Un associé accusé de harcèlement

Agnès Rossignol
2014-08-07 13:15:00

Poursuivi pour harcèlement moral par une ancienne avocate du cabinet, la Cour d’appel de Paris a ordonné le 5 juin dernier que Paul D.(pseudonyme) soit jugé, estimant les accusations suffisamment crédibles, décision qui a été contestée devant la Cour de Cassation par l’associé clamant son innocence,rapporte The Lawyer.
L'avocate Lucie S.(pseudonyme) affirme que son supérieur avec qui elle travaillait depuis son embauche au début des années 2000, lui faisait des avances et l’a même coincée dans un ascenseur pour essayer de l’embrasser. Elle évoque des « réflexions très osées ».
Paul D., quant à lui, dément toute forme de harcèlement ainsi que les propos que lui prête la jeune femme, bien qu'il reconnaisse « un langage cru ». Au contraire, selon sa version, c'est Lucie S. qui lui aurait fait des « avances explicites par son attitude », ce que confirme une ancienne avocate du cabinet.
Des témoignages contradictoires
Confirmant les dires de Lucie D., des anciens avocats ont fait état d'« humiliations » régulières et de « remarques vulgaires » dont ils auraient été témoins : elle « ne serait pas fatiguée si elle arrêtait de se faire sodomiser par une quéquette noire toutes les nuits », ou encore elle « devrait se faire sauter plus souvent pour se décoincer ».D'autres ont décrit le malaise de l'avocate tombée en dépression.
De son côté, Paul D. a mis en avant les « difficultés d’adaptation » au travail de sa consœur. Certains avocats ont indiqué que Lucie S. était « instable psychologiquement ».
Selon son avocate, Me Frédérique Pons, associée chez Pons & Carrere, « s’il y avait eu quelque chose, le parquet n’aurait pas dit à trois reprises qu’il n’y avait pas lieu à poursuivre », peut-on lire dans Libération. Elle estime que c'est l'« animosité » envers son client ou un « indéfectible soutien » à la plaignante qui ont guidé certains témoins à charge.
Quant à l’avocat de Lucie S., Me William Bourdon du cabinet Bourdon & Forestier, il souligne la difficulté à percer la vérité en matière de délit de harcèlement, « l’omerta et l’intimidation » étant souvent de la partie, et ce, d'autant plus « dans une profession très réactive au risque d’image ».