Mes priorités parmi les urgences

Au début des années 80, on considérait la conciliation travail‐famille comme un problème spécifiquement féminin. Bien que les temps aient changé depuis, je me rappelle avoir fait face à cette réalité à maintes reprises au moment où j’étais jeune maman.

Pour moi, la vie de famille voulait dire qu’il était normal de me rendre compte, une fois arrivée au bureau, que mes pantalons étaient maquillés d’une substance provenant du déjeuner de ma fille.

Nombre de parents de jeunes enfants vous diront que performer au travail, peut s’avérer difficile surtout après une nuit blanche provoquée par la maladie de l’un d’eux. Plusieurs investiront dans les crèmes et les cache-cernes tandis que d’autres profiteront de l’heure du lunch pour faire une sieste. Cette dernière solution me fut bénéfique à maintes occasions, jusqu’au jour où une de mes collègues me délogea du pays des rêves!

Dans une étude menée par Enquête sociale générale, concilier la vie familiale et le travail se manifeste aussi par un degré élevé de stress relié, entre autres, au sentiment de manquer de temps, que l’on soit en couple ou en situation de monoparentalité.

Ce sentiment de manque de temps était si présent dans mon esprit que tout dossier atterrissant sur mon bureau obtenait un traitement prioritaire. Conséquemment, il devenait laborieux de différencier une urgence d’une priorité ou une priorité parmi les urgences... En y repensant, je crois bien avoir défoncé le budget du bureau en Post-it! Le soir, l’écoute d’une cassette de relaxation devenait pour ainsi dire indispensable pour un retour aux forces.

Un tel traitement prioritaire faisait partie intégrante de ma vie de tous les jours. C’était le marathon de l’horloge. Comme plusieurs dans ma situation, j’avais la mauvaise manie de communiquer mon stress à mon enfant. C’est ainsi qu’un certain soir en revenant du bureau, je dis à ma fille qu’on devait se dépêcher pour se rendre à la pharmacie avant sa fermeture. Elle acquiesça et, d’un ton presque dramatique, ajouta : « surtout qu’elle est ouverte seulement 7 jours.» L’horloge s’arrêta quelques instants... Quelle bouffée d’air frais! Comment ne pas décompresser avec une telle réplique?

Je suis certaine que vous aussi avez une perle d’enfant à nous raconter. Faites que l’horloge s’arrête encore une fois afin que nous puissions faire le plein d’énergie pour nos prochains défis !


Sur l'auteure:
Julie Tondreau est directrice de la formation, auteure et éditrice juridique de Confections juridiques M.T. Auparavant, elle a été secrétaire juridique pendant 11 ans.