Le parcours du combattant d’une avocate
Sonia Semere
2024-06-10 15:00:44
Des obstacles, cette avocate en a affronté avant de lancer sa carrière à Montréal. Récit…
Redémarrer sa carrière à zéro dans une autre province? C’est le défi que s’est donné Me Barbara Bedont.
À Droit-inc, l’avocate qui a ouvert son cabinet en droit criminel, en février 2024, à deux pas du Palais de justice de Montréal confie vouloir être « une source d'inspiration pour d'autres femmes et hommes susceptibles d'être confrontés à l'âgisme et à d’autres défis».
Pour cause, âgée de 55 ans, venue tout droit de Toronto et devant lutter contre un cancer du sein, l’avocate a dû affronter de nombreux obstacles pour faire carrière à Montréal.
Il faut dire que depuis ses débuts en tant qu’avocate, Me Bedont aime se lancer des défis périlleux.
Elle a notamment travaillé dans le domaine du droit international. Dans les années 90, elle rejoint à New York, une coalition de femmes avocates.
Ces dernières étaient impliquées dans des négociations pour la Cour pénale internationale. Leur objectif : intégrer les crimes de violences sexuelles dans la compétence de la cour.
« C'était un véritable défi, parce qu'en ce temps-là, ce type de crime n’était pas considéré comme vraiment important ».
S’adapter à une autre province
Après un passage à Budapest puis à Florence et un bref retour en Ontario, Me Bedont s’installe au Québec. Ce qui l’a mené vers la province ? L’amour, tout simplement.
Mais en quittant sa province d’origine, elle ne s’imaginait pas devoir tout réapprendre.
En effet, pour passer le Barreau du Québec, outre l’apprentissage de la langue française, Me Bedont a très vite réalisé qu’elle devait, avant tout, s’adapter à une tout autre culture.
L’examen en lui-même démontre les différences notables. « Pour m’y préparer, j’ai vraiment dû changer toute ma mentalité, ma façon de penser », assure l’avocate.
Au Québec, une seule réponse est possible par question contrairement à l’Ontario où les réponses peuvent être multiples, ce qui, selon elle, amène « une tout autre réflexion ».
Me Bedont affirme que le Barreau de Québec est très procédural. « Il y a une culture plus réglementée que dans les autres provinces ».
«J'étais surprise parce qu'ici, on doit être en toge tout le temps, que ce soit pour les audiences, pour toute requête, pour les procès…».
L’avocate ajoute que la culture québécoise fait que les collègues sont parfois plus importants que les clients.
En Ontario, même si le client ne suit pas les conseils de son avocat, ce dernier doit être prêt à l’accepter et à continuer de gérer le dossier.
Selon elle, c’est tout le contraire au Québec. Les avocats seront prêts à se retirer du dossier si le client ne suit pas les conseils donnés.
«Il y a cette idée que les clients viennent et repartent alors que les collègues sont permanents». Privilégier les relations avec la communauté juridique s’avère ainsi primordial.
Cette solidarité entre avocats au Québec amène son lot d'avantages.
«Les gens s’entraident vraiment. Les avocats avec de l’expérience veulent aider les plus jeunes», assure l’avocate.
Celle qui s’est spécialisée en droit criminel dessert une variété de clients, certains font face à des accusations de vols, d’autres d'agressions. Elle défend également des militants et activistes dans tous les domaines.
L’avocate nous confie que son domaine de pratique se révèle très complexe au Québec.
Comprendre le fonctionnement du DPCP a notamment demandé un travail laborieux. Elle compare l’organisme à « une toile d'araignée » dans la mesure où « il n’est pas toujours évident de savoir avec qui communiquer lorsqu’on a une requête ».
Dans le futur, l’avocate aimerait encourager le Barreau de Québec à davantage accompagner les avocats venant des autres provinces. Pour le moment, des formations payantes sont accessibles en ligne.
C’est déjà bien mais pas suffisant, assure Me Bedont. « Il y a des moments où j’aurais aimé avoir une personne face à moi à qui poser des questions »
Avec du recul, quels conseils donnerait-elle aux personnes qui se trouveraient dans la même situation qu’elle?
« Si vous connaissez des avocats, ne vous gênez pas pour leur demander des conseils », confie-t-elle, d’emblée.
Et surtout : exercez-vous autant que possible. « Après chaque examen, on a le droit de constater nos réponses. Même si j'avais réussi, j'ai utilisé cette opportunité pour apprendre comment écrire justement et voir ce que le Barreau recherchait exactement ».
« Et puis, il ne faut pas trop se stresser, ne pas avoir peur de se tromper et être patient avec soi-même ».
Me(e)
il y a 5 moisJe vous félicite consoeur, vous êtes très inspirante!