Cinéma

Séance ciné : sous le signe de l’altruisme

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Céline Gobert

2012-04-06 17:00:00

Pâques et son week-end à rallonges vont vous permettre de vous relaxer, de vous gaver de chocolat, et même, d’aller au cinéma. Pourquoi ne pas penser aussi à autrui ? C’est en tout cas ce que préconisent les deux films de la semaine…
S comme Sans-abris

Source d’inspiration pour les avocat(e)s : l’importance de la générosité

Voici donc No, SDF de 19 ans, aussi paumée qu’amochée, (cou)rageuse, violente, pétillante. Breitman, en adaptant le roman de Delphine de Vigan, y conte la rencontre, le choc entre plusieurs mondes : la cruauté de la rue qui s’oppose à la chaleur d’un foyer familial, les croyances naïves et altruistes d’une fille de 13 ans (Nina Rodriguez) versus le désespoir blasé d’une autre, revenue de tout.

Julie-Marie Parmentier : un nom qui n’évoque rien au commun des mortels. Et pourtant. Zabou Breitman la sort de l’ombre, ici, lui offrant ce rôle en or, opportunité pour l’actrice de laisser place à toute sa gouaille, son énergie, sa gueule d’ange au sourire carnassier.

En s’interrogeant avec tact sur un fléau contemporain, et sans jamais tomber dans le travers du film social à message, glissant des chiffres (800 000 sans abris en France, 17% sont des femmes, 20% ont moins de 25 ans), des portraits (celui de Campan et Breitman en parents dépassés- elle dépressive, lui abîmé- est d’une profonde justesse), des sons (Portishead, Stain) et des idées (mise en scène très soignée, très belle, entre une séquence de bain sublimée et des apartés en dessin animé), Zabou Breitman confirme son statut de cinéaste qui compte dans le paysage cinématographique français.

A chacun de ses films, elle offre une profonde sensibilité, une délicatesse inédite à sa mise en scène, insuffle une existence, du corps, du cœur à ses personnages, et, s’empare à chaque fois d’un sujet sensible, peu traité, transcendant l’aspect rebutant sur le papier pour livrer une pépite visuelle, très personnelle, très travaillée.

Comme en témoignait déjà l’audace de Se souvenir des belles choses (sur l’Alzheimer), ou celle de l’Homme de sa vie (sur l’homosexualité masculine).

Aujourd’hui, avec No et moi, elle pose subtilement sa caméra sur l’adolescence, effleurant des êtres un peu fous, un peu décalés, réunion d’un duo esquinté et d’un trio survolté, qui croient tous- à l’instar de son approche du cinéma- à l’importance de la générosité, et, du regard posé sur l’autre.

S comme Sororale

Source d’inspiration pour les avocat(es): la nécessité de l’humanisme

Katniss et Primrose Everdeen sont sœurs. Elles habitent le District 12, l’un des plus pauvres d’une Amérique du Nord totalitaire, dévastée par la guerre et régie par de nouvelles règles.

Chaque année, un garçon et une fille de chaque district sont désignés pour mener un combat à mort forestier. Un seul survivra afin de maintenir, par le sacrifice commun, la paix entre les différents districts.

En se portant volontaire pour sauver sa sœur des griffes de l’émission télévisée qui suit, en direct, la survie des participants, Katniss (géniale Jennifer Lawrence, vue dans Winter’s Bone) se retrouve plongée dans un univers cauchemardesque et post moderne, où les cadavres s’empilent à mesure que l’audimat grimpe. Tous les coups (alliances, trahisons, manipulations du public) sont permis. Un seul but ? Vivre.

Harry Potter étant relégué au passé et la saga Twilight sur le point de lâcher son dernier souffle, les studios américains l’ont bien compris : il fallait un remplaçant. L’adaptation d’Hunger Games, premier tome d’une série de bouquins pour adolescents signés Suzanne Collins tombe donc à pic, mixant des thèmes chers à toute la génération 2000 : amours impossibles, violences sociales, réflexion sur l’humanité, l’humanisme, l’influence écrasante des médias et de la TV réalité.

Moins extrême que le japonais Battle Royale, et plus édulcoré qu’un Running Man, Hunger Games ne sacrifie pourtant pas, en tentant de rendre l’ensemble accessible aux plus jeunes, la brutalité de son propos.

Pistes de réflexion autour du voyeurisme, de la notion de communauté, de la cruauté comme passage obligé pour triompher d’une société impitoyable et gangrenée par la toute-puissance de l’image: Gary Ross (Pleasantville) opte pour un spectacle de la guerre aux accents intimistes, préférant l’émotion à l’action, étirant les scènes pour mieux fouiller les caractères.

A première vue, Hunger Games a tout du film pour ados. Son atout premier est d’être, au fond, et à l’instar de ses protagonistes, (déjà) très adulte.
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