Qui est le patron?

Durant une période où nous devions préparer plusieurs documents de formation dans un laps de temps très court, je dû embaucher quelques étudiants.

Bien que leur présence était rafraîchissante et la qualité de leur travail sans reproche, certains de leurs agissements me renversèrent à un point où je me demandais s’ils étaient bien réels.

Un bon matin, je posai une question à l’un d’entre eux. Je n’obtins aucune réponse. Puisqu’il était dos à moi, je me dis qu’il était normal qu’il n’entende pas. Je m’approchai un peu plus pour répéter ma question. Aucune réponse. J’aperçus ensuite un fil sortant de chacune de ses oreilles, lequel n’était visiblement pas relié à un transcripteur! Mais qui était la personne qui lui dictait son travail? À voir sa tête bouger à un rythme régulier, on imagine bien qu’il s’agissait plutôt d’un groupe rock qui essayait de prendre ma place de patronne...

Alors que je me remettais à peine de cet événement, un autre employé de cette jeune génération alla rejoindre notre messager pour lui transmettre des colis en marchant sans faire de bruit... La seule chose qu’il portait aux pieds était en tissu de coton, orné d’une ouverture où l’on pouvait apercevoir un gros orteil! J’étais consternée...

Ces événements sont-ils isolés? D’autres employeurs vivent-ils la même chose? J’espère que non! Si c’est le cas, j’imagine mal un jeune avocat plaider devant un juge avec des écouteurs aux oreilles en déambulant les pieds presque nus...

Au moment où j’essayai ce comprendre ce comportement, je me rappelai d’une époque où, à ce jeune âge, je travaillais dans un bureau d’avocats comme secrétaire. Il m’était arrivé de troquer une cassette de dictée contre une de musique dans mon transcripteur. Je dois dire cependant que cet acte était totalement justifié puisque je devais taper une série d’adresses toute la journée dans le but d’en faire un publipostage.

En tapant au rythme de mes airs préférés, je ne pouvais qu’avoir le sourire. Je regardais mes collègues du coin de l’œil en me disant que ces dernières auraient bien échangé leur cassette contre la mienne. Ce travail répétitif qui semblait monotone à première vue aurait fait des jalouses si elles avaient su...