Deux anglos à Québec !
Daphnée Hacker-B.
2013-02-07 15:00:00
En plus d’avoir un charmant accent anglais, ils ont étudié ensemble le droit à l’Université Laval à la fin des années 70. Les deux hommes sont arrivés dans la capitale québécoise avec le même objectif : apprendre le français et devenir avocat.
Un dernier point commun, et non le moindre, les deux ont développé une expertise dans le milieu des transports, l’un en transport terrestre, l’autre en transport maritime.
Petit tour d’horizon du parcours atypique de ses deux Anglos.
Retour aux sources pour David Blair
C’est à l’âge de 19 ans que David Blair a foulé le sol de la capitale nationale, sans savoir qu’il y resterait indéfiniment.
Alors au cégep anglophone St-Lawrence, celui qui a grandi en Angleterre ne maîtrise pas très bien la langue de Molière. C’est grâce à son travail comme caléchier qu’il s’expose de plus en plus au français.
Devant expliquer l’histoire de la ville aux touristes qui embarquent dans sa calèche, il se retrouve à l’occasion avec des clients francophones… « Oh misère, mes premiers clients français ont dû trouver le temps long ! » dit-il en riant.
Plus de trente ans ont passé, et aujourd’hui Me Blair ne quitterait pour rien au monde la petite métropole francophone.
Pourtant, cet expert du transport terrestre n’a pas besoin de travailler à Québec. Il représente un grand nombre de clients canadiens et américains dans l’industrie du camionnage, des autobus et du chemin de fer.
Reconnu comme l’un des meilleurs praticiens dans les trois dernières éditions du répertoire ''The Best Lawyers in Canada'', Me Blair pourrait faire carrière n’importe où dans le pays.
Il tient mordicus à rester dans la ville où la famille de son père s’est établie il y a des siècles. C’est peut-être pour renouer avec ses racines québécoises qu’il s’est grandement impliqué dans la petite communauté anglaise de Québec, qui regroupe environ 15 000 individus.
Il a entre autres été président de la société littéraire et historique de Québec en plus d’être le chancelier du diocèse anglican du Québec. Des institutions anciennes qui rappellent l’héritage anglo-saxon dont il fait partie.
« Lorsque les gens entendent mon accent, ils me demandent toujours d’où je viens. Je me suis longtemps senti comme un étranger, mais pourtant je suis originaire d’ici et fier de l’être! » lance-t-il.
La conquête de John O’Connor
John O’Connor est pour sa part un véritable « étranger ».
Originaire de l’Ontario, il décide au milieu des années 70 de se rendre à Montréal. Il réalise rapidement qu’il est difficile d’apprendre le français, étant donné que tout le monde s’adresse à lui en anglais. Décidé à devenir parfaitement bilingue, il se dirige vers Québec.
Les six premiers mois ont vraiment été pénibles pour l’avocat qui travaillait alors dans des magasins de grande surface, où il était forcé de parler au grand public.
« Je parlais très mal, mais mon français était meilleur que l’anglais des clients, on se débrouillait…! »
Le début de ses études en droit ont aussi été difficile, mais c’est en quittant les bancs d’école que son bilinguisme l’a enfin aidé. Après quelques années sur le marché, il est recruté par le cabinet LKD, à la recherche d’un avocat bilingue pouvant gérer les dossiers de droit maritime.
C’est depuis 1981 qu’il se dévoue à ce domaine du droit, qui lui a aussi valu à deux reprises d’être sélectionné dans le répertoire ''The Best Lawyers in Canada''. Président de l’association canadienne de droit maritime, il enseigne le droit maritime international et le droit commercial à l’Université McGill.
« Si je voulais, je pourrais travailler n’importe où, à Toronto, à Vancouver, etc. »
Pourquoi être resté à Québec dans ce cas ? Il y a rencontré celle qui est devenue sa femme… et surtout « j’adore ma ville », souligne-t-il.
« Ailleurs, on parle souvent des problèmes de criminalité, les gens sont insatisfaits de leurs maires. Ici, nous sommes en sécurité, nous sommes bien gouvernés et les paysages sont magnifiques. »
De quoi faire bomber le torse de Régis Labeaume…