Lino Zambito pourrait éviter la prison

Agence Qmi
2015-10-02 07:00:00

Le juge Paul Chevalier a cependant décidé de ne pas entériner leur suggestion sur-le-champ, reportant sa décision au 10 novembre.
Entente «raisonnable»
Les procureurs de la Couronne et de la défense ont dit avoir négocié une entente de façon «méticuleuse» quant à la peine du témoin vedette de la commission Charbonneau.
«Cela n'a pas été négocié sur un coin de table», a mentionné Me Conrad Lord, qui défend Lino Zambito.
Ils en ont fait de même pour Giuseppe Zambito, le père de Lino et ex-président d'Infrabec, qui avait plaidé coupable à une accusation de complot pour intimidation. L'homme de 75 ans se verrait accorder une absolution inconditionnelle, moyennant des dons totalisant 20 000 $ à deux hôpitaux et quatre fondations.
Ce dernier sera lui aussi fixé sur son sort en novembre.
Lino Zambito écoperait ainsi de la même peine qui avait été imposée à l'ex-mairesse de Boisbriand, Sylvie Berniquez St-Jean, qui avait collaboré avec les policiers dans cette affaire relativement à des crimes comparables, l'an dernier.
«Vous ne me reverrez plus»
Il devrait de plus effectuer 240 heures de travaux communautaires et respecter les conditions d'une période de probation de trois ans, si la cour accepte la proposition des avocats.
«Je peux vous garantir une chose, vous ne me reverrez plus ici pour des accusations criminelles, a dit Lino Zambito au juge. J'étais pris dans la corruption, je l'ai reconnu, j'ai collaboré avec la commission Charbonneau et j'ai décidé de changer ma vie.»
Collusion et favoritisme
Lino Zambito avait été arrêté par l'escouade Marteau de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) en 2011. La compagnie Infrabec, dont il était le vice-président, s'était taillé la part du lion dans les contrats publics de la Ville de Boisbriand sur fond de collusion, de corruption, de favoritisme et de financement politique illégal.
Infrabec - qui a depuis fait faillite - avait notamment décroché un contrat de 28 millions $ pour la réfection de l'usine d'épuration des eaux de cette ville des Basses-Laurentides, en 2007.
Lino Zambito avait aussi comploté pour tenter de truquer les élections municipales de 2009 en maintenant le statu quo et ainsi laisser le champ libre à la réélection de l'ex-mairesse Sylvie Berniquez St-Jean et son équipe.
Par ailleurs, son père et lui ont fait pression sur un entrepreneur concurrent, André Durocher, d'Excavation Panthère, pour l'empêcher d'obtenir des contrats publics.
Témoignage choc
L'ex-entrepreneur a toutefois accepté de vider son sac devant la commission Charbonneau, dont il est devenu le premier témoin vedette en 2012.
Il avait expliqué en détail comment des cartels d'entrepreneurs se partageaient des contrats publics d'infrastructures à Montréal et à Laval, moyennant des ristournes aux partis politiques. Dans certains cas, un pourcentage des contrats obtenus était versé à la mafia montréalaise, selon ses dires.
«Il a été un artisan clé de la commission, non seulement avec son témoignage, mais aussi en collaborant avec les enquêteurs. Sa sécurité et celle de sa famille ont d'ailleurs été mises en péril en raison de cette collaboration», a plaidé Me Lord.
Au cours de la dernière année, l'ex-mairesse Sylvie St-Jean, l'ex-conseiller municipal Claude Brière et une ex-dirigeante de la firme de génie-conseil Roche, France Michaud, ont également été trouvés coupables dans le dossier Boisbriand, mis au jour par l'UPAC dans le projet d'enquête Fiche.