Art, droit et censure au Dîner présidentiel de l’ABC-Québec
Stéphanie Parent
2016-04-13 11:15:00
Elle présentera sa réflexion sur la censure au Musée sous le titre « Moi ! la censure, jamais !» De quelques histoires vécues sur l'autocensure positive et la liberté responsable au Musée.
Favoriser les échanges entre les univers
Quel lien y a-t-il à faire entre la communauté juridique et le milieu de l’art? C’est ce qu’explique la présidente de l’ABC-Québec, Me Michèle Moreau, qui a choisi d’inviter Mme Bondil à titre de conférencière d’honneur lors du Dîner présidentiel de juin, qui coïncidera avec le 65e anniversaire de fondation de la Division.
« Il y a longtemps que je crois en un rapprochement entre les mondes juridique et des arts, indique l’avocate. Je pense que l’ancienne façon de pratiquer le droit n’est plus pertinente. Le monde artistique est ouvert au changement et peut nous inspirer dans notre nécessaire évolution. » La directrice du Musée des beaux-arts de Montréal lui semblait toute désignée pour faire le pont, elle qui fait déjà des croisements entre les milieux de l’art, de la santé et de l’éducation.
Mme Bondil se penchera sur les limites actuelles de ce qui est acceptable de montrer en présentant des cas vécus allant des attentats du World Trade Center aux têtes maories. « L'autocensure va de pair avec le bon sens, explique-t-elle. La sociologie animée d'une bonne dose d'empathie est nécessaire pour ajuster ses antennes dans le brouhaha médiatique quotidien. Tout est question de respect des contenus et des publics, l'un ET l'autre sans compromis. »
Me Moreau croit que l’allocution de la conférencière saura susciter la réflexion et la discussion « La censure a une dimension juridique et je suis convaincue que les participants dans la salle seront touchés », précise-t-elle.
Pour Mme Bondil, les mêmes forces sont à l’œuvre dans l’évolution du droit et des arts. « De la loi générale aux coutumes locales, il y a des adaptations tout comme ce qui est montrable change suivant les cultures sans pour autant modifier nos valeurs. Également, les sensibilités de ce qui est admissible ou non évoluent rapidement au cours de l'histoire. Par exemple, les têtes maories ne peuvent plus être considérées comme des objets de collection quand elles apparaissent pour nos générations comme des restes humains. Le musée et l'art suivent l'évolution de nos mentalités comme le droit et la loi. »
Elle souhaite montrer que l'art et le musée, tout comme le droit et la loi, accompagnent, et parfois même précèdent, nos préoccupations actuelles. « Je pense que la plupart des avocats s’intéressent aux arts d’une façon ou d’un autre », ajoute Me Moreau.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Mme Bondil s’adressera à un public de juristes. « J’ai travaillé avec elle lors de la conférence Innovation et accès à la justice en octobre dernier », explique Me Moreau. Et lorsque l’on demande à la conservatrice en chef quelle œuvre elle associe aux juristes, c’est l’œuvre La famille de Robert Roussil du Musée des beaux-arts de Montréal qui lui vient à l’esprit.
Il s’agit d’une « icône de l'art québécois aujourd'hui qui fut pourtant coffrée par la police, et l'objet de nombreuses polémiques pour indécence... il n'y a pas si longtemps, indique-t-elle. Un cas de censure célèbre. »
Une soirée attendue
« C’est un événement apprécié où les gens se retrouvent et qui a ses fidèles », souligne Me Moreau au sujet du Dîner présidentiel. Cette soirée contribue également au sentiment d’appartenance à l’ABC-Québec.
Le Dîner présidentiel est également l’occasion pour l’ABC-Québec de reconnaître l’engagement bénévole de ses membres par la remise du prix Jules-Deschênes, du Prix pro bono Rajpattie-Persaud, le Prix d'excellence - Sections de droit et le Prix Étudiant - engagement social.
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