De Toronto à la Beauce: son changement de cap récompensé!
Céline Gobert
2018-10-02 11:15:00
C’est d’ailleurs elle qui a soumis sa candidature au prix. «C’était une belle opportunité de parler de la clinique, dit celle qui est épaulée par des pasteurs ou des secrétaires de l’église dans ce travail bénévole. Et pouvoir le faire devant les membres du Barreau, c’était vraiment spécial.»
Dans le petit local prêté par l’église du coin, l’avocate de 34 ans reçoit ainsi entre 4 et 7 immigrants par mois. Elle consacre environ 5 heures par mois aux rencontres et une demi heure par semaine pour la prise de rendez-vous.
Étant donné que bon nombre de clients potentiels n’avaient pas les moyens de se payer une consultation, elle a voulu agir.
Un changement radical de carrière
La jeune femme, qui exerce chez BB Immigration, une filiale du cabinet Bernier Beaudry, est arrivée au Québec en 2014, après avoir suivi son mari beauceron, un professionnel en service après vente.
De la vie urbaine de Toronto, elle est passée à un rythme de vie pour le moins plus calme! Surtout «aux heures de pointe», plaisante-t-elle.
«C’est comme une carrière complètement différente!, dit à Droit-inc l’ancienne plaideuse dans des dossiers d’assurances chez Brunner & Lundy. Je devais changer de domaine car mon français n’est pas parfait et je ne me voyais pas aller devant le juge ainsi. Donc pour pouvoir garder le contact avec les clients mais sans la pression, j’ai choisi le droit de l’immigration.»
Un besoin, une opportunité
Bingo! Il n’y avait même pas d’avocat dans ce domaine en Beauce.
«Il y avait un besoin, et j’y ai vu une belle opportunité», dit celle qui a du passer le Barreau du Québec en 2017, alors qu’elle est déjà membre de celui de l’Ontario (2009) et du Nouveau-Brunswick (2007).
Les entreprises d’ici, et notamment les usines, sont en véritable pénurie de main-d’oeuvre, explique la juriste. «C’est un gros problème.» Elles n’ont alors pas d’autres choix que de faire venir des travailleurs de l’étranger.
Récemment, elle a ainsi reçu des immigrants du Nicaragua, d'Haïti, du Cameroun ou encore de Colombie. Parfois, elle a même affaire à des dossiers en droit familial «plus intéressants» que ceux de sa pratique privée. «J’ai même reçu des réfugiés, ce qui n’est pas courant», dit celle qui se réjouit d’avoir pu diversifier son expérience professionnelle.
Sur leurs lèvres, certaines questions reviennent : comment faire venir sa famille de l’étranger au Canada? Comment obtenir la résidence permanente? Comment parrainer un conjoint qui vit à l’extérieur du pays lorsqu’on est Québécois?
1000 $ pour la santé mentale
En plus d’avoir mis sur pied cette clinique juridique mensuelle, Me Evelyn donne aussi des ateliers en droit à l’hôpital de Saint-Georges et est bénévole avec L'A-Droit, de Chaudière-Appalaches.
Ce dernier organisme recevra d’ailleurs les 1000 dollars qui accompagnent le prix reçu par la juriste. Sa mission est la promotion et la défense de droits en santé mentale.
«Il s’agit de la première place dans laquelle j’ai travaillé bénévolement en Beauce. J’ai bien aimé ça. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui font un travail sur le terrain, ici, j’ai été impressionnée et je voulais donc les appuyer.»