Blockchain : des changements inévitables pour les avocats
Maxime Fournier
2017-10-17 14:30:00
En bref, la blockchain se décrit comme un ensemble de registres collectifs où les transactions sont cumulées et validées par un réseau informatique décentralisé. L’utilisation de la cryptographie assure l’intégrité de l’information tout en apportant confiance et sécurité aux usagers. Lorsqu’une transaction est validée, elle fait partie intégrante de la chaîne et ne peut être supprimée. La décentralisation et la fiabilité de l’information font en sorte que l’intervention d’intermédiaires n’y est plus requise sinon minime, éliminant du même coup les frais associés.
L’effervescence du bitcoin n’est certainement pas étrangère à la mise à l’avant-plan de la technologie blockchain. Bien que les services bancaires et financiers soient souvent les secteurs venant à l’esprit lorsque l’on s’attarde à la liste des transformations potentielles que pourrait générer la blockchain, celle-ci devrait aussi entraîner des changements dans la plupart des secteurs de l’économie. Les services professionnels ne feront assurément pas figure d’exceptions; comptables et avocats de ce monde se préparent déjà à affronter la vague.
Impacts pour l’avocat
Comme c’est le cas pour plusieurs nouvelles technologies, le cadre juridique entourant la blockchain est encore dans une zone grise, les intervenants étant toujours à observer l’évolution de la technologie. Le fait est que, comme pour le comptable, un système sans intermédiaires, où la validité et la sécurité de l’information sont quasi garanties, pourrait entraîner la disparition de certaines tâches de l’avocat.
L’utilisation de contrats intelligents (Smart Contracts) engendrera également des changements importants dans le travail des avocats. Aujourd’hui d'ailleurs, ces ententes qui permettent le transfert automatisé de valeurs basé sur des conditions mutuellement convenues sont déjà rendues possibles, notamment via la plateforme Ethereum. Bien que l’utilisation de ces contrats puisse venir diminuer l’intervention de l’avocat, ils pourraient également devenir un outil incontournable dans l’élaboration et la conclusion d’ententes futures.
Par ailleurs, si la blockchain apparaît comme une menace pour certaines pratiques du droit, elle peut s’avérer génératrice d’opportunités pour d’autres. Les besoins découlant de l’absence d’un cadre réglementaire ainsi que l’émergence des ICO (Initial Coin Offering) en sont de bons exemples.
Impacts pour le comptable
L’élimination des intermédiaires engendrée par la structure d’un écosystème blockchain représente par définition une menace pour certaines tâches effectuées par les comptables. À titre d’exemple, le travail d’auditeur, lequel a comme objectif fondamental de s’assurer de la fiabilité de l’information financière, pourrait diminuer drastiquement, s’automatiser et ne porter que sur la vérification des transactions de la blockchain. Il y a donc fort à parier que les comptables devront revoir leur offre de services et se positionner davantage en tant que conseiller pour la gestion et la croissance de l’entreprise.
En conclusion, si la blockchain n’en est toujours qu’à ses premiers balbutiements, il est facile de visualiser l’ampleur de cette technologie dans de multiples facettes de notre quotidien. Comptable comme avocat, de la petite firme à la grande, ce sont tous les professionnels qui ont intérêt à se mettre à l’heure de la blockchain, ne serait-ce que pour être prêt à répondre aux questions de clients relativement à la technologie, lesquelles viendront assurément.
Maxime a acquis une vaste expérience auprès d’entreprises de toutes tailles qui sont actives dans divers secteurs, notamment ceux de la finance, des services-conseils, des TI, des médias et des télécommunications. Il aide les entreprises en phase de démarrage et celles en situation de restructuration ou d’insolvabilité.
Maxime est titulaire d’un baccalauréat en administration et d’un diplôme d’études supérieures de HEC Montréal. Comptable professionnel agréé (CPA), il a obtenu le titre de comptable agréé (CA) en 2003. Il est également analyste financier agréé (CFA).