Une maman à la Couronne
Martine Renaud
2010-03-08 10:15:00
Travailler à la Couronne fédérale était déjà son objectif comme étudiante à l’université. Elle voulait travailler en droit criminel du côté de la poursuite et recherchait des conditions de travail qui lui permettraient éventuellement de fonder une famille et d’arriver à concilier carrière et vie personnelle.
Pari réussi : 15 ans plus tard, elle poursuit une brillante carrière à la Couronne fédérale et est mère de 2 enfants, de 10 et 13 ans.
Maternité et retour au travail
Ses congés de maternité, elle a pu en profiter entièrement, sans avoir à faire de suivi avec le bureau. Mais, comme la majorité des femmes, son plus grand défi, lorsqu’elle est retournée au travail, a été de gérer son horaire du temps en tenant compte non plus seulement de ses obligations de travail mais aussi celles d’une vie familiale (horaires de garderie, maladies des enfants, rendez-vous chez le médecin, etc.).
Ce qui l’a aidée à garder l’équilibre qu’elle recherchait entre vies professionnelle et familiale, ce sont les conditions de travail proposées par le gouvernement fédéral.
Selon les circonstances, il peut être possible de travailler à temps partiel, soit 3 ou 4 jours par semaine, de prendre un congé sans solde jusqu’à ce que les enfants soient en âge d’aller à l’école à temps plein (5 ans), de bénéficier de 5 jours pour des obligations familiales ou encore de prendre un congé d’étalement, c'est-à-dire consentir à une diminution de salaire étalée sur un an, en contrepartie de semaines de vacances supplémentaires.
Me Nunes a été en mesure, pendant 5 ans, de prendre ses étés de congé afin d’être avec ses enfants. Il s’agit certes d’un avantage extraordinaire pour les parents dont les enfants vont à l’école et qui ne désirent pas nécessairement les envoyer tout l’été dans des camps de vacances. Mais tout de même plus facile à dire qu’à réaliser ! En effet, dans le but de préparer son congé d’étalement, Me Nunes devait s’organiser plusieurs mois d’avance de façon intensive afin qu’à son départ, à la fin du mois de juin, tous ses dossiers soient organisés et prêts à procéder dès son retour à la fin du mois d’août. Elle devait également s’assurer auprès de ses collègues quant au suivi de tous ses dossiers.
Travail d’équipe
En plus de ces avantages, la relation d’entraide qui existe au sein des équipes de travail est remarquable.
« Nous sommes tous conscients de nos avantages et afin de permettre à chacun d’en bénéficier on se retrouve de temps à autre avec une surcharge de travail temporaire. Mais c’est du travail d’équipe et nous avons tous à cœur l’objectif de conserver un équilibre entre notre qualité de vie, notre passion pour le droit criminel et notre épanouissement au point de vue carrière », mentionne Me Nunes.
Encore plus efficace qu’avant d’avoir des enfants
À la question de savoir si elle se sentait aussi efficace qu’avant d’avoir des enfants, Me Nunes répond spontanément : « Encore bien plus efficace ! On devient plus habile dans la gestion de tâches multiples dans un court laps de temps. Et devant le nombre de choses à faire dans les mêmes 24 heures par jour, la seule façon de survivre avec une carrière et des enfants c’est de mieux prioriser et organiser les tâches et l’efficacité doit être au rendez-vous. »
Occasions d’affaires
Est-ce que Me Nunes a l’impression d’avoir perdu des occasions d’affaires du fait d’avoir eu des enfants ?
« Inévitablement, nos choix pour la famille ralentissent un peu le cheminement d’une carrière, mais par contre ça ne l’arrête pas. Réalistement, on ne peut pas s’attendre à avoir les mêmes promotions en travaillant à temps partiel ou en prenant un congé d’étalement qu’un collègue qui travaille douze mois par année. Mais c’est un choix personnel que l’on fait de se consacrer davantage à la famille et quand les enfants sont plus grands, rien ne nous empêche de remettre plus d’emphase sur la carrière », dit-elle. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Me Nunes qui s’est vue promue, depuis l’automne 2009, au poste d’avocate conseil et chef d’équipe.
Comment améliorer la qualité de vie professionnelle des mamans avocates ?
À cette question, Me Nunes répond qu’au gouvernement, le nombre de semaines de vacances pourrait être augmenté et au privé, une souplesse accrue devrait être concédée au niveau de l’horaire de travail. Le temps partiel devrait être possible et une approche davantage basée sur les résultats devraient être priorisée au nombre d’heures facturées.
Fonction publique
Pour ceux qui ont encore de préjugés contre la fonction publique, ne faites pas l’erreur de penser qu’un poste au gouvernement représente du 9 à 5. Le secteur public est de plus en plus axé sur la productivité, les charges de travail sont augmentées et les avocats doivent faire face aux nombreux échéanciers tout comme les avocats du secteur privé.
Un modèle à suivre pour la conciliation travail-famille
Alors si les avocats de la fonction publique arrivent à s’organiser avec davantage de flexibilité sur le plan des congés depuis plusieurs années, pourquoi le secteur privé n’y arriverait pas ? Tout est dans la perception, l’acceptation de cette réalité de société et ensuite dans l’organisation.
Note : Les propos contenus dans cette chronique ne représentent pas la position du Service des poursuites pénales du Canada mais constituent simplement l’opinion personnelle de Me Olga Nunes.