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Peu après son absolution, il récidive

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Radio -Canada

2022-07-11 09:58:00

Profitant de sa relaxe par le tribunal, une décision qui a choqué le Québec, l’agresseur absous s’est rendu à Cuba, où il aurait sévi de nouveau.
Simon Houle a été absous le 21 juin après avoir plaidé coupable d'avoir agressé sexuellement une amie et pris des photos de ses parties intimes. Source: Radio-Canada
Simon Houle a été absous le 21 juin après avoir plaidé coupable d'avoir agressé sexuellement une amie et pris des photos de ses parties intimes. Source: Radio-Canada
Moins de deux semaines après avoir bénéficié d’une absolution pour agression sexuelle et voyeurisme notamment grâce à sa « bonne moralité », l’ingénieur Simon Houle aurait empoigné les fesses d’une autre femme sans son consentement dans un bar de Cayo Coco, à Cuba.

Vickie Vachon est « sous le choc » depuis son retour au Québec, le 5 juillet, après un séjour d’une semaine au Memories Caribe Beach Resort.

L’enseignante des Laurentides de 40 ans y a séjourné avec une dizaine d’amies pour souligner le départ à la retraite d’une collègue. Elle aurait croisé la route de Simon Houle, en vacances au soleil quelques jours après avoir obtenu une absolution conditionnelle à Trois-Rivières, comme en témoignent des photos obtenues par Radio-Canada.

« Je veux que les juges y repensent à deux fois avant de laisser en liberté un agresseur », selon Vickie Vachon.

Vickie Vachon affirme avoir été touchée de façon inappropriée par l’homme de 30 ans, dans la nuit du 3 au 4 juillet, après qu’il lui eut empoigné les fesses de façon « très agressive », devant témoin, près du bar de l’hôtel.

Ce n’est qu’à son retour au Québec, près de deux jours plus tard, que la mère de famille s'est rendu compte que celui qui s’en était pris à elle défrayait les manchettes en raison d’une décision controversée du juge Matthieu Poliquin, de la Cour du Québec.

Simon Houle a été absous le 21 juin après avoir plaidé coupable d'avoir agressé sexuellement une amie et pris des photos de ses parties intimes lors d’une fête à Trois-Rivières en 2019. Le juge a estimé que les conséquences d'un casier judiciaire seraient « disproportionnées » puisque Simon Houle ne pourrait plus voyager pour son travail. Simon Houle aurait démontré qu'il est une personne « de bonne moralité » et que ses crimes sont « contextuels et ponctuels dans sa vie », peut-on lire dans la décision.

Radio-Canada a communiqué avec Simon Houle vendredi pour lui permettre d’offrir sa version des faits. L’ingénieur n’a pas répondu et son avocat, Pierre Spain, a décliné la demande d’entrevue de la société d’État.

Simon Houle n’est pas accusé en lien avec les allégations de Vickie Vachon et les déclarations de cette dernière n’ont pas passé le test des tribunaux.

« Simon m’a pris la fesse d’une façon très très intense »

Le soir des événements allégués, Vickie Vachon était au bar de l’hôtel avec des amis lorsqu’un prénommé « Simon » se serait joint à leur conversation. « Il m’a montré des photos dans son cellulaire et m’a parlé de son travail d’ingénieur (...), de sa mère décédée dont il a pris soin, qu’il conduit des avions, qu’il a deux frères, qu’il aime les voyages, etc. (...) On a vraiment eu de belles discussions. »

Au moment de raccompagner une amie à sa chambre, la mère de famille aurait proposé à trois personnes, dont Simon Houle, de marcher avec elles.

C’est à leur retour vers le bar, quelques minutes plus tard, que l’attouchement serait survenu.

« En marchant, Simon m’a pris la fesse d’une façon très très intense, très agressive, une très grosse poignée de fesse ». La femme aurait réagi promptement contre l’homme, qu’elle décrit comme un « colosse ».

« Je me suis fâchée. Je lui ai hurlé dessus. Je lui ai donné un bon coup de pied sur les tibias », selon Mme Vachon

« Tout de suite, je lui ai demandé : "Peux-tu me dire qu’est-ce que j’ai fait ou qu’est-ce que j’ai dit qui t’a permis de croire que tu avais le droit de me toucher? Dis-le moi!" Je le savais que la réponse était non (...). Et là, il disait : "Je suis désolé, je suis désolé, c’est mes mains. C’est pas moi, c’est mes mains."

La discussion se serait poursuivie de retour au bar.

« Je lui ai fait une bonne morale. Je pense que ma discussion a dû durer de 20 à 30 minutes. Je lui ai dit en le regardant dans les yeux : "Coudonc, toi au Québec, fais-tu ça, toucher les fesses des filles? Quand tu rentres dans un bar, est-ce que tu te permets de toucher les filles comme tu viens de me le faire?" (...) Je lui fais la morale digne d’une enseignante qui parle à un élève. »

« J’ai l’impression qu’il comprend, car il devient les yeux plein d’eau. Donc, à ce moment-là, je me dis "Il a compris, il ne le fera plus." » Vickie Vachon n’avait aucune idée que l’homme à qui elle faisait la leçon sur la notion de consentement pouvait être un agresseur sexuel tout juste absous, qui avait aussi reconnu devant le tribunal avoir agressé sexuellement une autre femme dans le passé, sans avoir été accusé.

