La magistrature en deuil

Agence Qmi
2015-06-17 09:22:00

Jusqu’à la mi-avril, il siégeait encore à la Cour supérieure, comme juge surnuméraire, une tâche à temps partiel pour laquelle il travaillait pratiquement à temps plein. Ses collègues n’avaient pas remarqué de signes de maladie.
Ils racontent qu’il continuait de s’enquérir de ses dossiers à partir de son lit d’hôpital et qu’il s’attendait à revenir au travail. Il a rendu l’âme à la suite de complications.
Il a été nommé à la Cour supérieure en 1995 et occupait depuis plus de dix ans le poste de responsable des causes de longue durée pour la région de la capitale nationale.
En 2005, le juge Alain a condamné l’animateur de radio Jeff Fillion, alors à Radio X, à verser 340 000 dollars en dommages et intérêts à l’animatrice de télé Sophie Chiasson, montant qui avait été réduit à 300 000 dollars en appel.
Jeff Fillion avait dit que la grosseur de son cerveau était inversement proportionnelle à la grosseur de ses seins, et avait sous-entendu qu’elle s’était servie de ses charmes pour percer dans les médias.
Le juge n’y était pas allé de main morte : « Les propos visant Mme Chiasson sont sexistes, haineux, malicieux, non fondés, blessants et injurieux. Ils portent atteinte à la dignité, à l’honneur et à l’intégrité de l’être humain en général et de Mme Chiasson en particulier.»
Le montant qu’il avait accordé à Mme Chiasson était bien au-delà de ce qui prévalait dans la jurisprudence à l’époque.
Il avait aussi présidé la cause du directeur général de la Ville de Saguenay, Bertrand Girard, pour un congédiement illégal. Le juge lui avait octroyé une somme de 583 000 dollars en 2009.
Le juge Alain avait aussi obligé Abitibi-Consolidated à verser plus de 14 millions dollars à quelque 350 victimes du déluge du Saguenay, à la suite d’un recours collectif.
En état d’ébriété
Il avait aussi fait parler de lui après avoir été arrêté en état d’ébriété sur le boulevard Champlain, à Québec, en 2006.
Dans les bureaux de la Cour supérieure à Québec, on n’hésite pas à parler d’un « pilier » et d’une « très lourde perte ». Le juge Alain était « l’un de nos meilleurs soldats », dit une collègue. Il avait notamment contribué à la réforme qui a permis de rattraper les importants retards qu’accusait la Cour supérieure dans les causes longues.
Ceux qui le connaissent au palais de justice de Québec sont nombreux, mardi, à se présenter à son bureau pour offrir leurs sympathies.