Mesdames les avocates, aidez vos pairs!

Lorsque l’avocate Marie Heinen a accepté de défendre Jian Ghomeshi, elle ne s’attendait probablement à un tel déferlement de haine… de la part des autres femmes! Traitresse, anti-féministe, déloyale envers les femmes, les adjectifs désobligeants n’ont pas manqué pour la qualifier. Dans le Canadian Lawyer Mag, une juriste torontoise de la Telus, Me Neda Canario, s’interroge : si Marie Henein avait été un homme, les commentaires auraient-ils été les mêmes?

Dans le milieu juridique, les femmes doivent encore faire face à certaines difficultés. Le « patriarcat » ainsi que le cite l’auteure,a laissé quelques traces. Et pourtant, le monde du droit évolue. Les femmes sont plus nombreuses dans les facultés, elles accèdent plus souvent à des postes d’associés ou de direction et ils se dégagent alors de véritables modèles, parmi les avocates d’expérience, pour les jeunes qui débutent.

Me Neda Canario rappelle par ailleurs qu’un travail a été effectué du côté des hommes avocats pour qu’ils prennent conscience de l’inégalité salariale et de l’importance de considérer leurs homologues féminines comme leurs égales.

Alors l’auteure s’interroge : pourquoi l’inégalité salariale est-elle encore un problème? Pourquoi les femmes ont encore tant de mal à se faire entendre, et comprendre? Et si le problème venait des femmes elles-même et de leur manque de solidarité?

Comment faire alors?

Et si nous commencions par soutenir cette amie qui cherche une nouvelle job ou souhaite demander une augmentation en louant ses compétences? Et si, en tant qu’avocate, on commençait par s’asseoir quelques minutes par semaine avec une jeune recrue du cabinet pour lui apporter du soutien? Ou prendre le temps de donner quelques conseils de carrière?

Beaucoup de femmes avocates aujourd’hui ont des postes enviables et des carrières réussies. Trop peu d’entre elles, cependant, acceptent encore cette responsabilité de « modèles » et le rôle qui en découle.

Me Neda Canario conseille également de rejoindre une association ou un réseau de femmes juristes pour recréer cette solidarité qui manque un peu dans les rangs féminins. Lorsque les femmes se sentent soutenues par leurs pairs, elles sont d’autant plus enclines à mener à bien leur carrière en faisant fi des obstacles, estime l’avocate.

Alors, la prochaine fois qu’une jeune avocate ou aspirante juriste cherchera à entrer en contact avec vous parce que vous êtes une professionnelle aguerrie, ne fermez pas immédiatement la page. Souvenez-nous de celles et ceux qui vous ont aidé, de combien vous avez apprécié recevoir quelques mots d’encouragements ou quelques conseils. Pensez-y bien, et décrochez votre téléphone. Ainsi va le souhait de Me Canario.