Défendre la veuve et l'orphelin

Nicholas Teasdale
2011-03-28 13:15:00
« Si la pédiatrie sociale existe, c’est qu’il y a des failles dans le système », explique Me Hélène Sioui-Trudel, qui s’occupe du volet juridique de la Fondation, qu’elle appelle l’Alliance droit-santé. « Ça vaut aussi pour le système judiciaire. Les gens dans le quartier n’ont pas les outils pour se défendre en cour, ils arrivent mal préparés et ils perdent. »
Hélène Sioui-Trudel, qui est aussi la femme du Dr Julien, estime que la défense des droits des enfants passe le plus souvent par la médiation. Même dans des cas difficiles de problèmes de logement, où les propriétaires sont dans leur droit, il est possible de trouver un terrain d’entente.
« Il n’y a pas beaucoup de mauvaises personnes, il y a surtout des gens qui ne se comprennent pas. Par exemple, les propriétaires vivent des loyers qu’ils touchent et ne sont pas tous riches, mais les gens doivent quand même être logés dignement. »
Dans les cas de garde d’enfants, la Fondation propose une approche de médiation inspirée de la tradition amérindienne, le Cercle de la parole. L’entourage de l’enfant se réunit dans le but de trouver une solution qui fera consensus. L’enfant sera généralement présent. Si ce n’est pas possible, les interlocuteurs parleront à tour de rôle en utilisant un jouet de l’enfant comme bâton de parole.
« Il faut que tout le monde se rende compte que c’est pour l’enfant qu’on est là ».
Défendre les droits des démunis
Selon Hélène Sioui-Trudel, l’État intervient de façon trop intrusive dans les milieux défavorisés, ce qui produit un stress énorme.
« L’État ne devrait intervenir dans la vie des gens qu’en dernier recours. Ici, les jeunes sont surveillés par la police, l’école, la DPJ et l’aide sociale. »

Formée à l’école des revendications territoriales au cabinet de James O’Reilly, Mme Sioui-Trudel n’a pas peur d’utiliser le droit public pour défendre les enfants. Plutôt que son Code civil et sa jurisprudence, elle brandit la Convention internationale sur le droit des enfants.
« J’ai appris beaucoup avec James O’Reilly. On a une constitution et des institutions internationales, on a le droit de s’en servir », indique celle qui a complété son baccalauréat à l’Université d’Ottawa en 1999.
Les contributions du milieu juridique
Si elle se montre critique envers le système judiciaire, Hélène Sioui-Trudel reconnaît que le milieu juridique apporte beaucoup à la Fondation.
Par exemple, le bureau de l’aide juridique dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, mené par Me Serge Blackburn, apporte un soutien énorme aux parents des enfants du quartier. Ils défendent les gens qui se retrouvent en difficulté face à la justice.
« Je crois beaucoup à la médiation, mais c’est parfois impossible. Nous somme alors très contents de pouvoir compter sur eux pour défendre les gens. »
Le bureau montréalais de Borden Ladner Gervais est aussi un partenaire important, qui prend de nombreux dossiers en pro bono.
« Ils ne comptent pas leurs heures et font toujours du travail de qualité. Par exemple, si un enfant se blesse dans la cour d’école, l’aide juridique ne poursuit pas, mais BLG va s’en charger », indique la responsable de l’Alliance droit-santé.
L’éducation juridique est aussi très importante. Nombre de gens en milieu défavorisé ne connaissent pas leurs droits et leurs obligations. Ils peuvent donc nuire à leur dossier en ne tenant pas compte des délais ou en agissant de façon contraire à leurs intérêts. À ce sujet, Éducaloi prépare un projet afin d’aider les gens à comprendre leurs droits.
« On arrive beaucoup mieux à faire respecter ses droits quand on les connaît », s’exclame cette avocate, qui a choisi de consacrer sa carrière à défendre la veuve et l’orphelin.