La feuille de route de Mélanie Joly

Agence Qmi
2015-11-18 11:15:00

À titre de ministre du Patrimoine canadien, vous êtes responsable de Radio-Canada. Le gouvernement Harper a sabré le budget de la société d’État de 115 M$, est-ce que vous allez infirmer cette décision ?
C’est effectivement dans ma lettre de mandat de réinvestir 150 M$ dans Radio-Canada. Mais là on est en 2015, alors je veux m’assurer d’appuyer Radio-Canada dans son virage numérique et de pouvoir investir dans les créateurs de contenu pour prendre leur place sur le web.
Il y a de la très bonne télé et radio qui est faite, mais ces deux services peuvent aussi rayonner sur le web. Ce serait une erreur de penser que le monde n’a pas changé vers le numérique. Il y a un changement générationnel et d’industrie importante, et il ne faut pas jouer à l’autruche, donc il faut épouser cette opportunité pour faire rayonner le contenu québécois et canadien.
Est-ce que vous allez exiger des changements à la société en échange du financement ?
Je veux revoir le processus de nomination des gens au conseil d’administration et à la direction.
Est-ce que ça veut dire que vous voulez changer la direction de Radio-Canada ? Est-ce que vous êtes satisfaite du PDG Hubert Lacroix ?
Ça fait neuf jours que je suis en poste, alors j’aurai l’occasion de rencontrer les dirigeants. Mais une chose certaine est que le processus de nomination va être révisé pour y amener plus de transparence et moins de partisanerie.
On a d’ailleurs beaucoup parlé de coupes budgétaires en culture lors des années Harper. Qu’est-ce que vous allez faire pour redorer l’image du Canada dans ces domaines ?
On a promis en campagne électorale de réinvestir dans l’Office national du film, dans Téléfilm Canada et dans le Conseil des arts du Canada, dont on veut doubler les investissements. La seule chose est que je ne voudrais pas que cet argent serve à créer plus de bureaucratie. Je veux m’assurer qu’elle aille vraiment aux créateurs et que leurs créations rayonnent sur le web.
Vous parlez souvent du virage web. Trouvez-vous que les organismes culturels et artistiques ont pris du retard et doivent entrer dans le 21e siècle ?
Je pense que c’est le défi à travers le monde des industries de s’adapter aux changements de consommation des citoyens. Dans ces circonstances, il faut qu’on puisse développer une réponse à la réalité numérique et, présentement, c’est un défi.
Vous avez souvent dit que vous saviez dès un jeune âge que vous feriez un jour carrière en politique. Est-ce que vous vous voyiez un jour ministre au gouvernement fédéral ?
J’étais convaincue que dans ma trentaine et quarantaine, je serais en politique municipale. C’est ce qui m’intéressait beaucoup et ça me facilitait dans la conciliation travail-famille.
Mais quand je n’ai pas été élue comme conseillère municipale ou comme mairesse et qu’il n’y a pas eu d’élection partielle, alors je me suis dit que j’allais essayer de gagner une nomination et une élection fédérale.
Votre récente campagne fédérale a-t-elle été différente de votre campagne municipale en 2013 ?
La campagne municipale m’a appris à faire face aux vilains journalistes, à la critique et à être assez forte psychologiquement. J’ai failli y laisser ma peau. Ultimement, ça m’a bien préparé à la nomination fédérale qui a été extrêmement exigeante. Il y avait une dimension identitaire liée aux différentes communautés culturelles dans Ahuntsic-Cartierville avec laquelle j’ai dû composer et qui m’a rendue plus forte.
Après les élections, les Libéraux avaient un caucus formé de 27 % de femmes. Plusieurs personnes ont estimé que l’engagement d’avoir un cabinet paritaire hommes-femmes vous avait favorisée pour obtenir un poste de ministre. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que je suis très fière de faire partie d’un cabinet paritaire. Il y a d’extraordinaires personnes autour de la table et vous pourrez le voir au cours des prochaines années. Je suis très fière d’avoir eu la chance d’avoir été nommée ministre du Patrimoine.