Jennifer a-t-elle des chances de garder son condo?
Julien Vailles
2016-06-16 14:15:00
Les motifs invoqués : le bail est de moins de douze mois et à usage commercial, ce qu'interdit la déclaration de copropriété. Me Sébastien Fiset, associé fondateur du cabinet Fiset Légal, et Me Nikolas Blanchette, de chez Fasken Martineau, nous donnent leur avis sur les chances de succès d'un tel recours.
D'après Me Fiset, l'argument selon lequel le bail est à usage commercial sera rejeté. Ce qui importe, c'est la véritable utilisation du logement, explique-t-il en se basant sur l'arrêt de la Cour d'appel. Le bail est ici loué à une entreprise qui a comme activité commerciale de le mettre à la disposition de personnes pour y habiter. Au final, il servira donc de résidence et cela ne devrait donc pas faire obstacle au bail.
Même son de cloche chez Me Blanchette. Beaucoup de sociétés louent des condominiums et on ne peut pas le leur refuser simplement parce qu'elles exercent une activité commerciale, indique-t-il. Il faut vérifier ce qui se passe vraiment dans le condo.
Par contre, il en va autrement de la durée. Le même arrêt Kilzi a consacré le droit du syndicat des copropriétaires d'imposer une restriction à la location des condos, rappelle Me Fiset. Sur ce point, il est donc prévisible que le syndicat obtienne gain de cause, estime-t-il.
Me Blanchette en arrive à la même conclusion. Il s’agit en ce cas d’une contradiction évidente de la déclaration, résume-t-il.
Modification au bail
Cependant, après coup, les copropriétaires ont modifié le bail en allongeant sa durée à douze mois, mais avec une clause de résiliation avec un court délai. On comprend donc que ce faisant, la société pourrait facilement résilier le bail à la fin de l'été.
Or, selon Me Fiset, cette modification ne tient pas la route. Selon lui, cela revient à faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement, puisqu'on sait bien que de toute façon, le locataire n'a pas l'intention de rester plus de trois mois. À son avis, il est donc probable que la cour ne tiendrait pas compte de cet argument.
Me Blanchette n'est pas de cet avis. Nous sommes dans un véritable débat d'interprétation, en ce qui a trait à la déclaration de copropriété, analyse-t-il. Cette modification au bail ne contrevient pas expressément à la clause de la déclaration, qui se limite à interdire les baux de moins de douze mois. Un débat intéressant est donc à prévoir là-dessus, conclut-il.
Ancien étudiant de l’Université de Montréal, Me Nikolas Blanchette a été admis au Barreau en 2006. Chez Fasken Martineau depuis 2008, il se spécialise en litige immobilier et contractuel.
Avocat
il y a 8 ans«D'après Me Fiset, l'argument selon lequel le bail est à usage commercial sera rejeté. Ce qui importe, c'est la véritable utilisation du logement, explique-t-il en se basant sur l'arrêt Kilzi de la Cour d'appel. Le bail est ici loué à une entreprise qui a comme activité commerciale de le mettre à la disposition de personnes pour y habiter. Au final, il servira donc de résidence et cela ne devrait donc pas faire obstacle au bail.»
Et voilà.
Ça illustre la compétence des avocats.
Anonyme
il y a 8 ans"Ça illustre la compétence des avocats."
Possiblement que le syndic va limiter leur droit d'exercise, parce que ça se fait pour les incompétents, même ceux qui parlent avec la science infuse et qui prennent les gens de haut, n'est-ce pas?
Avocat
il y a 8 ans"Or, selon Me Fiset, cette modification ne tient pas la route. Selon lui, cela revient à faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement, puisqu'on sait bien que de toute façon, le locataire n'a pas l'intention de rester plus de trois mois. À son avis, il est donc probable que la cour ne tiendrait pas compte de cet argument."
Je ne suis pas d'accord. En matière résidentielle, le locateur bénéficie d'une garantie de revenu pour tout le terme du bail en rendant le locataire responsable pour l'entiereté du terme. Toutefois, si le locateur décide de renoncer à cette protection conférée par loi en accordant le droit d'une résiliation hâtive sans pénalité, rien ne l'en empêche.
Or, tant que la clause de résiliation unilatérale n'a pas été exercée par le locataire, par avis émanant de celui-ci, on ne peut strictement rien conclure quant à son «intention» au moment de la signature.
Un tel bail est parfaitement conforme à la lettre du règlement de copropriété. Est-il conforme à son esprit? À mon avis oui parce qu'aucune des parties devant l'instance ne peut faire la preuve de façon convaincainte d'une date de départ, le locataire n'ayant pas exercé son option.
Avocat
il y a 8 ansLe Syndic n'a aucun pouvoir pour limiter le droit de pratique.
Seulement le Conseil de discipline peut le faire.
Montrez-nous la décision dont vous parlez, qui le fait.