Départ du juge en chef Rolland : motifs et réactions

Emeline Magnier
2015-02-12 15:00:00

C'est le passage du temps qui l'a décidé à raccrocher sa toge aux revers rouges. « On ne peut pas rester pour toujours, il faut laisser la place à d'autres », a-t-il indiqué en entrevue avec Droit-inc.
Avec l'entrée en vigueur en janvier prochain du Nouveau Code de procédure civile, il s'agit selon lui d'une occasion unique pour permettre l'arrivée d'une nouvelle équipe. « Nous avons mis en place de nouvelles pratiques, d'autres auront certainement d'autres idées.»
S'il ne « pense pas » prendre part à la rentrée judiciaire prochaine en tant que juge, il n'a pas l'intention de cesser ses activités pour autant. « Je suis encore jeune et j'ai envie de continuer à m'amuser », lance celui qui a été nommé juge à la Cour supérieure le 9 mai 1996.

Membre du Barreau du Québec depuis 1975, rappelons que le juge en chef Rolland a été associé principal du cabinet Martineau Walker, devenu Fasken Martineau en 2000.
Le magistrat souligne qu'il a apprécié chaque jour passé à occuper ses fonctions. « Je garderai le souvenir d'une équipe de travail merveilleuse, de personnes douées qui ont su évoluer dans des situations qui sont parfois difficiles.»
Une longévité exceptionnelle

« Il a fait un travail remarquable avec une longévité exceptionnelle dans une position complexe et exigeante », souligne Me André Ryan, associé et membre du groupe litige commercial chez BCF.
Il retiendra du juge en chef Rolland son dévouement pour améliorer l'accès à la cour du justiciable et son implication dans l'établissement du Nouveau Code de procédure civile reposant sur la mise en place d'une justice participative et la responsabilisation des plaideurs.
Me Ryan rappelle également que le juge en chef n'a pas hésité à se saisir lui-même des « dossiers chauds » relatifs à la grève étudiante et aux demandes d'injonctions visant à ordonner la reprise des cours.

« Il peut quitter avec le sentiment du devoir accompli », souligne pour sa part Me Jean Bertrand, l'associé directeur du bureau montréalais de Norton Rose Fulbright.

« Il laisse à la personne qui lui succédera une Cour compétente, polyvalente, forte et unie », commente Me Chantal Chatelain, l'associée responsable du bureau montréalais de Langlois Kronström Desjardins. Elle rappelle que le juge Rolland militait déjà pour l'amélioration du système de justice quand il présidait l'Association du jeune Barreau de Montréal en 1981-1982. « Il manquera certainement à l'ensemble de la communauté juridique », conclut-elle.