Doyen par popularité
Cette popularité comme professeur lui a réussi. Car à l’UQAM, point de nomination, le doyen est élu grâce à une consultation large des enseignants, du personnel de soutien et des étudiants. Indispensable donc d’être un bon professeur, collègue et responsable si l’on veut prétendre au poste! À 42 ans, il est un jeune doyen, même s’il avoue en riant que «ses cheveux le trahissent».
Le maître mot de son mandat de cinq ans, c’est le rapprochement. D’abord avec les autres départements de la faculté, comme celui des sciences politiques, avec lequel il aimerait mettre en place des programmes conjoints. Avec l’international, ensuite. « On voudrait pouvoir développer un réseau avec l’Afrique subsaharienne, faire des cours conjoints et se jumeler avec d’autres universités, énumère-t-il. Et l’on étudie également la possibilité de mettre en place des double diplômes, entre le Québec et la France, par exemple. »
«Un secret bien gardé»

Lorsqu’il parle de sa fac, Hugo Cyr a mille idées et la conviction qu’à l’échelle des possibles, elle est aussi grande que les autres, même si elle est la plus jeune. Il est l’un des rares doyens de faculté à ne pas être devenu doyen de son alma mater. Reste que le choix est délibéré, et peut-être même plus éclairé. «J’ai souhaité être professeur à l’UQAM parce que j’étais convaincu par l’approche plus pragmatique qu’offrait l’enseignement.» Et des universités, il en connaît beaucoup, lui qui est diplômé d’un baccaulauréat en droit de McGill, d’une maîtrise de l’Université américaine Yale et qui a réalisé un doctorat à l’UdeM.
Au coeur de l’ADN de l’UQAM
Mais conscient que chacun apprend à son rythme, il apprécie particulièrement l’attention portée aux élèves et l’accent mis sur leur apprentissage et leur individualité. «À l’UQAM, c’est dans notre ADN», assure-t-il. Il dit être devenu doyen parce qu’il aimait enseigner. «C’est une autre forme de pédagogie, il s’agit d’enrichir l’expérience du plus grand nombre...» Une pédagogie qui nécessite de jongler avec des finances difficiles, comme dans toutes les facultés du Québec. Le budget dépend du nombre d’étudiants que réussit à attirer la faculté. « Cela créé parfois des tensions entre les universités », regrette Hugo Cyr.
Ses idées à foison trouvent parfois porte close lorsqu’il est question de les financer. Mais le professeur ne se laisse pas décontenancer. « Ce que l’on a pas dans le porte-monnaie, on le compense avec le coeur », sourit-il. L’envie de donner le meilleur aux élèves sera toujours la plus forte.