Justice et Autochtones : entre méfiance et incompréhension

Radio -Canada
2016-08-01 07:00:00

La plupart des parents ne savent pas comment s'exprimer parce qu'il y a des mots très, très techniques et souvent ils ne comprennent pas », explique Ginette Wabanonik, l'une des organisatrices de la manifestation, qui constate que de nombreuses familles se trouvent démunies devant la complexité du système judiciaire.
Selon Ginette Wabanonik de la communauté de Lac-Simon, les jeunes parents ne connaissent pas la plupart du temps leurs droits et sont très vulnérables, et à la cour, ils sont très faciles à rabaisser.
Méfiance envers le système
La présidente de Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel, constate que les Autochtones entretiennent de la méfiance envers le système judiciaire. Elle estime que les réalités autochtones sont parfois mal interprétées et incomprises.
« Chez nous, on a une certaine liberté avec les enfants, nous, on est à l'intérieur, mais on a toujours un oeil sur l'enfant. L'enfant est dehors, c'est correct pour nous. C'est normal, on vit dans une communauté, on s'entre-protège entre nous », dit-elle à titre d'exemple.
Elle ajoute qu'il existe des accompagnateurs dans certaines communautés autochtones, mais que leur existence dépend du degré de prise en charge des services sociaux par les communautés.
Accompagner les Autochtones dans le système
Le bâtonnier de l'Abitibi-Témiscamingue, Marc Lemay, abonde dans le même sens. Selon l'avocat, beaucoup d'Autochtones hésitent à consulter un avocat, même s'il estime qu'ils devraient le faire. « Ce qu'ils ne devraient pas faire, c'est-à-dire ne jamais, jamais hésiter, étant donné qu'ils reçoivent une procédure qui est difficile à comprendre parce qu'il y a beaucoup de pages et [que] ça dit des choses qu'on ne comprend pas trop », exprime-t-il.
Marc Lemay répète que toute personne a le droit d'obtenir un traducteur dans sa langue d'origine. Il ajoute que les juges doivent s'assurer que les accusés et les victimes comprennent bien les étapes du processus judiciaire.
Quant aux droits de l'enfant, le directeur de la protection de la jeunesse, Philippe Gagné, a mentionné lors d'une rencontre tenue avec les médias, mercredi, que « les Algonquins sont la seule nation au Québec qui n'assume pas une forme de responsabilité dans la dispensation des services en protection de la jeunesse », précisant être en consultation à ce sujet, notamment avec la communauté de Lac-Simon.
« Des travaux sont en cours. Je suis un partisan de l'autodétermination des peuples, je l'ai annoncé au Conseil de bande, explique Philippe Gagné, le directeur de la protection de la jeunesse. Quand les communautés vont estimer qu'elles ont l'organisation des services requise pour assumer une telle responsabilité, nous allons transférer une part de mes responsabilités dans les communautés.»
Services parajudiciaires autochtones
Mentionnons par ailleurs que les services parajudiciaires autochtones du Québec offrent un soutien pour les familles autochtones aux prises avec la justice. Par contre, ils offrent avant tout des services liés au domaine criminel. Deux conseillères parajudiciaires offrent ce service sur le territoire de l'Abitibi-Témiscamingue, à Val-d'Or et à Timiskaming.
Anonyme
il y a 8 ansIl est important que comprendre que le système judiciaire « blanc » viole, sous plusieurs aspects, des principes fondamentaux de la culture de la plupart des peuples amérindiens qui prônent une réponse communautaire, plutôt que l’intervention d’un tiers externe à la communauté, aux « crimes » et aux litiges.
Ainsi, dans la culture amérindienne, il revient aux personnes concernées (au sens le plus large du terme), ainsi qu’aux sages d’une communauté, de prendre les actions qui s’imposent afin de corriger les gestes allant à l’encontre des intérêts de la communauté (dont ceux que l’on qualifie de « crimes » dans la justice des « Blancs ») et de trouver ensemble une solution aux litiges et aux différends au sein d’une communauté.
Il n’est donc pas du tout surprenant que les Autochtones manifestent de l’incompréhension et de la méfiance envers système de judiciaire qui leur est imposé par les « Blancs ».
De façon intéressante, dans son évolution récente, notamment avec le développement des modes non judiciaires de règlement des différends (autant dans la justice pénale que dans la justice civile), la justice « blanche » se rapproche progressivement des modes traditionnels autochtones.
Souhaitons que, Blancs et Autochtones, réussirons ensemble à apprendre les uns des autres afin de bénéficier d’un meilleur système de justice pour toutes et tous.
Jean
Jean H. Gagnon
il y a 8 ansCe texte n'est pas anonyme, mais j'ai tout simplement oublié de m'y identifier.
C'est maintenant fait.
Bonne journée et bonne semaine.
Jean
Anonyme
il y a 8 ans"Ainsi, dans la culture amérindienne, il revient aux personnes concernées (au sens le plus large du terme), ainsi qu’aux sages d’une communauté, de prendre les actions qui s’imposent afin de corriger les gestes allant à l’encontre des intérêts de la communauté (dont ceux que l’on qualifie de « crimes » dans la justice des « Blancs »)"
Sa Majestée la Reine (sous les traits de ses représentants), ça ne fait pas la job à titre de personne concernée (au sens le plus large du terme), et figure de "sage" (une vieille femme sur les billets de 20$, ça se rapproche davantage de la sagesse que de la jeunesse insouciante, non?).
Métis "par la fesse gauche"
il y a 8 ansComme probablement 90% des québecois de souches, je suppose que je peux revendiquer un statu d'indien (peut être pas au sens de la loi, mais au sens biologique...).