Magnotta pensait que Jun Lin était un agent de Harper

Agence Qmi
2014-11-07 14:56:00
L’accusé de 32 ans, qui subit présentement son procès pour meurtre prémédité, a ainsi expliqué pourquoi il avait tué Jun Lin, mais aussi pourquoi il s’était acharné sur sa victime, en plus de mettre en ligne une vidéo montrant la mutilation du cadavre.
« Il a voulu faire peur aux voix et faire peur au gouvernement pour qu’ils quittent sa vie», a écrit la Dre Allard dans son rapport déposé en cour, jeudi.
Rencontre internet

Jun Lin, ne se doutant de rien, aurait répondu à l’annonce et ils se sont ainsi rencontrés le lendemain dans un McDonald’s au métro Snowdon. C’était le 24 mai 2012.
En entrant dans l’appartement 208, les deux hommes auraient bu de vin avant de commencer leur rapport sexuel.
« M. Magnotta fut le premier à être attaché au lit, peut-on lire dans le rapport. M. Magnotta rapportait que M. Lin allait trop vite, il lui faisait mal.»
Après s’être fait libérer, l’accusé dit avoir pris un médicament contre l’anxiété. Jun Lin en aurait aussi pris, selon Magnotta.
Espionnage
Toujours selon sa version, l’accusé est alors allé sur son balcon. C’est là qu’il aurait vu une voiture noire.
« Il s’est alors mis à penser que Jun Lin était un agent du gouvernement qui était venu pour lui faire du mal », a indiqué la Dre Allard dans son rapport.
Et c’est à ce moment que les voix seraient apparues dans la tête de l’accusé. « Les voix lui ont dit de ligoter M. Lin, écrit la psychiatre. M. Magnotta rapportait qu’il entendait rire dans sa tête, il entendait parler. Il se demandait ce qu’il se passait.» Une voix lui aurait alors dit de «couper ça».
Corps possédé
Selon Magnotta, une sorte de force aurait alors pris contrôle de son corps. Il se disait incapable de réfléchir. « Je me suis juste abandonné à cette énergie bizarre », a-t-il confié à la psychiatre.
Il a ainsi tranché la gorge de l’étudiant chinois, avant de le démembrer. Et quand il s’est retrouvé avec le tronc, une voix lui disait de « le piquer, encore et encore ».
« C’est épeurant, comment je peux faire ça », a-t-il ajouté à la Dre Allard.
Magnotta a toutefois eu « beaucoup de difficultés à répondre » à certaines questions concernant les actes sexuels commis sur le cadavre, se disant simplement « confus », note la psychiatre.
Quant à la tête du défunt, il l’avait mise dans le réfrigérateur « car il croyait qu’elle lui envoyait des messages ». Le lendemain, il a été la jeter au parc Angrignon, bien qu’il disait vouloir organiser une sorte de cérémonie religieuse pour sa victime.
Colis
Magnotta a envoyé les mains et les pieds par la poste, car les voix dans sa tête lui auraient dit « de les renvoyer ». Mais il voulait aussi « renvoyer » le torse à Stephen Harper.
« C’était trop gros », a-t-il dit à sa psychiatre.
Quant aux adresses de l'expéditeur, qui indiquent la sœur de Karla Homolka et le fils de Jean Chrétien, Magnotta dit les avoir trouvées sur internet.
« Les noms me sont venus dans ma tête », a-t-il dit à sa psychiatre.
L’accusé a ensuite vidé son appartement, avant d’aller en France. Il y est resté pendant une semaine, avant de partir à Berlin où il a fait la fête pendant quelques jours avec un certain Frank Rubert, selon le témoignage de ce dernier.
Magnotta a finalement été arrêté le 4 juin 2012, dans un café internet. Il a reconnu tous les gestes qui lui sont reprochés, mais il plaidera la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
Son procès se poursuivra lundi, au palais de justice de Montréal.