Elle affirme avoir compris « l’absurdité » de la situation à son retour au Québec, le lendemain.

« Ça m’a troublée au plus haut point »

Revenue dans sa famille au Québec sans avoir reparlé à « Simon », Vickie Vachon dit avoir éprouvé un « choc » en reconnaissant le visage de Simon Houle dans les médias.

« Je vois sa grosse face (dans les articles). Je lis, mais je suis dans l’émotion. (...) Je vois "agression sexuelle" et là, ça spine dans ma tête. (...) Quand j’ai ouvert la télévision, ils en parlaient en direct. »

Vickie Vachon reproche au système judiciaire de ne pas l’avoir protégée.

« Qu’est-ce qui aurait pu m’arriver? Je vous le dis, c’est un grand gaillard. Et à la poignée de fesse qu’il m’a faite… C’est les pensées que j’ai en ce moment, de me dire qu’il aurait pu m’arriver quelque chose de grave. Parce que ce gars-là n’a pas de casier judiciaire. Parce qu’il peut voyager », selon Vickie Vachon.

« Si ce gars-là avait été un mécanicien, il l’aurait eu, son casier judiciaire. Mais non, il est ingénieur, avec sa belle bague. Puis il a le droit d’être là. Puis il m’a abusée. C’est terrible. C’est terrible. »

Plainte à la police

Vickie Vachon a porté plainte à la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes.

« On a reçu une plainte pour agression sexuelle jeudi passé, le dossier a été assigné à un enquêteur vendredi. On va rencontrer la victime au courant de la semaine pour savoir plus précisément ce qui s’est passé et l’enquête va suivre son cours », explique le relationniste Jean-Philippe Labbé sans confirmer l’identité de la personne visée.

Vickie Vachon dénonce la décision du juge Poliquin, qui sera portée en appel par le Directeur des poursuites criminelles et pénales. « Je pense aux autres victimes. Comment elles doivent se sentir de savoir que ce gars-là peut encore faire tout ce qu’il veut ou presque? Il peut aller n’importe où. Dans n’importe quel pays. (...) Le système judiciaire en a encore échappé une. »

Un témoin oculaire

Radio-Canada s’est entretenue avec un autre touriste, qui ne voyageait pas avec Vickie Vachon et qui aurait été témoin de l’agression. Il a requis l’anonymat par crainte de représailles.

« Simon (Houle) et Vickie (Vachon) marchaient et la main de Simon est allée sur les fesses de Vickie. Ensuite, j’ai vu Vickie réagir négativement. (...) Elle a donné un coup de pied à Simon sur son tibia. »

Josée Binette, une enseignante retraitée qui participait au voyage, confirme avoir rencontré Simon Houle au bar de l’hôtel et affirme que Vickie Vachon lui a confié s’être fait agresser par lui, le lendemain des événements. Josée Binette a immédiatement reconnu l’ingénieur dans les médias à son retour chez elle. « Je me suis dit que ce gars-là n’a pas compris. Il a vraiment besoin d’aide. »

Manque d'assurance avec les femmes

Dans le rapport présentenciel de Simon Houle, produit le 24 février afin d’aider le tribunal à déterminer la peine appropriée pour l’agresseur, l’agent de probation mentionne que l’ingénieur a de la difficulté à entrer en communication avec les femmes.

« Son intoxication lui permettait de faciliter ses relations hétérosociales, l’intimé soulignant présenter autrement une difficulté à aborder les femmes. Cette insécurité apparaît présente depuis sa jeunesse, ayant développé une certaine peur du rejet à l’adolescence en réaction aux railleries de ses pairs. »

Dans le document obtenu par Radio-Canada, on peut lire que « monsieur apparaît avoir usé de la victime, et de la sexualité en général, comme une méthode d’autovalidation face à ses insécurités et à son sentiment d’inadéquation dans ses relations avec les femmes ».

Simon Houle a affirmé avoir diminué sa consommation d’alcool après son arrestation « dans un effort conscient (pour) limiter le risque d’une nouvelle récidive ».

L’agent estimait que l’homme « (témoignait) d'un niveau de conscientisation adéquat, reconnaissant le caractère inadéquat de ses gestes ainsi que les conséquences subies » par la victime.
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2 commentaires
  1. DSG
    Illusiore
    If I remember correctly, "illusoire" was the term used by those criminal defense attorneys last week when they came to the defense of that judge. I could go check but I can't stomach rereading their biased crap. I don't think that it is an illusion to expect that sentencing serves to deter, punish and keep criminals off the street; all of which for the purpose of ensuring that they don't commit the same infractions again. It's not "illusiore" but basic common sense.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 2 ans
    Pauvre juge Poliquin
    Il doit regretter de s'être concentré sur l'objectif pénologique de réhabilitation.
    Mais comment Simon Houle est-il arrivé à convaincre les personnes qui faisaient son suivi psychologique?

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