Coups de cœur en import privé

Un salon regroupant de petits vignerons qui, pour différentes raisons, souvent aussi banales qu’une production trop confidentielle, ou pour des raisons philosophiques, ne trouvent pas leur place sur les tablettes de notre monopole d’État.

Ce sont souvent des vins qui ne se contentent pas d’être bons, mais qui sont aussi un mode d’expression, une façon pour les vignerons de faire voir leur coin de pays au monde entier. Évidemment, tous ne sont pas remarquables. Mais j’ai goûté là peu de mauvais vins.

Contrairement à une croyance encore tenace, l’importation privée est un mode d’achat simple, pour le public autant que pour les restaurateurs. Il suffit de contacter l’agence importatrice du produit désiré, et celui-ci vous fera parvenir vos caisses, car il faut en privé acheter à la caisse de six ou douze, selon les produits, à travers le réseau de la SAQ.

Trêve d’explications techniques, passons aux vins. Je n’ai évidemment pas pu goûter tous les 500 vins présentés, dont une très grande majorité étaient savoureux. Mais j’ai sélectionné deux très beaux produits, un blanc et un rouge qui par leur caractère unique détourneront votre attention des tracas quotidiens de la Cour ou feront un tabac dans un souper avec vos associés ou clients!

Domaine Turner-Pageot

Vous aimez le sauvignon blanc? Moi, pas souvent. Et pourtant, cette cuvée «La Rupture» m’a renversé par son excentricité et son côté atypique. Le domaine Turner-Pageot est un petit domaine travaillant en biodynamie à Gabian en Languedoc, en France.

Emmanuel Pageot pratique des vinifications créatives qui détonnent de tout ce que l’on connaît. Ainsi, ce sauvignon blanc, loin de son fief en cette latitude sudiste, fermente sur ses peaux. Comme un rouge. Ce qui mène à un constat étonnant : ce vin blanc est quasiment tannique. Une caractéristique propre au rouge. Bref, à l’aveugle, jamais on ne devinerait de quel cépage est composé ce vin. La robe est d’un jaune paille bien soutenu, et le nez exubérant. Sans même y avoir goûté, on sait qu’il s’agira d’un vin très minéral tant il sent la pierre à fusil, avec un petit côté toasté et même des parfums plus subtils d’orange confite.

En bouche, il est puissant, minéral, un peu mielleux même, et épicé. Un brin vanillé, résultat de l’élevage en barrique. Un vin hors norme, inclassable, mais surtout, délicieux. À boire avec des poissons goûteux en sauce ou du homard.

Domaine Turner-Pageot http://www.turnerpageot.com/ , «La Rupture», Gabian en Languedoc, 2009, 33 $ (caisse de six), disponible à l’agence Raisonnance. http://www.raisonnance.net .


Cascina Roera

Ce petit domaine de sept hectares en pleine zone d’appellation Barbera d’Asti, dans le Piémont italien, produit des vins issus d’agriculture biologique d’une grande élégance et tout en délicatesse. La cuvée San Martino 2006 est issue de jeunes vignes de barbera.

Difficile à décrire ce vin. Titrant à 15 % d’alcool, on s’attend aisément à une bombe puissante faite de fruit confit. Et non pourtant. Présentant des arômes fruits noirs acidulés, d’olive et de fines herbes, il présente en bouche une agréable fraîcheur. Il y a beaucoup de fruit, mais un fruit qui n’est pas confit, pas lourd.

La forte teneur en alcool ne nous frappe pas du tout. Les tanins sont soutenus sans être rudes. Remarquablement équilibré donc, et très digeste. Une très belle réussite pour accompagner une cuisine italienne relevée dans laquelle olives et tomates sont à l’honneur.

Cascina Roera http://www.cascinaroera.com , «San Martino», Barbera d’Asti 2006, 30 $ (caisse de six), disponible à l’agence Glou a http://labellebouteille.ca/contact-2/