Proces Delisle

Procès Delisle : sa femme n’a pas pu se suicider

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Agence Qmi

2012-05-09 07:00:00

Hier, lors du procès de l'ex-juge Jacques Delisle accusé du meurtre de sa conjointe, le jury a pu assister à l'audition des premiers témoins. Retour sur la deuxième journée de cette saga judiciaire.
Le magistrat est accusé de meurtre prémédité de sa femme, Marie-Nicole Rainville, 71 ans, retrouvée sans vie dans son condo du 2202 Chemin St-Louis, le 12 novembre 2009.

La Couronne a entamé sa preuve, hier matin.

Lors de la projection de photos de la défunte, Jacques Delisle a détourné le regard et baissé la tête
Lors de la projection de photos de la défunte, Jacques Delisle a détourné le regard et baissé la tête
C'est Jacques Delisle lui-même qui avait contacté le 911, à 10h32 ce matin-là, après avoir trouvé sa femme, inerte sur le sofa. Il a été possible d’entendre l’enregistrement de cet appel. Calme, mais respirant fort, il avait entre autres dit à l’opératrice que sa femme venait de s'enlever la vie, et qu'un revolver se trouvait ses côtés.

Il avait expliqué que sa femme avait fait un AVC en 2007, qui l'avait laissée paralyser du côté droit, et qu’elle s’était fracturé la hanche en juillet 2009, qui avait nécessité une longue hospitalisation. Les secours n’avaient pas pu réanimer la septuagénaire.

Tache noire

Un premier témoin, Denis Turcotte, technicien au Service d’identité judiciaire, qui avait expertisé la scène de crime, s’est présenté à la barre. Il avait pris plus d’une centaine de photos sur les lieux du drame. Si l’accusé a regardé la plupart d’entre elles, il a détourné le regard et baissé la tête à certains moments, notamment lorsque des images de la défunte ont été projetées.

Des photographies du condo ont montré un pistolet de calibre .22 et son chargeur, au sol, tout près du sofa sur lequel la septuagénaire a été retrouvée. Elles montrent aussi une douille sur une table adjacente au sofa et une lettre. La boîte qui contenait l’arme a quant à elle été retrouvée sur une table, plus loin. Toutes ces pièces ont été montrées au jury, hier après-midi.

À l’hôpital, le policier Turcotte avait constaté une plaie importante à la tempe gauche et une tache noire foncée de deux centimètres de diamètre dans la paume gauche de Mme Rainville. Une situation anormale selon lui puisqu’une arme normalement manipulée ne laisse jamais de telle marque à cet endroit, a-t-il affirmé. Le même constat avait été fait plus tard par un pathologiste, à Montréal, puis par un expert en balistique.

Comme la main droite de Mme Rainville était paralysée, les experts avaient exclu l’hypothèse d’un suicide. Par ailleurs, en 17 ans de service, Denis Turcotte n’avait jamais vu une femme se donner la mort par arme à feu.


Les faits saillants de la journée d'hier

1. Une querelle avait éclaté entre l’accusé et sa femme, le matin du drame. M. Delisle était parti acheter des salades et avait retrouvé son épouse sans vie, à son retour. Il n’y avait aucune trace d’effraction dans l’appartement.
2. C’est une marque noire dans la main gauche de la présumée victime qui a éveillé les soupçons des policiers. En effet, quelqu’un qui manipule une arme « normalement » et qui tire ne devrait jamais avoir du « noir de fumée » à l’intérieur de la main, rendant le tout inexpliqué.
3. Cette marque noire a été analysée. Les experts ont conclu que Mme Rainville n’avait pu utiliser sa main gauche pour s’infliger des blessures à la tempe gauche. Comme sa main droite est paralysée, la thèse du suicide était alors écartée.
4. L’arme utilisée : un pistolet de calibre .22, appartenait à M. Delisle. Elle se trouvait dans une boîte de bois, située à l’entrée du condo, avant d’être utilisée. Le projectile à la tête de la présumée victime a été donné à bout très près et est resté dans la tête. L’arme contenait toutefois une balle dans la chambre, à l’arrivée des policiers.
5. Tout au long de l’enquête visant à déterminer les circonstances de ce qu’était au départ un « suicide », Jacques Delisle a notamment qu’il était « difficile » d’être aidant naturel.
6. Au total, 21 témoins seront entendus par la Couronne, dont la secrétaire et maîtresse de l’accusé, Johanne Plamondon, avec qui il avait déjà envisagé de faire vie commune.


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