Séance ciné : all you need is love

Céline Gobert
2012-04-27 17:00:00
Pour les avocat(e)s qui rêvent de tomber amoureux sous la Tour Eiffel

Sans parler de chef-d’œuvre, David et Stéphane Foenkinos nous ont concocté un film léger et sans outrance, qui navigue (délicatement) entre comédie dramatique et spleen ludique.
Divisé en trois parties, on suit le personnage de Nathalie à trois stades de son existence amoureuse : la première demi-heure relate son coup de foudre parisien avec François (Pio Marmaï), l’homme parfait, futur père de ses enfants, la seconde frappe la jeune fille de plein fouet : mort subite du compagnon, deuil à faire.
La troisième la voit se rapprocher de Markus, un collègue physiquement ingrat mais plein d’humour. Trois temps, trois mouvements. Et trois couleurs différentes (enthousiasme-chagrin-renaissance), toutes aussi charmantes.
Les frères Foenkinos ne prennent pas trop de risques (si ce n’est quelques transitions de montage bien senties), mais font preuve d’une telle sensibilité, parfois à la limite de la préciosité, que leur univers se révèle parfaitement crédible à l’écran.
Doucement, lentement, les mots prennent vie, et les cinéastes construisent leurs personnages sans tomber dans l’écueil du trop littéraire, tirant le meilleur parti de leurs acteurs (Tautou, habitée ; Damiens, vraiment surprenant).
Soignant également leurs seconds rôles (excellente Joséphine De Meaux en meilleure amie concernée), la ballade, au final, est d’un romantisme assez cruel, sorte de bonbon sucré aux relents acidulés que viennent ponctuer les mots et notes d’une Emilie Simon inspirée.
D comme Doutes
Pour les avocat(e)s allergiques au mariage

Des figures que Katia Lewkowicz a voulu rendre familières, accessibles, un peu loufoques. Pour amuser d’abord, créer un processus d’identification et de connivence avec le spectateur ensuite.
Les doutes de ce mec de 35 ans (qui n’a d’ailleurs pas de prénom, à l’instar des protagonistes joués par les toujours parfaites Emmanuelle Devos et Nicole Garcia), ce sont des doutes universels : la peur de grandir, de s’engager, de finir cloîtré dans un trois pièces à choisir la place de la commode.
Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les films de mariages, le genre comique en général, les thématiques abordées. De toute façon, ce n’est pas ça.
La grande qualité de Pourquoi tu pleures ?, c’est surtout cet atypisme réjouissant dont il use et abuse, quelque part entre surréalisme moderne et ludique masturbation intellectuelle.
Pour le coup, s’il brille par des poussées chaotiques qui l’entraînent sur des chemins inédits, idéaux pour l’improvisation (la claque de Garcia filée à Biolay), l’ensemble - le reste du temps- demeure cloué au sol par des répliques sur-écrites, des poses trop étudiées, un manque de souffle et de légèreté que vient étouffer la misanthropie générale. C’est bien beau d’errer, mais ça ne mène parfois nulle part.
La fadeur du personnage principal, sûrement voulue, sûrement étudiée, n’incite jamais à l’empathie, créant une atmosphère bizarrement anesthésiante et sans souffle, impropre aux problématiques soulevées.