J'ai inspiré une série télévisée!

Emeline Magnier
2014-09-16 15:00:00
Membre du Barreau du Québec depuis 1983, Me Pringle est à la tête d'un cabinet dédié au droit de la famille qu'elle a fondé en 1988 et qui compte six avocats. En 2010, l'avocate qui a représenté Éric contre Lola a été admise Fellow au sein de l'American College Of Trial Lawyers et répertoriée par The Best Lawyers in Canada en droit de la famille.
Lors de la rentrée des tribunaux de Laval, elle a reçu le Prix de reconnaissance du Barreau de section visant à souligner son implication dans la communauté juridique et récompenser son parcours et sa réussite professionnelle.
Droit-inc: Quelle a été votre réaction quand vous avez su que votre expérience allait inspirer une série télévisée ?

Quelle sera votre implication dans la série ?
La série sera tournée l'année prochaine ou l'année suivante, mais je sais que Fabienne veut que ça roule rondement. Les grandes lignes sont déjà définies mais les scénarios ne sont pas encore écrits. J'interviendrai avant et après l'écriture pour m’assurer que le déroulement est plausible et que l'ensemble est conforme au cadre juridique applicable.
Pensez-vous que le sujet va intéresser le public ?
J'en suis sûre, les gens sont curieux. Le droit de la famille est particulièrement intéressant car il touche tout le monde de près ou de loin. Tout le monde a dans son entourage une personne qui a été confrontée à une rupture ou à la question de la garde des enfants. C'est aussi l'occasion d'informer sur les modes de règlements alternatifs des conflits, sur la vraie façon dont on travaille, dont on plaide et à quel point les situations vécues peuvent être dures et drôles parfois. Le droit de la famille, c'est le droit des émotions. Moi je suivrai la série !
Pourquoi avez-vous choisi de pratiquer en droit de la famille ?
Quand mon premier professeur et mentor Michel Yergeau (juge à la Cour supérieure) m'a confié mon premier dossier en droit de la famille, je l'ai pris tout en pleurant, persuadée que s'il me le donnait, c'était parce que j'étais une fille. Il m'a rétorqué que c'était un privilège de travailler dans un domaine qui touchait les gens et pour lequel il fallait de multiples compétences dans différents domaines, comme le droit fiscal, le droit commercial ou la comptabilité. J'ai ensuite travaillé sur un deuxième dossier, puis un autre, et j'ai vraiment aimé ça.
Nous pouvons réellement aider nos clients à sortir de situations difficiles en travaillant de façon créative et c'est pour ça que ça m'intéresse. J'ai travaillé fort, j'ai pris des cours le soir pour apprendre à bien plaider, et ensuite le bouche-à-oreille a opéré. Mes confrères de grands bureaux me référaient des clients et le dossier Éric contre Lola m'a aussi apporté une certaine visibilité.
Quels sont les qualités nécessaires pour exercer en droit de la famille ?
Il faut de l'écoute, de l'empathie et être capable de bien présenter la position du client devant le tribunal. Le plus gros défi est d'être capable d'encadrer la détresse, la tristesse et le désarroi de personnes qui ne pensaient jamais vivre une telle situation. Il faut garder le recul nécessaire pour donner de bons conseils mais ne pas être totalement déconnecté et avoir une représentation froide des choses.
Selon vous, comment va évoluer le litige familial ?
Les modes de règlements alternatifs des conflits doivent prendre plus de place. Dans ma pratique, j'essaie autant que possible de régler les dossiers avant de me rendre à la Cour. Le tribunal ne devrait pas être la première option à laquelle on pense. La judiciarisation de l'affaire cristallise souvent le dossier et les positions des parties.
Quand nous devons aller jusqu'aux plaidoiries, il faut une approche ferme mais éviter la confrontation: il faut respecter la famille au complet. Quand les procédures sont finies, les avocats sortent du dossier mais les parties doivent continuer à vivre ensemble. Nous ne devons pas être instigateurs de dommages.