La hausse des tarifs de l’aide juridique jugée dérisoire
Radio -Canada
2019-07-10 10:15:00
Me Paul-Matthieu Grondin n’écarte pas le recours à un plan B, qui entraînerait une requête en inconstitutionnalité contre Québec.
L’entente entre l’État québécois et les avocats en pratique privée qui acceptent des mandats d’aide juridique est échue depuis la fin de 2017. Depuis, le Barreau a négocié successivement avec deux gouvernements.
Une nouvelle proposition fait cette semaine l’objet de consultations par le bâtonnier, mais les avocats la jugent dérisoire.
Est-ce qu’on est vraiment en train de protéger les plus vulnérables? Est-ce qu’on encourage la participation, la préparation, a dit le bâtonnier à la sortie d’une rencontre avec quelques dizaines d’avocats au palais de justice de Québec, mardi matin.
L’aide juridique est réservée aux moins nantis afin de leur permettre de faire valoir leurs droits devant les tribunaux. Mais les avocats du privé qui acceptent ces mandats reçoivent seulement un montant forfaitaire qui ne tient pas compte des longues heures de préparation pour un dossier, ce qui reviendrait très souvent à être payé bien en deçà du salaire minimum comme le révélait Radio-Canada l'année dernière.
Nombre d’entre eux refusent donc des dossiers ou, dit-on dans le milieu, « tournent les coins ronds » et cherchent à enregistrer des reconnaissances de culpabilité pour réduire la durée des procédures.
La proposition du gouvernement ne ferait globalement qu’augmenter les tarifs en fonction du coût de la vie. Ce serait pratiquement une forme de ''statu quo.''
J’entends beaucoup plus de grogne que d’appuis sympathiques, reconnaît Me Grondin.
« Je suis assez convaincu que la grille tarifaire n’a pas de sens pour le moment. Je ne sais pas si on règle ça dans cette entente-ci. Il va falloir qu’on s’asseye très sérieusement en vue de réformer l’aide juridique pour être certain de protéger les plus vulnérables.»
Le Barreau « ouvert » à un recours
Des avocats envisagent dans ce contexte de déposer une requête contre le gouvernement du Québec pour faire déclarer illégale la manière de rémunérer les avocats et ordonner une réforme.
La raison invoquée : les tarifs, par leurs effets pervers, nuisent à l’accès à la justice, un droit fondamental.
Leur ordre professionnel, dont la mission est de protéger le public, pourrait appuyer un tel recours. C’est quelque chose qu’on peut envisager, indique Me Grondin. Je ne veux pas le voir comme une menace – c’est peut-être un dernier recours –, mais il faut qu’on se montre ouvert à ça.
« On va certainement lire le texte [de la requête] afin de savoir si le droit à l’avocat est respecté, un droit qui est constitutionnel.»