Bon plaideur = bon communicateur?

Mélanie Joly
2010-03-09 13:15:00
Voilà le défi de nos amis les médias.
Ils se doivent de vulgariser une situation afin de la rendre accessible à un vaste public. Les faits doivent être simples (tout en étant exacts). Tout le contraire de la rigueur de l’avocat.
En communication, il faut se défaire de tous les réflexes qu’oblige le droit. Il faut laisser aller les détails, les précisions. Il faut se concentrer sur l’essentiel.
Pourquoi?
Parce que c’est lorsque notre message est clair qu’il est entendu… et compris.
L’univers médiatique est tellement surchargé d’informations et les journalistes ont si peu de temps et de ressources pour s’approprier un dossier qu’il faut absolument s’en tenir à l’essentiel. Il faut également tenir pour acquis que votre histoire (ou celle de votre client) sera nécessairement entendue par une personne qui s’affaire à une autre tâche (conduite, cuisine, gardiennage d’enfants) et donc qui sera distraite.
Voilà pourquoi vos bémols et précisions intéresseront rarement ceux dont le travail est de transmettre l’information.
Bref, si votre client est aux prises avec les médias, ne tentez pas de plaider votre cause de la même façon qu’en cour (si par ailleurs vous jugez bon, pour des enjeux de gestion de réputation, de le faire sur la place publique).
Qui dit bon plaideur veut rarement dire bon communicateur…
Dans la foulée de la Journée Mondiale de la Femme, je vous invite à consulter un dossier intéressant paru dans The Economist intitulé Gendercide : What happened to 100 million baby girls. Un excellent exemple de journalisme professionnel avec un angle qui suscite la réflexion quand à l’importance de la valorisation des femmes (in extenso… même dans notre profession)...

Mélanie Joly est avocate et associée directrice du bureau montréalais de l'agence de communication internationale Cohn&Wolfe.