La fille d’Amir Khadir veut devenir avocate

Agence Qmi
2014-12-05 15:31:00

La jeune femme, qui étudie en droit social à l’UQAM, espère donc que sa participation active lors des événements du printemps 2012 ne porte pas ombrage à son rêve de devenir avocate, même si les crimes pour lesquels elle avait plaidé coupable sont graves.
Et elle a même obtenu le soutien du maire de l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, qui « n’hésiterait pas à suggérer sa candidature à l’arrondissement ».
« Les méfaits qui lui sont reprochés ne sont pas des exutoires à une colère (...) ou a une nature délinquante, mais bien le résultat d’un mauvais dosage entre ses idéaux, sa juste révolte devant l’injustice et le choix des moyens pour faire avancer la société », a-t-il écrit dans une lettre déposée devant le tribunal.
Saccage
Tout avait commencé le 16 février 2012, au Cégep du Vieux-Montréal. Ce soir-là, l’accusée avait commis un méfait sur une machine distributrice d’une valeur de 3000 dollars. En avril, elle avait pris part au saccage de l’Université de Montréal. Elle s’était caché le visage avant d’obstruer la vue.
Et le lendemain, elle avait participé au saccage des bureaux de comté de la ministre de l’Éducation de l’époque, Line Beauchamp.
« Des vitres et des portes ont été brisées, il y a eu un saccage du mobilier, ils étaient entre 50 et 60 personnes, toutes cagoulées », a rappelé Me Martin Chalifour de la Couronne. Et lors d’une perquisition à son domicile, les policiers avaient trouvé de nombreux tracts appelant à « l’action directe » avec « férocité » et « destruction ».
« La rage est notre meilleure arme », disait l’un des documents saisis, tandis qu’un autre expliquait comment se couvrir pour se garder « hors de la cage des flics ». Selon la Couronne, Machouf-Khadir devrait avoir un dossier criminel. Il a suggéré au juge Jean-Pierre Boyer une sentence suspendue assortie de 240 heures de travaux communautaires.
Brillante
Du côté de la défense, Me Pierre Poupart a lu plusieurs lettres de soutien à sa cliente, dont une d’une analyste de l’Agence spatiale canadienne. Et elles sont toutes élogieuses, décrivant Machouf-Khadir comme une jeune femme brillante.
L’accusée a elle aussi écrit une lettre à la cour.
« Bien que les objectifs de cette grève étaient nobles, j’ai posé, durant certaines actions, des gestes ayant causé du tort à de tierces personnes, a-t-elle lu. Cela me peine, car je n’ai en aucun cas voulu m’attaquer à l’intégrité morale et physique de quiconque.» Mais avec le temps, elle a « pris conscience » que des personnes s’étaient senties menacées par ce qu’elle qualifie « d’incidents ».
« Les moyens que j’ai utilisés et pour lesquels j’ai plaidé coupable ne devraient pas être utilisés dans le cadre d’une société démocratique », a-t-elle entre autres ajouté. Le juge Boyer rendra sa décision en février.
Le député de Québec Solidaire Amir Khadir était présent à la cour pour soutenir sa fille, mais il n’a pas souhaité commenter.