Affaire KPMG: un juge se récuse !
Radio -Canada
2017-03-14 12:09:00
Jusqu’à la semaine dernière, le juge Bocock gérait la seule cause devant la Cour de l’impôt concernant le stratagème mis au point par KPMG qui consistait à permettre à des gens d’affaires canadiens de cacher des actifs derrière une société de l’île de Man, un paradis fiscal situé entre l’Irlande et l’Angleterre.
Les autorités fiscales ont imposé 6 millions de dollars en pénalités à une famille de Victoria, les Cooper, qui a fait appel de cette décision devant le tribunal.
Lors du congrès de l’Association de fiscalité internationale à Madrid en septembre dernier, le juge Bocock a assisté à une soirée privée sur une des terrasses les plus exclusives de la capitale espagnole. Les caméras de Radio-Canada l’ont filmé à sa sortie.
Ce cocktail privé était entièrement payé par Dentons, anciennement Fraser Milner, le cabinet d’avocats qui a fourni à KPMG un avis juridique validant son stratagème de l’île de Man en 1999. Selon l’Agence du revenu du Canada, ce stratagème visait à tromper le fisc.
« Même si on peut croire que le juge n’a eu aucune conversation dans ce cocktail [...], il ne doit pas se placer dans une situation où il risque d’être soumis à une influence ou même à une apparence d’influence », dit André Lareau, professeur en fiscalité à l’Université Laval.
La semaine dernière, le Conseil canadien de la magistrature a déposé une plainte contre le juge Bocock et deux autres juges canadiens dans la foulée du reportage d’Enquête.
« Dans les trois cas, il y aura un examen du Conseil sur les allégations ou la possibilité d’inconduite de la part de ces juges », a mentionné le directeur général du Conseil, Norman Sabourin.
Apparence de justice
Dans un document déposé en cour pour expliquer sa décision, le juge Bocock estime que l’enquête du Conseil canadien de la magistrature est suffisante pour qu’il se récuse. Il dit qu’il n’était pas au courant que le cabinet Dentons était lié à l’affaire KPMG.
« Ma conjointe et moi avons brièvement assisté à la réception qui était ouverte à tous les participants du congrès et à leurs invités », écrit-il. « J’étais conscient de tous ces faits mais j’ignorais que Fraser Milner (maintenant Dentons) était cité en référence dans les causes. »
Pourtant, le lien entre Dentons et l’affaire KPMG n’était pas un secret.
Le juge Bocock ajoute qu’il est non seulement important que justice se fasse, mais aussi qu’il y ait apparence de justice. « Bien que je n’aie pas eu encore à rendre de décisions relatives à ces causes, je pourrais être appelé à le faire à l’avenir. C’est une autre raison pour laquelle je me récuse», a dit le juge Randall Bocock.
C’est le juge en chef de la Cour de l’impôt, Eugene Rossiter, qui nommera un remplaçant au juge Bocock dans ce dossier. Or, le juge Rossiter fait lui-même l’objet d’une plainte du Conseil concernant des propos controversés qu’il a tenus au sujet de la participation de la magistrature à des soirées cocktail.
« Je peux vous dire qu’après que j’ai vu les reportages à Radio-Canada, j’ai décidé d’instituer une plainte, comme il est de mon devoir, en vertu de nos procédures, contre le juge en chef Rossiter et le juge Bocock », a mentionné Norman Sabourin.
Lors d’une conférence sur la fiscalité à Calgary en novembre dernier, loin de condamner la pratique, le juge en chef Rossiter l’a même encouragée. Il a dit qu’il allait lui-même continuer à assister à des réceptions. « Nous mangerons de la pizza. Nous boirons du vin et nous en boirons beaucoup », a-t-il affirmé, suivi d’applaudissements.
Avant la diffusion du reportage, le juge en chef avait déclaré à CBC/Radio-Canada que « le juge Bocock ne s’est pas placé en situation de conflit d’intérêts en assistant brièvement à une réception ouverte à tous les participants de la conférence ».
Anonymous
il y a 7 ansWitch trials? Stalin denunciations? Other accusatory practices, anyone? Off to get my name removed from Dentons - Fasten - Lavery - Stikes - BLG - WLG invite lists lest imbibing with fellow lawyers get me on the journalist blacklist.
Case Management
il y a 7 ansIl s'est récusé comme juge de gestion d'instance (un autre juge présidera l'audience au fond).
Très difficile de voir comment, en cette qualité, il aurait pu se mettre en conflit en allant au cocktail d'un bureau qui ne porte plus le même nom que celui qui avait écrit une opinion dont l'importance est douteuse dans une des affaires KPMG.
Le lien est ténu, disons. Sans oublier qu'aucune personne raisonnable (excluant donc les journalistes Zalac et Cashore) en viendrait à la conclusion qu'un juge peut être acheté avec un peu de piquette et de la pizza.
Anonyme
il y a 7 ansT'as rien compris.
J'espère pour tes clienst qu'ils bénéficient de meilleurs jugement et compétence juridique.