Karim Renno

L’hypothèque et le rang de celle-ci sont des accessoires de la créance

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Karim Renno

2020-05-04 13:15:00

Selon la Cour d’appel, l'hypothèque et le rang de celle-ci sont des accessoires de la créance. Karim Renno explique pourquoi...
Karim Renno est associé fondateur du cabinet Renno Vathilakis Inc. Source : Renno Vathilakis Inc
Karim Renno est associé fondateur du cabinet Renno Vathilakis Inc. Source : Renno Vathilakis Inc
La notion de ce qui est accessoire à une créance est d'une grande importance puisque cela détermine ce qui se transfère automatiquement lorsqu'il y a cession de créance (et ce qui s'éteint automatiquement lorsque la créance est éteinte).

Dans l'affaire Syndic de Distribution Pri inc. (2020 QCCA 487), la Cour d'appel nous enseigne que non seulement est-ce qu'une hypothèque est un accessoire de la créance, mais le rang de celle-ci et le droit de le céder sont également des accessoires.

Dans cette affaire, la Cour est saisie d'un pourvoi à l'encontre d'un jugement de première instance qui a rejeté un appel à l'encontre d'une décision du syndic de faillite. La question centrale est celle du rang hypothécaire de certains créanciers suite à une subrogation conventionnelle.

En effet, le créancier subrogeant était titulaire d'un rang particulier en raison d'une convention entre prêteurs. Se posait la question en première instance de savoir si la subrogation a transféré au créancier subrogé ce rang.

Le juge de première instance a répondu par la négative à cette question, jugeant que la convention entre prêteurs n'était pas un accessoire de la créance ou de l'hypothèque.

Dans une décision unanime rendue sous la plume de l'Honorable juge Schrager, la Cour d'appel casse le jugement de première instance. Le juge Schrager en vient en effet à la conclusion que l'hypothèque, le rang hypothécaire et le droit de céder ce rang sont tous des accessoires de la créance, de sorte que le créancier subrogé bénéficie des droits découlant de la convention entre prêteurs:

(33) La Convention entre prêteurs s’apparente à un contrat de subordination, soit une entente par laquelle un créancier accepte de ne pas être remboursé, en certaines circonstances, avant le paiement d’un autre créancier. L’intimée s’engageait, dans son offre de renouvellement de crédit à Groupe P.R. à subordonner le rang prioritaire de ses propres hypothèques sur certains biens en faveur de tout prêteur privé remplissant les conditions énoncées dans la clause 6.2.3, jusqu’à un montant de 850 000 $. La Convention qui donne effet à cet engagement affecte donc la manière de remboursement inter se des créances de la BNC et les appelantes. Vue de cette manière, la Convention est un accessoire des deux créances.

(34) D’ailleurs, les accessoires d’une créance hypothécaire comprennent non seulement l’hypothèque, mais également les droits associés à l’hypothèque, tel le rang de celle-ci. L’hypothèque étant un accessoire de la créance, la convention qui modifie le rang de l’hypothèque est au moins un accessoire de l’hypothèque. Si la Convention est l’accessoire de l’hypothèque et que celle-ci est l’accessoire de la créance, la logique booléenne indique que la Convention est donc elle aussi l’accessoire de la créance.

(35) Il a d’ailleurs été reconnu que la personne ayant été subrogée dans les droits d’un créancier à qui une priorité avait été consentie par une entente a droit d’être colloquée au même rang que le subrogeant. Il n’y a donc pas de distinction, du moins, en l’espèce, entre le droit que donne au créancier le rang de l’hypothèque, qu’il soit déterminé par la date de publication de celle-ci ou par un consentement à priorité.

Sur l’auteur

Karim Renno est associé fondateur du cabinet Renno Vathilakis Inc. Il est le fondateur et rédacteur en chef du Blogue À bon droit où il publie régulièrement des billets de jurisprudence. Durant la crise que nous traversons, il partagera ses réflexions avec les lecteurs de Droit-inc.com sur un sujet d'actualité juridique.
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1 commentaire
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 4 ans
    C'est vraiment minable !
    Ce qui m'apparait minable, c'est qu'en 2020, après de décennies de droit de suretés, ce genre de question hyper de base ne soit pas réglé depuis longtemps.

    C'est vraiment bon pour les affaires un tel climat d'incertitude juridique, et ça appel à réfléchir avant de se moquer de la Corée du nord (ceci dit, j'ignore tout du droit des suretés en Corée du nord).

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