Entrevues

L’avocate branchée

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Céline Gobert

2016-12-05 15:00:00

De l’Université Laval à HEC, cette juriste a assumé jusqu’au bout son profil entrepreneurial. Elle déplore que les carrières alternatives ne soient pas plus mises en avant dans les Facultés en droit...
Me Nada Belhadfa, Directrice du développement des affaires chez Notarius
Me Nada Belhadfa, Directrice du développement des affaires chez Notarius
Me Nada Belhadfa est Directrice du développement des affaires chez Notarius. Elle a obtenu le Barreau en 2014, après un bacc en droit à Laval. Tout de suite après, elle s’est lancée dans une maîtrise en commerce électronique à HEC.

Au cours de ses études, elle a appris le droit, le marketing, le commerce électronique et même des notions de psychologie. Elle y croit dur comme fer : l’avocat de demain est pluridisciplinaire, branché et curieux! Entrevue.

Droit-inc : Saviez-vous dès le début de votre bacc que votre profil était peut-être plus entrepreneurial que celui des autres étudiants en droit ?

Me Nada Belhadfa : Oui, définitivement. Pour moi, le professionnel de demain est pluridisciplinaire, il doit s’ouvrir à de nouvelles technologies. C’est essentiel dans le contexte actuel du marché, non moins pour se distinguer que pour ne pas rester confiné dans son domaine d’expertise. L’avocat doit pouvoir aborder des questions de droit de façon différente. Ma maîtrise m’a ouvert les yeux sur ce qui se fait en marketing, en analyse de data, en psychologie du comportement du consommateur. On peut faire des parallèles avec le droit et penser à des façons de se renouveler.

Aujourd’hui, vous êtes directrice du développement des affaires chez Notarius. Qu’est-ce qui vous a motivé à occuper ce poste ?

Grâce à ma maîtrise, j’ai trouvé ce poste qui n’était pas ouvert. Le VP au développement des affaires est un avocat de plus de 20 ans d’expérience. Il avait besoin d’une relève pour l’assister dans les dossiers à travers le Canada. Nous sommes une compagnie montréalaise mais nous travaillons avec la Colombie-Britannique, l’Alberta, le Manitoba, les Maritimes, en lien avec les gouvernements, les municipalités, les ordres professionnels. Mon profil bicéphal convenait parfaitement pour le poste.

À quoi ressemble votre quotidien? Quels sont vos mandats? Vos défis ?

Ils sont très variés, je passe la moitié de mon temps à l’extérieur. Cette semaine, je serai à Toronto. Je rencontre beaucoup d’associations ou ordres professionnels, d’instances gouvernementales ou municipales pour les aider à faire avancer le dossier de la transformation numérique. Notre créneau, c’est le document officiel, que certains ont des réticences à voir passer au numérique. Je leur explique qu’il y a des façons de rendre le document électronique fiable, avec une même valeur juridique que le papier. Je les aide à moderniser leur pratique, à lancer des initiatives à l’interne. À Montréal, je fais beaucoup de mandats juridiques, de rédaction, de recherche, je prépare des conférences, des formations. Je fais face à la gestion du changement, j’amène les gens à ouvrir leurs horizons, ce qui peut être difficile dans les grandes organisations où il y a beaucoup d’administratif, beaucoup d’étages. Il faut changer notre façon de voir les choses.

Pensez-vous que l’avocat ou la profession juridique en général soit à la traîne en matière technologique?

Oui, mais ce n’est pas la seule. Le coeur du problème, c’est le document officiel et les réticences de certains corps de métier pour amener ces documents vers l’électronique. La signature électronique, on en parle depuis les années 2000, ça sauve du temps, de l’argent. Tout va vers la numérisation. Qu’un avocat doive encore faxer un document, c’est quand même spécial!

Qu’est-ce qui fait peur à ces professionnels?

C’est moins une question de peur que d’éducation. Chez les avocats, on se pose des questions comme : comment protéger une document de façon fiable? Comment le créer? Comment établir un certificat numérique pour authentifier un document? Ne pas savoir comment rendre un document fiable, à l’époque où tout est facilement altérable, cette peur-là existe. Mais il est possible de valider entièrement la fiabilité d’une signature électronique. Il faut éduquer les gens et leur montrer qu’il est possible de faire des affaires différemment.

Justement, quelle est votre vision des affaires?

L’avocat du 21e siècle, comme tous les professionnels, doit être pluridisciplinaire, il doit être un entrepreneur capable de communiquer avec d’autres corps de métier, faire des affaires de façon différente, être un conciliateur, être capable de s’adapter au client et à son langage. Il doit savoir « faire le pont ». L’avocat de demain est versatil.

Quel regard portez-vous sur le marché juridique présentement saturé? Pensez-vous que votre vision pourrait permettre aux jeunes de s’insérer sur le marché?

Oui, sans vouloir être critique je pense qu’en tant que jeunes on n’est pas assez outillés pour face à ces nouvelles réalités du marché du travail. On a beaucoup d’obligations envers le Barreau… On devrait avoir plus de cours sur comment se lancer en solo? etc. Que l’on ait plus de structures, moins de théorique. Ce serait bien de donner plus d’outils à ces avocats qui voudraient « plonger ». Quand j’étais au bacc, on nous parlait que des gros cabinets, on n’a pas accès à beaucoup d’exemples de carrières alternatives. Finalement, dans ma cohorte, nous ne sommes pas nombreux à être sortis des sentiers tout tracés.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaiteraient suivre vos traces?

D’être curieux! De ne pas hésiter à prendre des cours pour s’ouvrir à d’autres choses. À Montréal, il y a un foisonnement technologique avec plein de start-up, Google qui vient financer l’intelligence artificielle, beaucoup de choses s’y passent. C’est l’ère du numérique, il faut se mettre à la page! Par exemple, j’ai pris des cours de psychologie, ce sont eux qui m’ont permis de faire le pont entre le marketing et le droit. Il y a de beaux outils en marketing que l’on pourrait utiliser en droit, pour une approche différente.
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1 commentaire
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 8 ans
    Ulavalien
    Félicitations pour ton beau succès Nada! C'est un plaisir de voir où tu es rendu depuis le bacc!

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