Une avocate défie Mulcair !

Agnès Rossignol
2014-11-19 15:00:00
C’est le cas de Me Rachel Bendayan, 34 ans, qui est sortie de l'ombre pour faire campagne dans le comté d'Outremont. Membre du Barreau depuis 2007, elle est diplômée de l'Université McGill.
Après avoir oeuvré dans les coulisses du Parti libéral du Canada (PLC) pendant douze ans, celle qui pratique en litige commercial et arbitrage international chez Norton Rose Fulbright tentera de reprendre cet ancien bastion libéral détenu par l’actuel chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair. Le combat promet d’être acharné !
En entrevue avec Droit-inc, elle revient sur son parcours et son engagement politique.
Pourquoi vous êtes-vous engagée en politique ?

Ces expériences m'ont amenée vers le droit et la politique. J'ai compris l'importance d'avoir une formation académique en droit car c'est l'avocat qui rédige les textes et explique leur sens aux ministres. J'ai aussi vu à quel point les représentants des gouvernements avaient un rôle à jouer. Il était décevant de voir qu'ils avaient le pouvoir de ne pas faire avancer les choses en refusant d'adopter un texte.
Qu'est-ce qui vous motive à vous présenter comme députée ?
J'ai été membre de la commission juridique québécoise du parti national qui vise à s'assurer que les règlements du parti sont suivis. Il s'agit d'un travail d'arrière-scène. Il est important d'avoir des personnes neutres qui ont l'intérêt réel du parti en tête.
À partir de 2012, j'ai siégé au conseil national d’administration du PLC à titre de conseillère sur la constitution et les questions juridiques. À la suite de mon investiture en mars dernier comme candidate en politique active, j'ai préféré démissionner.
Malheureusement, les élus sont moins bien perçus qu’auparavant. On a perdu la confiance dans les institutions démocratiques. J’aimerai rétablir le lien de confiance entre les représentants et les citoyens. La prochaine génération doit montrer qu’il est crucial d’avoir des élus avec lesquels on développe une bonne relation et dont on peut être fier.
Cela nécessite que les députés connaissent leur comté et ses résidents pour bien les représenter, comprendre les valeurs et les enjeux qui les touchent et les exprimer. Je suis née dans le comté d’Outremont, j’y habite, j’enseigne à la faculté de droit de l’Université de Montréal. C'est mon monde. J’ai un lien fort avec les gens de ce coin en participant le plus possible aux activités locales. Ma priorité est de rester à leur écoute, car c’est cela être un représentant.
Comment vous sentez-vous face à Thomas Mulcair, un adversaire de taille ?
Je suis confiante. Bien qu'il y ait eu la vague orange dernièrement, d’après ce que j’entends sur le terrain, cela ne se reproduira pas. Le parti s’est renouvelé et a regagné la confiance des habitants d'Outremont, un comté libéral de longue date.
M. Trudeau y a vécu en grande partie, il est connu dans la communauté. Il s’intéresse aux citoyens et les gens voient qu'il est sincère dans son approche.
Quels sont vos axes de campagne ?

Lorsque je fais du porte à porte une fois par semaine environ, les gens me parlent de l’importance de la stabilité économique, de politiques sur les enjeux environnementaux, de la culture et de la langue française, de la préservation des institutions publiques comme Radio-Canada. En termes d'immigration, les habitants de Côte-des-Neiges évoquent aussi la difficulté qu'ils rencontrent à faire venir des parents au Canada.
En quoi votre métier d’avocate vous aide en politique ?
Mon expérience en litige devant des tribunaux nationaux et internationaux peut être très utile en chambre. Elle me donne la capacité de défendre la position que je représente, ce qui est une qualité importante pour un député.
En tant que médiatrice agréée, je sais aussi comment rassembler et concilier les positions de différentes parties pour trouver un terrain commun. En qualité d'avocate en arbitrage international, je connais par ailleurs les enjeux de droit international.
Comment est perçue votre implication au cabinet ?
Je suis impliquée depuis mon entrée au cabinet en 2005 comme étudiante. Mon engagement est bien vu par les associés quelles que soient leurs affinités politiques. Ils sont contents de voir que la prochaine génération s’implique dans le processus démocratique du pays.
Au bureau, j'agis uniquement en tant qu’avocate, je n'évoque pas ma campagne. C’est important pour moi de garder cette distinction et de montrer que je ne suis pas une personne qui mélange les choses. Pendant que j’effectuais du porte-à-porte, j’ai sonné chez un associé du cabinet, on a ri ! C'est seulement à cette occasion que nous avons échangé sur mon implication politique.
Si je suis élue, je quitterai ma pratique pour être députée à temps plein. En ce moment, c’est assez difficile, je travaille sept jours sur sept. La détermination et l'énergie me tiennent debout. Je prendrai éventuellement des mois sabbatiques sans solde pour me consacrer à ma campagne.