Sonia Lebel dans le viseur de Véronique Hivon

Me Véronique Hivon fait partie des neuf députés péquistes à avoir survécu à la vague caquiste le 1er octobre.

L’avocate revient avec Droit-inc sur les chantiers en matière de justice qui attendent le gouvernement et sur la remise en question de son parti.

Droit-inc : Que pensez-vous de la nomination de Sonia Lebel au ministère de la Justice ?

Me Véronique Hivon : On connaît très bien Mme Lebel pour son rôle dans la Commission Charbonneau. Elle a une expérience importante en matière de justice criminelle et j’espère qu’elle aura aussi un grand souci pour l’accès à la justice en matière civile et familiale.

Il y a beaucoup de chantiers en justice, alors je lui souhaite la meilleure des chances dans son mandat pour le bien supérieur de tous les Québécois et de la justice. Je vais surveiller de près son travail pour m’assurer que la justice ait la part qui doit lui revenir.

Quels sont ces chantiers prioritaires selon vous ?

Le grand chantier c’est encore et toujours la question de l’accès à la justice. Les résultats concrets se font attendre. En matière criminelle on a eu un électrochoc avec l’arrêt Jordan. Il va falloir s’assurer que les bonnes intentions et les investissements qui ont été faits plus tard que tôt par le gouvernement libéral auront une suite. Il faut aussi s’assurer qu’en matière civile, on encourage la prévention des conflits. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas un arrêt Jordan en matière civile et familiale, que l’urgence d’avoir un meilleur accès à la justice n’est pas réelle.

Il faut sortir la justice des palais de justice et qu’on mette en avant la prévention des conflits. Les citoyens doivent avoir une meilleure connaissance de leurs droits. Il y a beaucoup de travail à faire avec les organismes et il faut les soutenir.

J’aimerais qu’on réfléchisse aussi aux suites que l’on veut donner au mouvement #MoiAussi. Ça a été un grand révélateur du manque de confiance entre les victimes de violences sexuelles et le système de justice. Je pense qu’on doit se pencher de manière urgente sur la manière de mieux accompagner les victimes.

Il faudrait explorer la création d’une chambre spécialisée en matière de crimes et de violences sexuelles et conjugales dans la Chambre criminelle de la Cour du Québec. L’idée doit être explorée de manière non partisane avec les collègues. C’est une initiative qu’on a vu dans certains pays et qui a des résultats intéressants.

Que vous a apporté le droit dans votre carrière de politicienne ?

Le droit est une école de formation extraordinaire, car au-delà des connaissances, on développe des compétences, une manière de réfléchir, d’argumenter, de compartimenter les enjeux. Cela m’a appris à toujours voir les deux côtés d’une médaille et de m’intéresser à toutes les facettes d’un enjeu.

Comment analysez-vous la défaite du Parti québécois qui contraste avec votre victoire ?

Ce sont des émotions mélangées. Je suis très fière de ma réélection dans ma circonscription. Je suis très heureuse de pouvoir poursuivre cette relation avec les gens de Joliette.D’un autre côté, j’ai perdu des collègues que j’estimais beaucoup et qui faisaient un travail extraordinaire.

Je souhaite que le PQ se reconnecte et qu’on puisse avoir un lien renouvelé avec la population du Québec pour parler des idées dans lesquelles on croit vraiment.

Nous devons faire une introspection profonde de toute les causes qui ont mené au résultat du 1er octobre. Il y a eu une volonté très forte de se dégager du Parti libéral et cela a favorisé la Coalition avenir Québec (CAQ) qui était vue comme le parti qui avait les chances de battre le Parti libéral. Il y a aussi des causes plus profondes qu’il va falloir analyser.

Le PQ n’est-il pas devenu un parti de l’ancien temps ?

Non je ne crois pas, mais il y a une perception sur laquelle il va falloir travailler. Il faut se remettre en question. Nous devons faire un exercice en profondeur. Je peux toutefois vous dire que c’est un parti qui se renouvelle en permanence, notamment avec nos jeunes députés. Nous sommes très modernes dans notre manière de vouloir faire les choses.

Irez-vous au bout de votre mandat ?

C’est certain! Pour moi c’est fondamental. J’ai plein d’énergie, je veux me battre encore et toujours pour les citoyens que j’ai l’honneur de représenter. Je veux aussi me battre pour les idées dans lesquelles je crois profondément, comme l’égalité des chances et la justice sociale, la souveraineté du Québec, faire en sorte que les Québécois puissent aller au bout d’eux même et de leurs ambitions.

Je vais me battre au quotidien pour ces idées-là. Ma détermination est intacte. Ce n’est pas à la légère qu’on se présente, c’est parce qu’on veut exercer un mandat et le mener à terme.

Quel sera votre plus grand défi ?

Être une opposition solide, positive et constructive. On souhaite que ce gouvernement soit bon pour les Québécois et notre défi sera de s’assurer que les gestes qui seront posés vont bénéficier au plus grand nombre, sans oublier l’importance des besoins de chaque personne et donc des plus vulnérables. À plus court terme, le plus gros défi sera de m’approprier les dossiers qui me seront confiés en tant que porte-parole de l’opposition.