Du prétoire aux micros

Céline Gobert
2015-05-04 15:00:00

À Midi libre, il parle d’environnement, de développement durable, d’économie sociale et de justice participative. Dans Droit de cité, en partenariat avec le Barreau du Québec et la clinique juridique Juripop, il tend le micro aux jeunes dans des débats tels pour ou contre la souveraineté canadienne en Arctique ? Ou pour ou contre une équipe de baseball à Montréal ?
Droit-inc: Vous avez fait votre stage en 2010 au contentieux de la Société Automobile du Québec (SAAQ), puis après plus rien. Est-ce que ça vous a dégoûté du droit ?
Me Jean-Luc Bouchard : (rires) Non, pas du tout. Mon plan B, c’était le droit. Le plan A était de m’essayer dans le milieu journalistique. Une fois embarqué dans le processus typique de l’étudiant en droit, je me suis dit autant passer l’étape du stage, obligatoire avant l’assermentation. J’ai défendu la SAAQ et j’ai ai fait une centaine de « mini procès » de dix minutes, assez pour voir la « vibe » d’une plaidoirie et de la Cour.
Les grands cabinets, cela ne vous tentait pas ?
Lors de la course aux stages, j’ai eu des entrevues mais pas d’embauche. Avec le recul, je comprends pourquoi. Je n’ai pas la personnalité, il me manquait peut-être l’approche client… Je n’étais pas un bon « fit » et ils ont sûrement bien vu ! (rires) Je ne me verrai pas dans un grand cabinet.
De quelles façons le droit vous sert-il dans votre carrière de journaliste à la radio ?

Pourquoi est-ce important pour vous de rester membre du Barreau malgré tout ?
Le titre pourrait servir à m’ouvrir certaines portes dans un métier aussi compétitif et précaire que celui de journaliste. On nous attribue certaines qualités en tant que membre du Barreau : rigueur, ponctualité, à jour dans ses dossiers… Je suis pas mal sûr qu’à compétences égales le « Me » va passer en premier.
C’est quoi une journée-type dans la peau de directeur d’information à CIBL ?
Je m’occupe de deux émissions : Midi Libre et Droit de cité. La direction de la salle de presse est un peu particulière puisque je suis le seul employé. On fonctionne avec des bénévoles ou stagiaires. Mon rôle est celui d’un gestionnaire formateur. Je supervise les journalistes qui partent couvrir des conférences de presse ou faire des reportages. J’effectue aussi de la planification, de l’évaluation, il y a aussi un côté RH…
Qu’est-ce que vous avez trouvé dans votre carrière de journaliste que vous n’auriez pas trouvé dans une carrière en droit ?
J’ai ouvert les yeux sur une panoplie de sujets dans lesquels je me serais moins impliqué, et pour lesquels je me serais senti moins concerné comme le développement durable dont je ne connaissais que le nom avant ma première émission sur le sujet. Souvent, l’avocat a un client à satisfaire. Les dossiers en général, sont moins « sociétaux ». J’ai plus de liberté d’action… et aussi une part de créativité ! Un reportage est une mini oeuvre…
Avez-vous eu des mentors dans le milieu juridique qui vous ont inspiré ?

Est-ce que vous voyez encore des anciens de l’UQAM qui sont devenus avocats ?
Oui je reviens d’un chalet avec mon ancienne gang de l’UQAM, on était quinze ! Presque tous mes amis sont avocats ou notaires, je suis encore dans le bain (rires) ! Mon copain, c’est Me Sébastien Beaulieu, avocat au bureau du commissaire à la lutte contre la corruption à l’UPAC. Parmi les amis que je côtoie encore, il y a Me Louis Frédéric Prévost est procureur aux poursuites criminelles et pénales au gouvernement, et Me Manuel Klein de la Direction générale des affaires juridiques et législatives.
Est-ce que vous les enviez quand ils parlent de leur quotidien ?
Pas vraiment… Quand on se parle du quotidien, de la réalité de la cour, de celle du bureau, ça ne me manque pas du tout ! Je suis pas mal certain que là où je suis, je ne reviendrais pas à la pratique du droit. Je n’ai pas l’impression de manquer quoi que ce soit.